George Ivanovich Gurdjieff, 75 ans

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Georges Gurdjieff ou Georges Ivanovitch Gurdjieff ou G. I. Gurdjieff1, dont les dates de naissance sont diverses ( ou 1872, ou ) est né à Alexandropol (auj. Gyumri), en Arménie -alors dans l'Empire russe- et mort à Paris le .
Gurdjieff est un mystique, philosophe, professeur spirituel et compositeur influent de la première moitié du xxe siècle. Il pensait que la plupart des humains, ne possédant pas une conscience unifiée esprit-émotion-corps, vivent leur vie dans un état hypnotique de « sommeil éveillé » mais qu'il est possible de passer à un état supérieur de conscience et d'atteindre le plein potentiel humain.

Gurdjieff a élaboré une méthode pour atteindre ce potentiel qu'il a nommée Le travail (sur soi) ou la méthode. Afin d'éveiller sa conscience, cette méthode unit les techniques du fakir, du moine et du yogi : il l'appela la Quatrième voie.

Né d'un père grec et d'une mère arménienne, aîné d'une famille de trois enfants, Gurdjieff passe son enfance et sa jeunesse dans la région de Kars, alors russe. D'abord aisée, sa famille est ruinée pendant sa petite enfance3, contraignant son père à quitter Alexandropol pour exercer le métier de menuisier à Kars. Il y suit des études à l'école grecque puis au collège russe. Sa famille veut le voir étudier en vue de la prêtrise orthodoxe, il entre donc ensuite au séminaire.

Son père, qui exerce une activité de barde, a une grande influence sur Gurdjieff, notamment en lui contant longuement les légendes anciennes, telle celle de Gilgamesh, et en lui inculquant des notions de spiritualité et des considérations sur la vie qui se retrouveront par la suite dans son enseignement.

Néanmoins, les propres intérêts de Gurdjieff le portent vers l’étude de la science et de la technologie. Un prêtre local lui aurait alors suggéré de suivre à la fois le séminaire et des études médicales afin de pouvoir « guérir à la fois l’âme et le corps ».

Georges Ivanovitch Gurdjieff rejette finalement tout ce qui précède du fait de sa fascination pour l’occultisme. L’astrologie, la télépathie, le spiritisme et les tables tournantes, la divination et la possession démoniaque, tout cela accapare son intérêt de jeune homme. Il refuse d'écouter les avertissements de son prêtre à ce sujet et juge les explications de la science peu satisfaisantes. Dans les dernières années de son adolescence, il commence donc à étudier ces « sciences » occultes, à voyager à travers l’Asie centrale, le bassin méditerranéen, l’Égypte, le Tibet et l’Inde. L’objet spécifique de sa recherche est l’école ésotérique Sarmouni, prétendument fondée à Babylone aux alentours de 2500 avant JC. Après l'avoir découverte dans un ancien livre arménien, il se serait senti attiré par cette école.

D'après son propre témoignage, Gurdjieff se prend lui-même en charge tout au long de cette aventure spirituelle avec des affaires légitimes (par exemple la vente de tapis) et des entreprises fantaisistes (comme la coloration de moineaux avec de l’aniline, qu’il vendait en les qualifiant de « canaris américains »).

Georges Ivanovitch raconte que, lors d'un voyage en Afghanistan vers 1897, un derviche l'aurait présenté à un vieil homme de la secte Sarmouni, but de sa quête. Ce dernier aurait organisé une expédition pour mener Gurdjieff au monastère Sarmouni dans le centre du Turkestan où il aurait appris leur danse mystique, leurs pouvoirs psychiques, et l’ennéagramme. Ce symbole est pour les Sarmounis un important moyen de divination ainsi qu’un schéma des processus vitaux (transformation personnelle, etc.). Ils l’utiliseraient également comme symbole des états conscients et inconscients des êtres humains, thème repris par l’enseignement spirituel de Gurdjieff quand il fondera sa propre école pour atteindre l’illumination.

