Gabriel Fauré, 100 ans

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Gabriel Fauré, né le 12 mai 1845 à Pamiers (Ariège) et mort le 4 novembre 1924 à Paris, est un pianiste, organiste et compositeur français.

Élève de Saint-Saëns et de Gustave Lefèvre à l’École Niedermeyer de Paris, il est d'abord maître de chapelle de l'église de la Madeleine à Paris. Il en assure plus tard les fonctions d'organiste, titulaire du grand orgue. Il est ensuite nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris, puis directeur de l’établissement de 1905 à 1920.

Il est l’un des plus grands compositeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècles.

Gabriel Fauré est le fils de Toussaint-Honoré Fauré, instituteur à Pamiers, puis directeur de l’école normale d'instituteurs de Foix à Montgauzy, et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène-Laprade. Il est placé chez une nourrice puis, en 1854, il quitte la maison familiale de Foix (Ariège), et part pour Paris étudier à l’École Niedermeyer, école de musique classique et religieuse qui formait alors des organistes d’église, des chefs de chœur et des maîtres de chapelle. Il y étudie onze années et y obtient un 1er grand prix de piano, un 1er grand prix de composition et un 2e grand prix d'harmonie. Plusieurs musiciens de premier plan, dont Camille Saint-Saëns qui lui présente la musique des compositeurs contemporains de l’époque (Robert Schumann, Franz Liszt) et son directeur Gustave Lefèvre, seront ses maîtres. Il est d'abord organiste de l'église Saint-Sauveur de Rennes à partir de 1865.

En 1870, Fauré s’engage dans l’armée et prend part aux combats pour lever le siège de Paris lors de la Guerre franco-prussienne. Pendant la Commune de Paris, il demeure à Rambouillet et en Suisse où il enseigne à l’École Niedermeyer qui y avait été déplacée. Il retourne à Paris en octobre 1871 et tient l'orgue de chœur à l’église Saint-Sulpice tout en participant régulièrement au salon de Saint-Saëns et de la célèbre chanteuse Pauline Garcia-Viardot. Il y rencontre les principaux musiciens parisiens de l’époque et forme avec eux la Société nationale de musique.

En 1874, Fauré arrête de travailler à Saint-Sulpice et remplace Saint-Saëns, qui est souvent absent, à l’église de la Madeleine. Quand Théodore Dubois devient titulaire du grand orgue en 1877, Fauré devient maître de chapelle (maître du chœur, qu'il dirige). À la même époque, il se fiance avec Marianne Viardot, la fille de Pauline, mais ces fiançailles sont rompues par Marianne à la fin octobre. Malheureux, il voyage à Weimar où il rencontre Liszt, et à Cologne pour y assister aux productions de L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner. Si Fauré admire Wagner, il est néanmoins l'un des rares compositeurs de sa génération à ne pas tomber sous son influence.

Pendant sa jeunesse, Fauré était très heureux, mais la rupture de ses fiançailles, et ce qu’il perçoit comme un manque de reconnaissance musicale le mènent à la dépression, qu’il qualifie de «spleen».

En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet (1856-1926)3, fille du sculpteur Emmanuel Frémiet, avec qui il a deux fils. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il assure les services quotidiens à l’église de la Madeleine et donne des leçons de piano et d’harmonie. C’est seulement l’été qu’il a le temps de composer. Il tire peu d’argent de ses compositions. Durant cette période, il écrit plusieurs œuvres importantes, de nombreuses pièces pour piano et des mélodies, mais les détruit pour la plupart après quelques présentations et n’en retient que quelques éléments pour en réutiliser les motifs. L'Élégie est interprétée par Jules Loeb le jour de ses 38 ans, à la Société nationale de musique de Paris.

En 1885, il est lauréat du prix Chartier de l'Académie des beaux-arts qui couronne sa production de musique de chambre.

