Jean-Claude Vanden Eynden : au plus près du maître

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Festival de Piano de l’IMEP, première journée.
C’est peut-être le début d’une tradition qui se lance rue Henri Blès à Namur : pour la deuxième année consécutive, l’IMEP organise son festival de piano.
Cette fois encore, il ne s’agit pas tant de proposer des concerts de grande qualité que de rapprocher les grands maîtres de la jeune génération, et on ne pourrait imaginer meilleur choix que Jean-Claude Vanden Eynden pour ouvrir cette édition. Tout au long du week-end se succèderont conférences, masterclasses et auditions des étudiants de l’institut.
Au programme de cette soirée, deux monuments de la littérature pianistique du XIXe siècle : la Fantaisie op. 17 de Robert Schumann et la Sonate en si mineur de Franz Liszt.
Avant même que ne sonnent les premières notes, la tension est tangible et le silence assourdissant. Et c’est Schumann qui prend la parole sous les doigts du musicien, pour exprimer tout ce qui ne peut être dit. Le public est subjugué par le discours musical qui lui est déclamé avec une éloquence intime. Aux sommets les plus élevés succèdent les abysses les plus profondes, aux berceuses les clameurs et il n’est pas rare de voir un auditeur sursauter, pris au dépourvu par les inflexions imprévisibles de la Fantaisie.
Après ce premier acte intense vient le moment de la Sonate de Liszt dédiée à Robert Schumann. Une nouvelle fois, l’interprète saisit son auditoire et l’emmène ailleurs, ouvrant pour lui les portes de ce gigantesque édifice qu’est la Sonate. Les premières notes s'énoncent, terribles et tout se passe ensuite comme si l’œuvre acceptait de se livrer.
Jean-Claude Vanden Eynden fait entendre l’être même du compositeur, sa voix publique et sa voix profonde, tous ses langages, ses accents, ses contradictions ; la musique est ironique, divine, immense, tendre, toujours spirituelle. La conclusion est sublime et laisse le public revenir au présent après ces moments musicaux d’une richesse rare et d’une intensité fabuleuse.
Loin des paillettes et de la pyrotechnie, Jean-Claude Vanden Eynden a montré ce soir au public et aux étudiants que le talent seul ne suffit pas pour faire un artiste, et qu’un beau musicien est avant tout un bel être humain.
Marin Morest, Reporter de l’IMEP
Namur, IMEP, le 14 octobre 2016
Programme complet de ce week end : www.imep.be

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