Maurice Ravel et sa muse mécanique ?   

Alexis Brodsky, Jérôme Duval-Hamel et le Collectif de l’Art Faber, La Muse méconnue de Maurice Ravel, Actes Sud, ISBN : 978-2-330-21326-8, 94 pages.

Le titre de cet ouvrage a de quoi étonner les ravéliens. Mais de quelle muse méconnue, les auteurs parlent-ils ?

Dès les premières pages, on se voit ainsi emmener vers l’univers du “faber” (qui est le terme latin pour « forgeron » ou « artisan), dont les auteurs de ce petit ouvrage sont des adeptes puisqu’actifs dans un collectif de l’Art Faber (​selon la définition de leur site internet : ​l’Art faber rassemble sous un terme fédérateur les œuvres d’art représentant le travail, l'entreprise et plus largement les mondes économiques). Nous voilà donc cadrés, et nous embarquons pour un monde mécanique d’une société industrielle en plein essor, univers dans lequel va évoluer notre cher Maurice Ravel.

Le livre plante d’abord le cadre familial : Joseph Ravel, le père du compositeur, était ingénieur civil, tout comme son frère Edouard Ravel était également ingénieur civil. Père et fils conçurent même une “piste nautique circulaire à courant artificiel, qui peut être considérée comme l’ancêtre des jacuzzis…Dès lors, le jeune Maurice baigne dans cet univers industriel d’une époque fascinante par ses progrès technologiques : automobiles, chemins de fer et aviation. Ce monde, comme le rapporte l’ouvrage, fascine les compositeurs et les auteurs listent des partitions inspirées par cet arrière-fond mécanique, dont Pacific 231 d’Honegger ou le Pas d’Acier de Prokofiev.

Le livre part ensuite chercher les traces de cette inspiration “faber” dans les oeuvres de Ravel, que ce soit dans les textes de mélodies, dans les grandes œuvres, comme naturellement Bolero, ce parangon d'une implacable mécanique, mais aussi dans les oeuvres qui n’ont pas vu le jour comme Dédale 39 sur un thème aéronautique.

On parcourt ce bref livre avec intérêt, intéressante perspective dans le cadre de l’année anniversaire, même si on continuera à écouter Ravel en rêvant à d’autres mondes que ceux des mécaniques et des machines.