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Purcell aux BaroQuiales

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Sospel est un superbe village niché aux portes du Parc National du Mercantour. Depuis 1998, il accueille chaque été l’un des plus beaux festivals de musique baroque d’Europe : "Les BaroQuiales". Fragilisé par la pandémie de Covid et les catastrophes naturelles de 2020, le festival avait vu son public diminuer. Mais grâce à Jean-Sébastien Beauvais, directeur artistique depuis quelques années, il a su retrouver tout son éclat.

Le public, désormais revenu en nombre, se régale d’une programmation riche : concerts de musique baroque, opéras, pièces de théâtre, conférences, stages vocaux, sans oublier la projection culte du "Meurtre dans un jardin anglais" de Peter Greenaway.

La thématique de cette édition : "Ballades en balade", une traversée de la musique baroque en Grande-Bretagne.

Le festival s’achève en apothéose avec l’opéra King Arthur de Henry Purcell, donné sur le parvis majestueux de la cocathédrale Saint-Michel, bâtie entre le XIIᵉ et le XVIIIᵉ siècle. On pourrait s’attendre à une mise en scène traditionnelle, mais Jean-Sébastien Beauvais et le metteur en scène Luc Betton proposent une relecture audacieuse. Le mythe arthurien est ici plongé dans les bas-fonds d’un Londres intemporel, vibrant d’une énergie brute. La scène devient rue, arène, lieu de luttes et de désirs. Corps tendus, gestes instinctifs : cette vision moderne fonctionne à merveille grâce à une troupe d’artistes talentueux, pleins de fantaisie et d’inventivité.

Jean-Sébastien Beauvais donne le ton dès le début en apparaissant sur scène en baskets et casquette, et dirige son Ensemble La Chambre avec un enthousiasme communicatif.

Les solistes sont prodigieux. King Arthur, opéra de 1691 avec un livret de John Dryden, est un semi-opéra mêlant texte parlé, musique, chant, danse et effets scéniques. Plusieurs airs sont célèbres, notamment le poignant "Cold Song" (What Power Art Thou), magnifiquement interprété par le baryton-basse René Ramos Premier. Originaire de Santiago de Cuba, il impressionne par son physique (plus de deux mètres !) autant que par sa voix profonde et ensorcelante. Un King Arthur noir ? Une image forte, inattendue, et totalement convaincante.