En 1886, il fait la connaissance de la Comtesse Greffulhe par l'intermédiaire de Robert de Montesquiou. Dès lors, celle-ci lui apporte un soutien actif. Elle l'associe à la création de la Société des grandes auditions musicales, en 1890. Elle fait jouer ses œuvres et l'invite régulièrement en villégiature à Dieppe. Il l'appelle «Madame ma Fée», «mon roi de Bavière», et l'initie à la musique de Wagner. Il lui dédie sa Pavane, véritable «portrait musical» et lui en offre la partition. La chance lui sourit enfin. Dans les années 1890, il voyage à Venise où il rencontre des amis et écrit plusieurs œuvres. En 1892, il devient inspecteur des conservatoires de musique en province, ce qui signifie qu’il n’a plus à enseigner à des jeunes garçons ou à des adolescents. Cette même année, il fait la rencontre d'Emma Bardac, qui deviendra l'épouse de Claude Debussy en 1908. Gabriel Fauré et Emma Bardac entament une liaison, dont résulte la suite Dolly dédiée à Hélène Bardac, dont le surnom était Dolly, ainsi que La Bonne Chanson, d'après l'œuvre éponyme de Paul Verlaine, qu'il dédie directement à Emma Bardac.

En 1896, il est nommé organiste en chef à l’église de la Madeleine et succède à Jules Massenet comme professeur de composition au Conservatoire de Paris. Il enseigne alors à de grands compositeurs comme Georges Enesco et Maurice Ravel, ou encore à Nadia Boulanger. Sa situation financière s'améliore et sa réputation de compositeur s’affirme. En 1899, vraisemblablement dans le projet d'écrire Prométhée pour le théâtre des Arènes, sûrement à Béziers pour appréhender les conditions de représentation des œuvres, Gabriel Fauré seconde Camille Saint-Saëns pour la reprise de Déjanire (créée en 1898) et sera appelé à diriger la seconde représentation de 1899.

De 1903 à 1921, Fauré est critique au Figaro. En 1905, il succède à Théodore Dubois comme directeur du Conservatoire de Paris. Aussitôt, il procède à de nombreux changements, rétablit la discipline et apporte plus de sérieux à un enseignement qui avait beaucoup vieilli. Cette attitude intransigeante lui est d’ailleurs reprochée.

Dans le même temps, Fauré doit faire face, à partir de 1903, à une surdité presque totale. Il entend les graves mais est sourd aux aigus, handicap qui pourtant n’entrave en rien sa carrière.

Fauré est élu à l’Institut de France en 1909. La Comtesse Greffulhe a soutenu activement sa candidature et il l'en remercie avec émotion : « Merci d’avoir fait tinter mon nom dans toutes ces vénérables oreilles ! […] Et moi qui croyais vous aimer autant que je puis aimer ! Et il faut que je vous aime encore davantage ! Je vais sécher !!! » Il rompt alors avec la vieille Société nationale de musique.

Sa responsabilité au Conservatoire et sa perte d’audition amènent Fauré à réduire grandement sa production. Claire Croiza rapporte : « Fauré était un vivant métronome. C’était d’autant plus frappant à la fin de sa vie, quand il était devenu sourd. Avant, il était galant homme, il aimait les jolies femmes, il faisait quelques concessions. Mais à la fin de sa vie, quand il n’entendait plus, il allait son chemin, impeccablement, sans se douter que la chanteuse avait quelquefois deux ou trois mesures d’écart avec lui, parce qu’elle ralentissait tandis que lui restait fidèle au mouvement. »
Proche du jeune Jean Wiener, il invite le jeune homme à entrer au conservatoire. Pendant la Première Guerre mondiale, il reste en France.

En 1920, à 75 ans, il prend sa retraite du Conservatoire. Il reçoit la même année la grand-croix de la Légion d'honneur, une distinction encore rare pour un musicien. Sa santé est devenue fragile, en partie en raison d’une consommation excessive de tabac. Malgré cela, il reste à l’écoute des jeunes compositeurs, en particulier les membres du groupe des Six.

Gabriel Fauré meurt de pneumonie à Paris le 4 novembre 1924. Des funérailles nationales ont lieu à l’église de la Madeleine. Une plaque commémorative est posée sur sa maison au 32 rue des Vignes (16e arrondissement de Paris), où il vécut de 1911 jusqu'à son décès.

 

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