Après avoir quitté le monastère Sarmouni, Gurdjieff aurait formé un groupe, les Chercheurs de Vérité, avec ses compagnons dans la quête de l’illumination et de la (pleine) conscience. Ils se seraient rendus au Tibet pour prendre contact avec le cercle intime « éveillé » de l’humanité et apprendre la sagesse des tulkus, les lamas tibétains (moines) réincarnés. Plus tard, Gurdjieff se serait faufilé à l’intérieur de la Mecque et de Médine, les centres de l’Islam, sans réussir à y trouver la vérité intérieure. Puis il se serait rendu à Boukhara où vivrait le groupe de soufis Bahaudin Naqshbandi.

Ces soufis Naqshbandi (également appelés les Khwajagan ou « Maîtres de Sagesse ») prétendraient être la « Fraternité du Monde », composée de toutes les nationalités et religions, enseignant que « tous étaient unis par le Dieu de la Vérité ». Les Naqshbandis posséderaient une légende sur un cercle intérieur d’humanité composé d'un réseau de personnes très évoluées ayant des connaissances particulières. Ces dernières auraient veillé sur la race humaine et dirigé le cours de son histoire.

Les Naqshbandis croyaient aussi en une hiérarchie spirituelle perpétuelle dirigée par le Kutb i Zaman ou « Pôle du Temps », un esprit personnel recevant les révélations directes du dessein divin. Cet esprit transmet soi-disant ces révélations à l’homme par l’intermédiaire d’autres esprits appelés Abdal ou « les Transformés ». Pour Gurdjieff et ses disciples, ces esprits, « essences démiurgiques » d’un niveau supérieur à l’homme, sont responsables du maintien et de l’évolution de l’harmonie planétaire, bien que leur action ne soit pas forcément propice à la libération des individus. En dépit de leur hostilité potentielle, Gurdjieff et ses partisans maintenaient le contact avec ces esprits.

L'existence de Gurdjieff jusqu’à sa quarantième année relève du mythe invérifiable. On sait seulement de manière certaine qu’il s’installe en 1912 à Moscou (au 9, boulevard de la Nativité) comme marchand de tapis orientaux et qu’il commence à grouper autour de lui des disciples recrutés dans les milieux occultistes, notamment théosophes. Ces disciples se structurent en Institut pour le développement harmonique de l’homme. Toutefois, Moscou devient vite un lieu qui ne convient pas à un millionnaire ; aussi retourne-t-il en Arménie en 1915. L’arrivée des bolcheviks en Arménie signifie l’exil pour un capitaliste peu fréquentable tel que Gurdjieff, qui déménage successivement à Constantinople, Berlin, Dresde, et enfin, en 1922, à Avon (France) où il ouvre à nouveau son Institut, puis Paris, au 6, rue des Colonels-Renard.

À Paris, et dans la succursale de New York de l’Institut, qui ouvre en 1924, il enseigne un « christianisme ésotérique » avec un programme pour aider les élèves à atteindre les plus hauts niveaux de conscience. Sa doctrine d’inspiration soufie/gnostique englobe la croyance que chacun dispose de trois centres personnels : le mental, situé dans la tête (le chemin), l’émotionnel situé dans le cœur (oth), et le physique situé dans le ventre (kath). Une première cause pour les gens d'être spirituellement « endormis » ou « mécaniques » serait le déséquilibre de ces trois centres au sein de chaque personne. Ses danses soufies et ses autres exercices sont conçus pour rétablir l’équilibre de ces trois centres et amener la personne au plus près d’un état spirituel alerte.

Il meurt à 82 ans à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Il est enterré au cimetière d'Avon, en Seine-et-Marne.

Beaucoup de groupes Gurdjieff se forment après sa mort, tels les centres Gurdjieff-Ouspensky, le « Fellowship of Friends » de Robert Burton, le Théâtre de Toutes les Possibilités, et l’Institut pour le développement harmonique de l'homme. On peut citer aussi la formation Arica (du nom d’une ville située dans le nord du Chili), un programme de « potentiel humain » fondé par Oscar Ichazo impliqué surtout dans la propagation de l’ennéagramme.

Son œuvre est également diffusée par des disciples tels qu'Henri Tracol, Véra Daumal, femme de René Daumal, ou Jeanne de Salzmann, l’épouse du peintre Alexandre de Salzmann.

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