L’âme de Chopin dévoilée par Jean-Philippe Collard

par

Frédéric Chopin (1810-1849) : Préludes op. 28 – Sonate n°2 en si bémol majeur, op. 35 « Marche funèbre »
Jean-Philippe Collard, piano
2013-DDD-57’25-Textes présentation en français, anglais, chinois et allemand-La Dolce Volta LDV 09
C’est toujours avec autant de plaisir que nous écoutons Jean-Philippe Collard cette fois dans un enregistrement consacré aux 24 Préludes et la Seconde sonate de Chopin. Alors que ce maître du piano entretient avec Chopin, selon ses propres mots, « une relation chaotique » car associée à son parcours au Conservatoire de Paris, rien n’est à critiquer ou jeter dans cette parution. Cycle redoutable pas sa complexité tant technique que musicale et la longueur, Collard propose une version raffinée où le travail sur les sonorités prime sur le reste. Enregistré dans la Paroisse protestante luthérienne « Bon-secours » de Paris, l’acoustique est excellente, permettant l’émergence de certaines harmonies, couleurs, notes jamais entendues auparavant. Jean-Philippe Collard a le cœur et l’âme dans les doigts. Il parvient dans les préludes, souvent courts, à imposer un sentiment passionnel, comme le déferlement d’une pensée, une émotion. Sa lecture du Prélude n°8 ne peut laisser indifférent l’auditeur. Dans une atmosphère parfois « brouillonne », il emporté dans un tourbillon dangereux. Où va t’on, que se passe t’il ? Est-ce l’angoisse, la panique ou la peur d’assumer un sentiment que Chopin écrit dans ce flot de notes ? Si l’on parle beaucoup de musique, Collard n’est pas en reste concernant la technique. Irréprochable, elle est au service du suivi mélodique et harmonique. Pas de faux-accents ou perte de tempo. Chaque prélude est mené avec intelligence.
Dans le Sonate n°2, comme au concert qu’il a donné à Flagey dernièrement, on est subjugué par le côté finalement introspectif qu’il parvient à donner à l’œuvre. Confident et sincère, Collard n’a pas peur d’accentuer les harmonies qui font mal et qui touchent le cœur au plus profond. Son discours exprime sans difficultés la recherche de l’amour alors que la mort l’entoure (par la présence de la Marche funèbre). Mais citons les mots de Collard : « Le thème de la 2ème Sonate n’est peut-être pas très optimiste – la recherche de l’être aimé à travers le prisme de la mort – mais c’est une page extrêmement passionnée, loin d’être désespérante. Je suis touché non seulement par sa couleur sombre, mais surtout par la lumière qui s’en dégage ? Le second motif de la Marche funèbre est paradisiaque ». Que rajouter à cela ?
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Livret 10 – Interprétation 10

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