Le résultat inattendu d'une profonde amitié

par
Röntgen

Julius RÖNTGEN
(1855 - 1932)
Trois suites pour violon seul opus 68a-Trois sonates pour violon seul opus 68b-Sonate pour violoncelle seul-Deux suites pour violoncelle seul-Deux rhapsodies sur des thèmes afro-américains pour violoncelle seul-Phantasie pour violon seul-Sonate pour violon et violoncelle-Variations et finales pour violon et violoncelle-Trois sonates pour violoncelle ad libitum
Olivier KIPP (violon), Katharina TROE (violoncelle)
2014-2015-DDD-78'33, 64'31 et 78'33-Textes de présentation en allemand, anglais et néerlandais-Thorofon CTH 2628/3 (3 cd)

Allemand de naissance, nationalisé néerlandais, le compositeur Julius Röntgen demeure dans l'ombre des « grands » de l'époque féconde qui vit l'explosion de la musique sérielle et de toutes les avant-gardes. Résolument à l'écart de ces mouvements, il restera totalement étranger à la musique atonale jusqu'à sa mort en 1932 et abordera avant tout la « grande forme » – et abondamment: pas moins de 24 symphonies, sept concertos pour piano, trois concertos pour violon et autant pour le violoncelle. Mais, si l'on ne peut qu'être admiratif devant la qualité de l'écriture et que ces opus s'écoutent avec un réel intérêt, ils ne présentent rien de révolutionnaire. Reste un talent mélodique hors norme, ce qui n'est pas rien. Dans le programme qui nous est proposé ici, l'ombre de Bach est omniprésente, au point que la plupart de ces oeuvres finissent par prendre la forme de pastiches. L'explication en est simple: elles sont le résultat de l'amitié de Röntgen avec le compositeur, interprète, critique, éditeur (en particulier de Bach et Beethoven) et musicologue écossais Donald Tovey, lequel voyait en son ami le dernier représentant de la tradition allemande du 19ème siècle. Aux alentours de 1920, Tovey convainquit Röntgen d'écrire régulièrement des pièces « dans le style de Bach », tandis que le compositeur néerlandais demandait à son ami de lui suggérer des thèmes sur lesquels bâtir ses partitions. De cette curieuse collaboration sont nées toutes les pages rassemblées sur ces trois disques. Toutes les formes communes aux grandes oeuvres de Bach dans ce domaine y sont présentes: chaconnes, fugues, allemandes, gigues, gavottes, sarabandes etc. Bien entendu, le ton se fait parfois plus personnel et il se fait alors introverti et austère. Tout détailler serait fastidieux mais l'écoute attentive réserve des surprises et l'on peut, ici et là, retrouver des références aux oeuvres du compositeur de la Passion selon Saint Matthieu. A signaler tout de même que l'écoute en continu pourra sembler lassante à certains. Et, pour ceux qui voudront connaître le coeur du corpus du Germano-hollandais, il faudra écouter en priorité les symphonies (les 8ème et 15ème chez CPO) ou les concertos pour violoncelle (Etcetera).
Bernard Postiau

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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