Johann Adolf Hasse, 240 ans

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Le compositeur allemand de musique baroque Johann Adolf Hasse est né à Bergedorf le 23 mars 1699 et mort à Venise le 16 décembre 1783. Il est considéré comme l'un des maîtres de l'opera seria italien au XVIIIe siècle.

Né près de Hambourg, il reçut sa première formation musicale de son père, organiste de l'église de Bergedorf. Comme il avait une jolie voix de ténor, il choisit la carrière lyrique et entra dans la compagnie d'opéra du Gänsemarkt dirigée par Reinhard Keiser, celle-là même où Georg Friedrich Haendel avait joué en tant que second violon quelques années auparavant. Sa réussite le fit remarquer pour être engagé par le théâtre de la Cour de Brunswick-Lunebourg et ce fut là qu'en 1723 il commença sa carrière de compositeur d'opéras avec sa première œuvre intitulée Antigonus.

Actif pendant près d'un demi-siècle dans les Cours (Dresde et Vienne) et les principaux théâtres commerciaux italiens de son temps, Hasse eut l'occasion de composer pour la plupart des interprètes les plus fameux de la période. Son épouse, Faustina Bordoni, fut, aux dires unanimes des critiques de l'époque (et parmi eux Charles Burney) l'une des meilleures chanteuses de cette époque. Elle chante pour la première fois dans un opéra de Hasse en mai 1730 dans la favola pastorale Dalisa, et épouse le compositeur en juillet 1730. Elle interprète par la suite régulièrement les rôles de prima donna dans les opéras de son mari jusqu'au Ciro riconosciuto (1751), puis se retire de la scène. Désignée, selon les usages de l'époque, comme soprano, Faustina possédait en réalité une voix de mezzo-soprano. La relation entre le compositeur et la cantatrice fascine encore au XIXe siècle, comme en témoignent par exemple les Mémoires d'Hector Berlioz. Wilhelm Heinrich Riehl va jusqu'à dresser un parallèle entre le style vocal de Faustina et l'écriture de Hasse : tous deux auraient imposé des limites à leur propre art pour parvenir à l'excellence en se restreignant à un nombre réduit de choix esthétiques.

Si Faustina Bordoni est l'une des principales interprètes des œuvres de son mari, c'est à sa rivale de Londres, la soprano Francesca Cuzzoni, qu'il revient de créer le rôle de Mandane dans l'Artaserse vénitien de février 1730, puis, la même année, le rôle de Fulvia dans l'Ezio napolitain. Parmi les autres cantatrices qui tinrent dans les opéras de Hasse des rôles de premier plan, on peut citer la contralto Vittoria Tesi, la soprano Regina Mingotti, élève de Porpora et rivale de Faustina Bordoni à Dresde, la soprano Teresa Albuzzi-Todeschini, qui crée la plupart des opéras que Hasse compose à Dresde dans les années 1750, notamment Solimano (1753).

Hasse semble avoir été l'un des compositeurs favoris du célèbre castrat Farinelli, pour lequel il écrit le rôle de Cléopâtre dans sa première œuvre importante, la sérénade Marc'Antonio e Cleopatra (Naples, 1725) et surtout le rôle d'Arbace dans Artaserse (Venise, 1730). C'est de cet opéra qu'est extraite l'aria pathétique « Per questo dolce amplesso » que Farinelli interpréta par la suite régulièrement à Madrid. Cependant, en raison du retrait précoce du castrat des scènes italiennes, les rôles écrits par Hasse pour Farinelli sont peu nombreux. Hasse écrivit ainsi plus régulièrement pour le castrat Carestini qu'il appréciait particulièrement. On peut citer notamment la participation du castrat au Tito Vespasiano (Pesaro, 1735), à la Semiramide riconosciuta (Venise, 1744), au Leucippo (Hubertusburg, 1747), au Demofoonte (Dresde, 1748). Hasse composa également pour Gaetano Caffarelli (Siroe, Re di Persia, Bologne, 1733). À Dresde, Hasse écrivit régulièrement pour les castrats Domenico Annibali, Ventura Rocchetti et Angelo Monticelli et pour le ténor Angelo Amorevoli.

De manière générale, Hasse, chanteur lui-même, semble avoir été particulièrement apprécié de ses interprètes, même s'il semble avoir eu l'habitude de toujours livrer aux chanteurs leurs airs au dernier moment afin de n'avoir pas à les réviser en fonction de leurs exigences.

 

 

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