Le retour du vynile se confirme

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Chaque année, au moment de la publication des chiffres de ventes, on en reparle : le disque vinyle fait son grand retour. Après sa quasi disparition avec l'avènement de la musique dématérialisée, popularisée par le mauvais format MP3, ce support grignote à nouveau de l'espace dans les rayons des disquaires. Ce que l'on annonçait comme un phénomène de mode est devenu, au fil des ans, un élément majeur capable de rendre le sourire aux maisons de disques. Car le bel objet se vend bien, et il se vend cher : en moyenne une vingtaine d'euros pour un album. Certains se négocient à la moitié de ce prix mais d'autres atteignent sans vergogne les 35 euros. Sans parler de l'achat de la platine équipée d'un port USB ou de capacités Bluetooth : deux et trois cents euros pour de la qualité.
En 2016, on a vendu plus de 267 000 disques vinyles en Belgique, soit six fois plus qu'en 2010. Chaque année, les ventes augmentent car le son du 33 tours serait plus original, plus chaud que celui de la musique numérique. Pourtant, d'après le spécialiste Dan Lacksman, compositeur-ingénieur du son et membre fondateur du groupe Telex : "On ne peut pas dire que la qualité du son soit meilleure. Il est juste différent. Son rendu dépend de toute façon du master original. Beaucoup d'albums ne sont en fait que des gravures de CD, ce qui détériore encore la qualité."
De plus, le support vinyle est techniquement limité. Il devient presque impossible d'améliorer la qualité de gravure alors que les progrès du numérique ne font que s'accentuer. Si le CD est lui aussi figé par le format et les choix initiaux, la musique dématérialisée se convertit de plus en plus à la haute définition téléchargeable sur des sites spécialisés et destinée aux puristes de sons non compressés.
Le succès du disque vinyle est donc à chercher ailleurs que dans sa qualité sonore intrinsèque. Acheter un disque permet d'avoir à nouveau en main quelque chose de réel, que l'on peut offrir comme cadeau -au contraire d'un fichier MP3. On peut le manipuler, le contempler, s'extasier sur la beauté de la pochette et même prendre du plaisir à le retourner toutes les 20 minutes, durée maximale d'une face. Un parfum de nostalgie dont il faut prendre soin car il se détériore à l'écoute...
Preuve de ce nouvel engouement, une enseigne comme la FNAC propose une vingtaine de platines différentes contre à peine l'un ou l'autre lecteur de CD.
Egalement limité techniquement par rapport aux nouveaux fichiers haute définition, le CD sera peut-être le prochain à disparaître des rayons... Avant un éventuel retour dans trente ans !

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