Mots-clé : Catherine Collard

Hommage à Catherine Collard

par

Il y a trente ans, le deuxième numéro de Crescendo prenait la route.

Il était lourd du deuil qui avait frappé quelques jours plus tôt la famille des musiciens et notre équipe rédactionnelle.
Catherine Collard s’en était allée.

Il y a trente ans, mais nous nous souvenons.

Michelle Debra

De ce point de vue, la rencontre entre Catherine Collard, Bernadette Beyne et Michelle Debra appartient à celles qui modifient le cours des choses et agissent en révélateurs. Les deux dernières nommées sont alors sur le point de concrétiser un rêve longtemps mûri, celui de créer un magazine musical de référence en Belgique francophone. Ce sera Crescendo, toujours présent aujourd’hui après s’être digitalisé. La première est alors au sommet de son art, une pianiste d’exception, racée, essentielle, sublime.

Constater à quel point la vie, la destinée humaine, repose d’abord sur des rencontres relève certes de l’évidence. Mais il y a une sorte de hiérarchie à ce propos, qui s’étend de l’échange fugace aux moments essentiels, de ceux qui comptent pour toujours.

De cette rencontre est née une incomparable complicité, sur les routes des festivals où la pianiste se produit, en solo ou en compagnie de partenaires fidèles tels Jean-Claude Pennetier, Alain Planès ou Sonia Wieder-Atherton, ou à la découverte de fabuleux enregistrements qu’elle réalise pour le label Lyrinx entre 1989 et 1993. Et puis, Catherine Collard agit à la manière d’une marraine pour Crescendo, dont elle suggère le titre à Bernadette et Michelle. L’aventure peut commencer !

Artiste rare et exigeante, Catherine Collard n’a dispersé ni son talent ni son énergie mais les a rassemblés au contraire au service de prestations inoubliables qui laissaient à penser que la musique que l’on venait d’entendre était certainement celle imaginée par les compositeurs avant même qu’ils la couche imparfaitement sur le papier. Tous ont été servis avec la même maestria, à la fois discrète et souveraine, de Bach à Gilbert Amy et André Boucourechliev en passant par Haydn, Mozart, Franck, Debussy, Messiaen et Schumann, sans doute le plus cher à son cœur. 

Ce talent unique a été fauché en plein vol, en 1993, à la manière d’une Jacqueline du Pré ou d’une Kathleen Ferrier.

C’était il y a longtemps… C’était hier…

Le souvenir demeure … brûlant, intense, radieux…

Jean-Marie Marchal, membre du comité de rédaction depuis plus de 30 ans.