Josef Tal, 15 ans

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Le compositeur israélien Josef Tal est né à Pniewy (actuellement Grande-Pologne) le  Jérusalem, .

Peu après sa naissance, sa famille (ses parents, Ottilie et Julius Grünthal1, et sa sœur aînée Grete) ont emménagé à Berlin où la famille gérait un orphelinat privé. Rabbi Julius Grünthal était chargé de cours au Hochschule für die Wissenschaft des Judentums, (Institut des hautes études juives) spécialisé en philologie des langues anciennes.

Tal est admis à la Staatliche Akademische Hochschule für Musik à Berlin et étudie avec Max Trapp (piano et composition), Heinz Tiessen (théorie), Max Saal (harpe), Curt Sachs (instrumentation), Fritz Flemming (hautbois), Georg Schünemann (histoire de la musique), Charlotte Pfeffer et Siegfried Borris (formation à l’écoute), Siegfried Ochs (chant choral), Leonid Kreutzer (technique pianistique) et Julius Prüwer (direction d’orchestre). Paul Hindemith, son professeur de théorie et composition, le présenta à Friedrich Trautwein qui dirigeait un studio de musique électronique dans les sous-sols de ce bâtiment. Tal acheva ses études à l’académie en 1931, et épousa la danseuse Rosie Löwenthal un an plus tard. Il travailla en donnant des cours de piano, en accompagnant des danseurs et chanteurs, et fit de l’accompagnement musical pour films muets.

Les lois du parti nazi anti-juifs firent perdre à Tal son travail et il se mit à étudier la photographie avec Schule Reimann, dans l’intention d’acquérir un savoir professionnel qui lui permettrait d’obtenir un certificat d’émigration pour la Palestine.

]En 1934, la famille émigra en Palestine, avec leur jeune fils Re’uven..Tal travailla quelque temps comme photographe à Haïfa et Hadera. Puis la famille s’installa au Kibboutz Beït-Alfa, et plus tard au Kibboutz Gesher où Tal envisageait de se consacrer à sa musique.

Face aux difficultés à s’adapter à la nouvelle réalité sociale du Kibboutz, la famille s’installa à Jérusalem où Tal put se créer un réseau professionnel et social. Il joua en tant que pianiste, donna des leçons de piano, et joua occasionnellement de la harpe avec le tout nouvel Orchestre de la Palestine. En 1937, le couple divorça.

Tal accepta l’invitation d’Emil Hauser d’enseigner le piano, la théorie et la composition au Conservatoire de la Palestine et, en 1948, il fut nommé directeur de l’Académie de musique et de danse de Jérusalem, poste qu’il conserva jusqu’en 1952. En 1940, il épousa la sculptrice Pola Pfeffer.

En 1951, Tal fut nommé conférencier à l’Université hébraïque de Jérusalem, où il créa en 1961 le Centre de musique électronique d’Israël. Il rédigea des articles académiques, écrivant de nombreux articles pour l’Encyclopédie hébraïque.
En 1965, il fut nommé doyen des professeurs, puis Président du Département de musicologie de l’Université, poste qu’il conserva jusqu’en 1971. Parmi ses nombreux élèves, on trouve les compositeurs Ben-Zion Orgad, Robert Starer, Naomi Shemer, Jacob Gilboa, Yehuda Sharett, le musicologue Michal Smoira-Cohn, le violoncelliste Uzi Wiesel et la soprano Hilde Zadek.

Tal fut un auteur prolifique et un conférencier avide. Il représenta Israël aux conférences de la Société Internationale de Musique Contemporaine et pour d’autres événements musicaux, assistant à de nombreuses conférences professionnelles à travers le monde. Il était membre de l’Académie des Arts de Berlin (Akademie der Künste) et un membre de l’Institut d’Études Supérieures de Berlin (Wissenschaftskolleg zu Berlin).

Jusqu’à la soixantaine, Tal s’est produit comme pianiste et chef d’orchestre avec divers orchestres, mais sa plus grande contribution à la musique réside dans ses œuvres provocatrices et l’utilisation d’une sonorité originale dans la musique vocale, instrumentale et électronique. Dans les années 1990, Tal a dirigé un projet de recherches visant à développer un système original de notation musicale, en coopération avec l’Institut de technologie Technion-Israël et la Volswagenstiftung. Pendant ces années, sa vue s’est détériorée et il est devenu progressivement de plus en plus difficile pour lui de composer. Utilisant un écran d’ordinateur pour grossir les partitions, il parvient à composer de courtes œuvres pour quelques instruments, écrivit sa 3e autobiographie, et acheva son analyse visionnaire sur la musique du futur.

Josef Tal est inhumé dans le Kibboutz Ma’ale HaHamisha, près de Jérusalem. Ses archives personnelles ont été léguées et sont conservées à la Bibliothèque Nationale d’Israël de Jérusalem. La quasi-totalité de ses œuvres a été publiée par l’Institut de Musique d’Israël (IMI).

Le style de Tal est représentatif de ses origines européennes. Il n’a pas été affecté par les tendances dominantes de la musique israélienne des années 1940 et 1950, lesquelles étaient largement basées sur le folklore juif d’Israël, ou les traditions musicales du Moyent-Orient. À première vue, l’œuvre de Tal présente des caractéristiques de la musique atonale, mais malgré ce trait dominant, on peut observer des développements significatifs et des changements dans son style de composition au fil des années.

L’œuvre de Tal est largement influencée par la Bible, et les événements de l’histoire juive. Beaucoup de ses œuvres des années 1950 incorporent des techniques et des motifs de musique traditionnelle, et même lorsqu’il cite un thème, il le modifie d’une façon particulière qui éclipse sa nature tonale originale. Quand il emprunte une mélodie traditionnelle à la communauté juive babylonienne comme base de sa 1e Symphonie, il ne le fait que pour stimuler son imagination créatrice, en écartant toute démonstration à connotation nationale. Tal mêle les matériaux sonores sans compromettre ses principes stylistiques, qui ont été largement influencés par Arnold Schönberg.

Beaucoup ont vu dans l’Enfant terrible de Tal une « musique «israélienne». À la suite de la première, le 27 août 1962 du Concerto n° 4 pour piano et électronique, le critique et éditeur Herzl Rosenblum employa les mots de « terreur », « cacophonie » et dictature minoritaire »…

Audacieux dans ses idées originales, et foncièrement anti-conformiste, Tal n’a jamais suivi les tendances de la mode en musique, ni infléchi ses principes face aux dictats extra-musicaux.

 

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