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Un bouleversement sensoriel : Tristan und Isolde de Richard Wagner

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A l’opéra, l’essentiel, évidemment, c’est ce que l’on entend : un livret mis en musique et chanté. Il arrive, malheureusement, qu’une incarnation scénique–scénographique, encombrante, prétentieuse, en contresens, vienne en compromettre la réception. Mais heureusement, des metteurs en scène offrent à l’œuvre qu’on leur a confiée le meilleur des environnements, celui qui garantira au chant les meilleures possibilités d’expression et d’épanouissement. C’est le cas à La Monnaie ces jours-ci pour le Tristan und Isolde conçu par Ralf Pleger et Alexander Polzin.

Et pourtant, l’on pourrait être perplexe quand le rideau se lève pour chacun des trois actes : au premier acte, un immense miroir se dresse au fond du plateau, de tout aussi immenses « stalactites » pendent au plafond. L’un après l’autre, ils se développent lentement mais sûrement et finissent par toucher le sol. Au second acte, une installation monumentale surgit, sorte d’immense (oui encore) souche d’arbre, mais dont on a vite l’impression qu’elle est plutôt comme un entrelacs de corps pétrifiés. Au troisième acte, c’est une immense (oui toujours) cloison percée de trous tantôt éclairés tantôt traversés par des tubes, qui s’avance inexorablement.