«L’odyssée Frank Martin», un prophète en sa patrie
Le compositeur genevois, dont on commémore les 50 ans de la disparition, sera au cœur d’un vaste projet musical qui permettra d’en redécouvrir la richesse. Genève lui a consacré une rue, hommage figé qu’on pourrait imaginer pérenne dans la cartographie de la Vieille-Ville. Mais les orchestres de la place et d’ailleurs jouent de plus en plus rarement ses œuvres, pourtant foisonnantes d’imagination. Autant dire que Frank Martin, enfant du pays, figure genevoise parmi les plus célèbres et célébrées par le passé, est en train de glisser lentement vers l’oubli. Il fallait, pour contrer ce mouvement quasi inexorable, une grande occasion et un musicien passionné. Et c’est précisément ce qui se profile en 2024, année durant laquelle on célèbre le 50e anniversaire de sa disparition. Le chef d’orchestre Thierry Fischer, genevois lui aussi, a vu par là le prétexte parfait pour redonner vie à ce génie injustement délaissé.
Son projet est ambitieux, il invite mélomanes et curieux à une longue navigation dans le riche répertoire de l’artiste disparu aux Pays-Bas en 1974. «L’odyssée Frank Martin» débutera officiellement en avril et se prolongera en touchant les rivages connus et d’autres absolument inexplorés de son œuvre.
Libre depuis mai 2023 de ses engagements auprès de l’Orchestre Symphonique d’Utah où il a évolué quatorze ans durant, mais toujours à la tête de l’Orchestre Symphonique d’État de São Paulo et de l’Orchestre Symphonique de Castilla y León, le chef, qui assure la direction artistique de cette odyssée, a vu grand. À commencer par l’Orchestre Frank Martin, qui incarnera une partie substantielle du programme. Créé de toutes pièces, il sera constitué à 25% d’étudiants de la Haute École de musique de Genève (HEM), partenaire central du projet. Les autres pupitres seront issus de l’OSR, de l’Orchestre de chambre de Genève et de celui de Lausanne, ainsi que de l’ensemble Contrechamps. Une portion congrue sera constituée par des musiciens free-lance.
Parmi les dix rendez-vous fixés en 2024, trois attirent particulièrement l’attention. Le premier, ce 21 avril, connaîtra un prologue dans la salle des machines du Bâtiment des Forces Motrices, où on pourra écouter l'Ode à la musique (1961). Suivra, dans la grande salle, la toute première œuvre de Frank Martin, Tête de linotte, composée à l’âge de 9 ans.
Le 21 novembre, enfin, jour de la disparition de Frank Martin, les voûtes de la cathédrale Saint-Pierre feront résonner son Requiem, chanté par l’Ensemble vocal de Lausanne.
L'Odyssée se poursuivra longuement au long des mois suivants.