A Genève, l'indéniable réussite des Carmina Burana

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© Gregory Batardon / Gregory Batardon

Depuis octobre 1972, le Grand-Théâtre de Genève n’a pas affiché les Carmina burana de Carl Orff. A l’époque, Heinrich Hollreiser dirigeait le Chœur du Grand-Théâtre de Genève et l’Orchestre de la Suisse Romande, Richard Corena assurait la mise en scène, Alfonso Catta, la chorégraphie. Aujourd’hui, c’est aux vingt-deux danseurs du Ballet qu’est confié l’aspect visuel du spectacle. Les deux concepteurs du projet, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, utilisent un langage des corps innervé par une énergie tellurique. Dans une épure totale, sans le moindre décor, se déroulent d’incessants raz de marée où s’agrippent les êtres portant des collants tatoués imaginés par le duo vestimentaire ‘On aura tout vu’ (Livia Stoianova et Yassen Samouilov). Issues de l’esthétique kabuki, les déesses arborant des masques somptueux, Fortuna, Flora, Philomena, Hécube, Phoebé et Vénus, tissent les fils de la trame qui respecte la subdivision de l’ouvrage en trois tableaux (Printemps, A la taverne et Cour d’amours). Les jeux de séduction et les scènes de beuverie convergent sur l’apothéose de la Fortune qui mène le monde.
Derrière un tulle, en fond de plateau, se dresse une gigantesque estrade où officient l’Orchestre de la Suisse Romande, le Chœur du Grand-Théâtre (remarquablement préparé par Alan Woodbridge) et les solistes Regula Mühlemann, Boris Stepanov et Stephan Genz ; l’ensemble est placé sous la direction du chef japonais Kazuki Yamada qui confère une incontestable grandeur à la partition la plus célèbre de Carl Orff. Une réussite absolue !        Paul-André Demierre
Genève, Opéra des Nations, le 17 mai 2016

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