Quand Montréal se cherche un chef
Depuis l'annonce du départ de Kent Nagano, l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) est à la recherche d'un nouveau directeur musical pour 2020.
Or, dans le monde de la musique classique, les agendas se remplissent trois ou quatre saisons à l’avance. Les prochains mois seront donc extrêmement importants pour l'OSM s'il veut un chef dès le début de la saison. Comment compte-t-il procéder ?
Christophe Huss, du quotidien Le Devoir, a rencontré à ce sujet Madeleine Careau, chef de la direction de l’OSM et porte-parole du comité qui lui a décrit le processus.
Le Comité de sélection, constitué cet été, s’est réuni pour la première fois le 21 septembre. Nous allons prendre le temps de choisir le bon candidat. Il vaut mieux passer un temps d’incertitude que cinq ans avec un mauvais candidat.
Placé sous la présidence de Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de l’Université McGill, le Comité est animé, à titre de conseiller principal, par Zarin Mehta, ancien directeur général de l’OSM et du Philharmonique de New York. Il comprend trois membres du CA de l’OSM (Madeleine Careau, Pierre Goulet et Nancy Rosenfeld), trois musiciens (Andrew Wan, Ali Yazdanfar et Todd Cope), ainsi que Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la musique à Paris, Alexander Neef, directeur général de la Canadian Opera Company à Toronto, Ara Guzelimian, ancien numéro 2 de Carnegie Hall et doyen de la Juilliard School, Richard Lupien, président de Pro Musica et Isabelle Panneton, doyenne de la Faculté de musique de l’Université de Montréal.
C'est avec cette configuration que le choix s'est porté sur Kent Nagano en 2002. Puisque la formule s'est avérée efficace, elle a été reconduite. Et grâce à Skype, les membres qui n'étaient pas à Montréal ont participé à la première réunion qui a duré trois heures.
Madeleine Careau poursuit : Zarin Mehta a établi une description de poste et dressé une liste de chefs correspondant à ce profil. Il a ensuite demandé à chaque membre du comité de donner des noms supplémentaires qui pourraient être des candidats intéressants.
Quant aux critères établis par le comité, Madeleine Careau est claire : Montréal cherche d'abord un excellent musicien. Encore faut-il que celui-ci ait un leadership affirmé, c’est-à-dire qu’il soit capable d’être en lien avec la communauté locale, nationale et internationale dans laquelle l’orchestre évolue et qu’il exprime son leadership face à plusieurs groupes de parties prenantes. Et enfin, l’orchestre appartenant au public et à sa communauté, le troisième critère est que s’il ne parle pas français, il l’apprenne dans les plus brefs délais [...]. Il y a une loi, la loi 101, qui dit que la langue de travail, c’est le français. Parler français à Montréal, c’est essentiel pour s’adresser au public, aux médias, à la communauté politique et des affaires. Parler français à Montréal, c’est obligatoire pour un leader.
Homme ou femme, le poste sera ouvert à tous et à toutes, l’OSM cherchant celui ou celle qui correspond le mieux à la description de poste, qui est le plus enthousiaste et aura la meilleure alchimie avec l’orchestre et la ville dans le cadre des défis nationaux et internationaux.
Interrogée sur le faible éventail de successeurs potentiels vus sur le podium en dix ans à Montréal, Madeleine Careau souligne que l’éventail n’était pas plus large en 2002 ; quand un poste s’ouvre, cela change le niveau d’intérêt des chefs convoités qui, d’un coup, souhaitent regarder le dossier de Montréal [...] Montréal est une ville attrayante pour un Européen. C’est une ville de savoir, une ville jeune, universitaire, de chercheurs, avec un public intéressant et sophistiqué. Et nous avons de bonnes conditions à offrir.
Le comité a discuté de chaque nom et convenu d’aboutir à une liste restreinte consensuelle le plus vite possible.
Zarin Mehta vérifiera alors la possibilité et l’intérêt de ces candidats à venir à Montréal et à remplir le mandat .
Après cette phase de vérification, le comité soumettra un choix de deux ou trois noms au comité exécutif de l’OSM.