Richard Strauss, 160 ans
Le compositeur et chef d'orchestre allemand Richard Georg Strauss est né le 11 juin 1864 à Munich et mort le 8 septembre 1949 à Garmisch-Partenkirchen.
Son père, Franz Strauss, premier corniste au théâtre de la Cour à Munich, enseigne à partir de 1871 à l'Académie de Musique et en 1873 est en poste comme musicien de la Chambre du roi de Bavière. Richard Strauss lui doit un contexte musical propice. Il reçoit ses premières leçons de piano en 1868 avec August Tombo. Avec son cousin Benno Walter, maître des concerts à la Cour de Bavière, il prend des cours de violon dès l'âge de six ans.
Il suit sa scolarité primaire de 1870 à 1874 et accompagne sa mère, Josephine Pschorr, aux concerts et spectacles d'opéra. Il entre au Lycée Ludwig de Munich en 1874 et dès 1875, il suit des cours de composition et d'instrumentation avec Fr. W. Meyer, chef d'orchestre à la Cour. Hermann Lévi, directeur l'Opéra de Munich, dirige en 1881 sa Symphonie en ré mineur. La même année il publie son premier opus, Festmarsch pour grand orchestre composée vers 1876.
Après l'obtention de son Baccalauréat (Abitur), il entre en 1882 à l'Université de Munich pour y suivre des études de philosophie, d'esthétique et d'histoire de l'art. La même année il assiste à une représentation de Parsifal à Bayreuth en compagnie de son père qui joue dans l'orchestre. Malgré l'aversion de ce dernier pour la musique de Wagner, Richard Strauss est attiré par cette musique.
En 1883, année anniversaire de la mort de Wagner, plusieurs de ses œuvres sont jouées, dont la Sonate pour violoncelle à Dresde et Berlin. En 1884, il dirige sa Suite pour vents à Munich et la Symphonie en fa mineur est donnée à New York.
Il rencontre le chef d'orchestre Hans von Bülow en 1884, qui fera beaucoup pour propager ses œuvres en public. Il dirige cette année-là sa Sérénade pour instruments à vent (opus 7) et l'invite l'année suivante à Meiningen au titre de second chef d'orchestre. À Meiningen, il fait la connaissance de Brahms et d'Alexandre Ritter, premier violon de l'orchestre qui lui ouvre les univers de Liszt et de Wagner.
Après le départ de Hans von Bülow de Meiningen, Richard Strauss est à partir du 1er novembre 1885, directeur de la musique de la Cour. Sa Sonate pour piano opus 13 reçoit un prix. Il abandonne ce poste en 1886.
Il effectue son premier voyage en Italie en 1886, obtient le poste de troisième chef d'orchestre à l'Opéra de Munich, fait un second voyage en Italie en 1887. Il compose ses premiers poèmes symphoniques : Aus Italien (opus 16) et Don Juan (opus 20) et rencontre la cantatrice Pauline de Ahna qu'il épousera.
Il est quelques temps assistant à l'Opéra de Bayreuth, puis il est nommé en automne 1889, sur l'intercession de Hans von Bülow, second chef d'orchestre au théâtre de la Cour. Il est de nouveau à Bayreuth comme chef de chant.
Suite à la maladie, il part en Grèce en 1892 pour se reposer, puis en 1893 voyage en Sicile et en Égypte. Il compose Guntram, son premier opéra qui est créé à Weimar en 1894, il se marie avec Pauline de Ahna le 10 septembre de la même année.
La même année il est nommé second chef d'orchestre à l'Opéra de Munich, puis en 1896 il succède à Lévi comme premier chef. Parallèlement, il succède à son protecteur Hans von Bülow à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Berlin. Il fait de nombreuses tournées en Europe, et met régulièrement ses œuvres au programme. Son fils Franz naît en 1897.
En 1898, il succède à Felix von Weingartner à la direction de l'Opéra de Berlin. En 1900, à Paris, il rencontre Hugo von Hofmannsthal qui sera le librettiste des plus grandes œuvres : Elektra, Le Chevalier à la Rose, Ariane à Naxos, La Femme sans ombre, Hélène d'Égypte, Arabella.
En 1901, Feuersnot est crée à Dresde par Ernst von Schuch, repris à Vienne en 1902 par Gustav Mahler ; Guntram à Weimar. En 1903, il est Docteur Honoris Causa de l'Université d'Heidelberg.
Il effectue, en 1904, une tournée de 35 concerts aux États-Unis d'Amérique avec son orchestre de Berlin, au cours de laquelle il donne la Symphonia Domestica (opus 53), qui clôt pratiquement le cycle de ses poèmes symphoniques, si on excepte l' Alpensymphonie de 1914. Il ne se consacre plus qu'aux opéras, et à des soirées de Lieder qu'il compose pour sa femme.
En 1905, il crée Salomé sur un texte d'Oscar Wilde à Dresde et publie dans sa propre révision et en allemand, le Grand Traité d'instrumentation de Berlioz.
En 1907 il s'installe à Vienne, où il dirige des concerts populaires.
Il accumule les fonctions. En 1908, il est nommé à la tête de la chapelle de la Cour de Berlin.
De 1917 à 1920, il donne des cours de composition à l'Académie des arts, continue les tournée avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin et crée une association de musiciens pour la protection de leurs droits d'auteur.
En 1917, il contribue avec Hofmannsthal à la création du festival de Salzbourg. Il prend en 1919 la co-direction de l'Opéra de Vienne aux côtés de Franz Schalk.
Richard Strauss et Franz Schalk.
Il abandonne toutes ses fonctions en 1924 pour se consacrer à la composition. Hofmannsthal meurt en 1929, laissant Strauss assez désemparé. Il fait alors appel à Stefan Zweig qui signe ne 1931 le livret de La Femme silencieuse.
Lorsque les nazis s'emparent du pouvoir en Allemagne, il accepte de diriger « La Chambre de musique du Reich », mais il ne partage pas l'idéologie raciste du régime.
Il remplace en 1933 Toscanini qui refuse de diriger à Bayreuth sous le régime nazi, comme il avait refusé de le faire sous le fascisme italien.
Il exige, en menaçant de scandale, que le nom de Stefan Zweig, qui est de confession juive, reste sur l'affiche de La Femme silencieuse. Goebbels obtient alors sa démission. « Premier musicien du pays » selon ses termes, il se compromet avec le régime, participant à des manifestation officielles, et enrichissant de sa renommée les images de propagande chères au régime.
Il compose l'Hymne Olympique pour les jeux de 1936. En 1940 il est au Japon pour fêter les 2600 ans de l'Empire.
Toutefois son attitude distante le rend suspect aux autorités, d'autant que sa belle-fille est originaire d'un milieu juif.
Après avoir été inquiété par les premiers procès de dénazification, en 1945, il se retire avec sa femme en Suisse. En 1949 il revient habiter sa villa de Garmisch.