La Zarzuela reprend sa place
Le Teatro de la Zarzuela a battu le record d'abonnés depuis sa dernière saison consacrée à l'opéra, la saison 97-98, il y a 25 ans.
Au début de la vente des billets pour la prochaine saison, 2023-2024, un total de 2 662 abonnements ont été achetés, soit 790 de plus que la saison dernière, atteignant ainsi le chiffre le plus élevé depuis cette date.
Les chiffres ont également augmenté pour la vente libre de billets : le premier jour, 6 200 billets ont été achetés. À ce jour, le nombre total de billets vendus pour la prochaine saison s'élève à 29 832, un record absolu qui n'a rien à voir avec les précédents et qui démontre le poids artistique et social que le genre et son théâtre ont acquis au cours de ces dernières années.
L’histoire de la zarzuela est intimement liée au Madrid des traditions. La ville a été le berceau et l'inspiration de nombreuses œuvres de ce genre qui reflétaient la réalité sociale aux XVIIIe et XIXe siècles.
La zarzuela, un genre comparable à l’opéra, peut être décrite comme une pièce de théâtre avec des passages musicalisés. Parmi ses personnages caractéristiques, on peut citer les chulos (des individus des classes populaires de Madrid au comportement insolent et hautain qui s’habillent avec une certaine recherche), les ratas (voleurs), les nourrices ou la police.
Son origine remonte au XVIIe siècle lorsque le Palais de la Zarzuela devint un lieu de réunion des gens de la Cour avec les artistes de la ville. Les fêtes qui y étaient organisées favorisèrent l’apparition de la zarzuela, le genre lyrique espagnol par excellence.
Certaines études considèrent l’écrivain Pedro Calderón de la Barca comme le premier auteur de livrets de zarzuelas, avec des œuvres telles que La púrpura de la rosa ou El laurel de Apolo.
La zarzuela a connu des périodes de splendeur et de déclin. Avec l’arrivée des Bourbons à la Couronne espagnole en 1700, à cause de la méconnaissance de la langue, la zarzuela tomba en désuétude au détriment des genres italianisants. Néanmoins, Ramón de la Cruzre donna tout son éclat à la zarzuela durant la moitié du XVIIIe siècle grâce à des œuvres comme Las segadoras de Vallecas ou El Licenciado de Farfulla qui montraient le quotidien de la société de l’époque. Cependant, à sa mort, la zarzuela fut remplacée par la tonadilla (opéra-comique léger).
Il fallut attendre jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle pour que la zarzuela atteigne son apogée grâce à des œuvres de Mariano Pina, Joaquín Gaztambide, Francisco Asenjo Barbieri ou Emilio Arrieta qui étaient jouées en avant-première dans les théâtres de la Comedia et dans le théâtre del Drama.
Le théâtre de la Zarzuela fut inauguré en 1856 dans la rue Jovellanos ; là étaient jouées des œuvres qui avaient pour thème le désaveu populaire envers les ministres italiens de l’époque (comme c’est le cas dans El barberillo de Lavapiés).