Le lyrisme de Rachmaninov

par

Serge RACHMANINOV
(1873-1943)
Symphonie n° 2
Anatoly LIADOV
(1855-1914)
Le Lac enchanté
Bergen Philharmonic Orchestra, dir. : Andrew LITTON
DDD–2015–70’ 54’’–Textes de présentation en anglais, allemand et français–BIS 2071

De nos jours, Serge Rachmaninov est surtout connu pour ses œuvres pour piano, spécialement ses quatre concertos et sa Rhapsodie sur un thème de Paganini, qui ont, personne ne l’ignore, la cote d’amour dans la plupart des concours internationaux. C’est oublier qu’il a écrit plusieurs très beaux petits opéras en un acte, entre autres Le Chevalier avare et Francesca da Rimini, ainsi que trois symphonies. Boudées par certains des chefs les plus prestigieux du XXe siècle, comme Herbert von Karajan ou Leonard Bernstein, elles sont toutes les trois traversées par un souffle lyrique puissant et offrent des passages extraordinairement inspirés. Mais elles sont loin, il est vrai, d’être révolutionnaires, Serge Rachmaninov étant resté toute son existence durant un disciple, à la fois conscient et inconscient, de Piotr Tchaïkovski.
La très longue Symphonie n° 2 en mi mineur, créée par Serge Rachmaninov lui-même à Saint-Pétersbourg en 1908, est dirigée ici par l’Américain Andrew Litton à la tête du Bergen Philharmonic Orchestra, dont il a été lé directeur musical de 2003 à 2015 (faut-il rappeler que Bergen est la ville norvégienne qui a vu naître et mourir Edward Grieg ?). D’un bout à l’autre de l’œuvre, on le sent en phase avec le compositeur russe, quand bien même il a trop tendance à appuyer sur ce lyrisme dont est chargée la partition, y compris dans les allegros (le deuxième et le quatrième mouvements), et qui en constitue la caractéristique principale. Donc une œuvre pour âmes sensibles.
Tout comme Le Lac enchanté d’Anatoly Liadov, aux accents pourtant plus symbolistes. Anatoly Liadov avait, paraît-il, la réputation d’être fort paresseux. On raconte que Serge Diaghilev lui avait proposé d’écrire un ballet baptisé L’Oiseau de feu, mais que ne voyant rien venir, il avait fini par s’adresser à un jeune musicien âgé de vingt-sept ans promis, comme disent les clichés, « à un bel avenir ». Un certain Igor Stravinski.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 8

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