Deux Urtext de Dvořák

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Longtemps, la Sixième Symphonie, op. 60, de Dvořák fut considérée comme la première, n°1 car première à être publiée. Les cinq précédentes ne furent prises en considération que dans les années 1960, entraînant un bouleversement total de la numérotation. C’est ainsi que le « Nouveau Monde » passa de cinq à neuf, l’op. 70 en ré mineur de deux à sept et l’op. 88 en sol majeur de quatre à huit. N’allons pas plus loin. Si vous avez dans votre collection quelques vinyles d’époque, vous pourrez retrouver cette numérotation « vintage ». La musicologie tchèque ayant pris les choses en mains, Dvořák fut admis dans ce petit groupe très sélect des compositeurs auteurs de neuf symphonies. Mais revenons à la sixième, dont Bärenreiter vient de publier l’édition urtext établie par Jonathan Del Mar ; une intégrale en cours visiblement, qui a commencé par la fin, avec les trois dernières symphonies. Ici, point de découverte sensationnelle comme certaines sources ignorées qui avaient alimenté son édition du « Nouveau Monde ». Par rapport à l’urtext publié en 1957 à Prague, peu de différences. Simplement, une prise en considération des premières parties d’orchestre éditées, qui permettent de préciser les nuances. Autre élément important auquel Jonathan Del Mar est très attaché, la différence entre le staccato marqué d’un point et le striche, différence de longueur, d’attaque mais aussi de densité sonore.

Le Requiem de Dvořák était une commande de l’éditeur anglais Novello pour le Festival de Birmingham. Le compositeur était déjà bien connu en Angleterre grâce à Hans Richter, qui avait conduit certaines de ses œuvres à Vienne et qui, entre autres fonctions Outre-Manche, dirigeait ce festival triennal à Birmingham, où eut lieu la création en 1891. Dvořák dirigeait lui-même sur une partition manuscrite réalisée par trois copistes d’après l’original. Bien sûr, au cours des répétitions, Dvořák apporta des modifications et c’est sur cette base que fut gravée la première édition chez Novello. Et comme toujours avec son lot d’erreurs dans le décodage des pattes de mouche du compositeur et dans la gravure. Erreurs conservées pour la plupart dans l’édition tchèque de 1961. En fait, Dvořák avait reporté sur son propre manuscrit les susdites modifications, mais pas toutes. Alors, que penser ? Omissions ou non report volontaire après réflexion ? Il y a une dizaine d’années, paraissait chez Breitkopf un urtext qui reposait essentiellement sur la copie de la création. Aujourd’hui, Carus propose un nouvel urtext réalisé par Claudia Seidl qui passe au crible toutes ces variantes à la recherche d’une logique dans le report ou non report de ces variantes. Il faut le souligner, pour l’auditeur ce sont des détails imperceptibles. Pour l’interprète scrupuleux, ce sont des précisions de nuances ou d’articulations, parfois des indications de sourdines mal placées, et des variantes rythmiques dans les parties chantées (elles plus perceptibles). Conclusion : plus on cherche à s’approcher de la vérité, plus le choix devient cornélien !

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