Beethoven vu par un jeune et talentueux pianiste

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonates n°8 op.13 « Pathétique », n°14 op.27 n°2 « Clair de lune », n°17 op.31 n°2 « Tempête »
Alexej Gorlatch, piano
2013 – DDD – 56’50’’ – Texte de présentation en anglais et italien – Oehms classics – OC879
Alors que la question de la place des jeunes musiciens en préoccupe plus d’un, certains parviennent encore à se frayer un chemin dans le monde si rude de la musique. C’est le cas d'Alexej Gorlatch qui, âgé de 25 ans, vient d'offrir un disque consacré à trois grandes sonates de Beethoven. C’est à Passau (Allemagne) qu’il débute le piano avant de rejoindre l’Université des Arts de Berlin et enfin l’Université de Musique et Drame à Hanovre. Ce parcours réussi lui permet de remporter l’International ARD Music Competition en 2011. Lauréat de plusieurs concours (Japon, Leeds, Dublin…) et soliste invité dans les plus grandes salles, rien ne semble manquer à ce jeune artiste dont la carrière est déjà bien lancée.
Gorlatch n’en est pas à son premier enregistrement. S’étant déjà attaqué à Chopin, Debussy, Brahms et Schumann, Beethoven semble être son favori. Pourtant, enregistrer les sonates de Beethoven aujourd’hui n’est-il pas un pari dangereux après les grandes versions de Brendel, Barenboïm, Ciccolini, Arrau, Buchbinder, Ashkenazy, Gilels, Gulda, Kovacevich, Nat et tant d’autres ? Gorlatch démontre à travers son jeu pianistique que non. Un regard nouveau, frais d’un 21e siècle en pleine transformation est nécessaire. Si le monde change, la façon de percevoir une œuvre évolue aussi. Pour la Sonate Pathétique, bonne compréhension de l’œuvre. Le premier mouvement est dramatique avec quelques sonorités un peu dures. Très peu de place pour la musique à certains endroits à cause d’une virtuosité irréprochable. Malgré un manque de respiration, certains contours mélodiques sont appuyés avec beaucoup de finesse. Côté rythmique, Gorlatch est admirable, notamment pour les transitions entre parties ou sous-parties. Chaque second mouvement (lent en général) est affiné et conduit avec expressivité. Le discours est structuré en fonction du parcours tonal, l’auditeur ne s’ennuie pas. Tempo modéré mais perspicace pour le dernier mouvement de la Pathétique. Très beau premier mouvement de la Clair de lune, introspectif, où la mélodie est timbrée en demi-teinte. Allure furieuse pour le Presto agitato. Technique une fois de plus parfaite mais qui n’aide pas assez l’expressivité (quelques notes et accords trop durs). Enfin, La Tempête est d’un niveau tout à fait honorable. Bonnes dynamiques et forme construite pour le premier mouvement, excellente maîtrise des plans sonores pour le second et finesse pour le dernier mouvement.
Alexej Gorlatch s’en sort admirablement pour ce disque. Si dureté et manque de respiration s’emparent de certains passages, la qualité de l’enregistrement est critiquable, notamment par son manque de clarté dans les passages forts. Enregistrement honorable pour un pianiste qu’il faudra suivre !
Ayrton Desimpelaere
Son 7 – Livret 9 – Répertoire 8 – Interprétation 8.5

 

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