Création et respect de l'oeuvre
FranceMusiques signale que "la Cour d'appel de Paris a estimé que l'opéra Dialogues des Carmélites a été dénaturé par la mise en scène du russe Dmitri Tcherniakov. Une décision de justice rare qui pose la question du respect des œuvres et surtout de la liberté de création. Jusqu'où peut aller un metteur en scène dans l'appropriation d'une oeuvre ? C'est le débat qu'ouvre cet arrêt de la Cour d'appel de Paris rendu le 13 octobre dernier." La production des Dialogues des carmélites dont il est question a été montée en 2010 à l'Opéra d'Etat de Bavière (Munich) et mise en scène par Dmitri Tcherniakov. A l'époque, quelques critiques s'étaient indignés de la vision de l'oeuvre proposée par le metteur en scène russe. Deux ans plus tard, la commercialisation du DVD a décidé les ayants droit de Georges Bernanos et de Francis Poulenc à porter plainte : pour eux, l'oeuvre est dénaturée par Tcherniakov.
Les Dialogues des carmélites se déroulent pendant la Révolution française, autour du personnage de Blanche de la Force, une jeune femme qui décide d'entrer au couvent. Sous le régime de la Terreur, les religieuses refusent de renier leur foi et sont condamnées à mort par un tribunal révolutionnaire. L'oeuvre trouve son point d'orgue dans le final puissant : en chantant le Salve Regina, les soeurs montent une à une à l'échafaud et sont guillotinées. Blanche -qui se pose des questions sur sa foi- les rejoint finalement et est exécutée à son tour. C'est justement cette fin modifiée par Tcherniakov qui a fait bondir les ayants droit : le metteur en scène a effacé la quasi-totalité des références religieuses de l'oeuvre sans qu'un seul mot du livret ne soit modifié. Une réinterprétation qui ne passe pas pour Gilles Bernanos, petit-fils de Georges Bernanos et administrateur de l'oeuvre de son grand père : "Dans cette mise en scène, Blanche de la Force, plutôt que d'assumer le sacrifice de sa vie, devient une héroïne en sauvant une à une ses soeurs qui sont enfermées dans une baraque truffée de bouteilles de gaz. Après les avoir toutes sauvées, la baraque explose et elle meurt par accident. Ca n'a rien à voir avec le sens de l'oeuvre originale. Ce qui est grave, c'est qu'avec la captation éditée en DVD, la mise en scène est désormais gravée dans le marbre. Et actuellement si vous souhaitez acheter l'oeuvre sur internet, c'est ce DVD-là qui vous est proposé en premier.
Ce dernier argument est contesté par France-Musiques qui a fait la recherche par Google.