Anniversaire Palestrina avec le Augsburger Domsingknaben

par

PALESTRINA 500. Oeuvres de Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), Pierre de Manchicourt (1510 -1564), William Byrd (1543-1623), Orlando di Lasso (1532-1594), Tomás Luis de Victoria. (1548-1611). Augsburger Domsingknaben, I Fideli, direction :  Stefan Steinemann. 2024-2025. Notice en anglais et en allemand. 55’35’’. 1 CD ARS 38 380.  

C'est ici un disque intime, un disque de l’intérieur, un disque qu'il conviendrait  d’écouter avant que l’aube ne vienne déranger avec ses bruits, foules et obligations le déploiement d’un espace intime. C’est la musique de la rencontre entre l’univers de l’auditeur et la nuit. 

Si un adjectif convient bien à celle des Messes de Palestrina, c’est bien celui d’intime. Et la musique de Palestrina, autour de laquelle tourne ce disque, est bien une musique de cet intériorité-là. Même son ultime Stabat mater avec sa colère et son feu raide de maîtrise demeure bien une musique nocturne ; une musique de l'âme, s’adressant à l'âme. Elle semble sortir de cette nuit sans en heurter le silence, langage de l'intimité la plus profonde. 

La messe de Palestrina autour de laquelle les parties de ce disque s’articulent se nomme Fratres ego enim acepi ( Frère, j'ai accepté). Et c'est bien vers la fraternité qu’elles semblent se diriger ; fraternité avec le silence d’abord, mais aussi avec d'autres compositeurs de la même sensibilité de 1500 à 1600, comme l'anglais William Byrd (1543-1623). Pierre de Manchicourt (1510-1564), Orlandi di Lasso (1532-1594) et Thomas Luis de Victoria (1548-1611). Fraternité de la musique avec le silence, tant les tessitures des enfants de l’Augsburger Domsingknaben jusqu’aux cuivres de l’Ensemble I Fedeli ne semblent pas vouloir briser ce cocon de cristal. Si ces compositeurs partagent le même siècle, ils ne partageaient pas le même pays. Pergolèse travaille à Rome, Orlando di Lasso, après un séjour en Italie, séjourne aux Pays-Bas, William Byrd réside en Angleterre, et Tomás Luis de Victoria est  en Espagne. C'est donc une sorte de fraternité d'esprit, de sentiments, et d’intimité que ce disque offre aux amateurs avec ces compositeurs à travers les siècles.

L'Augsburger Domsingknaben dirigé par le chef de chœur Stefan Steinemann retransmet cette musique tellement pure qu'elle semble de toute éternité, d’un au-là en dehors du temps. Il réussit même à unifier les diverses compositions de ce disque comme s'il s'agissait d'une même œuvre, simplement moirée différemment par l’accompagnement instrumental et des caractères suivant les compositeurs, comme un satin ouvragé par différentes mains. 

La fraternité arrive donc même à l'auditeur, Il semble inviter à entrer dans la communauté silencieuse et pourtant en dialogues, comme une communauté de moines trappistes. D'ailleurs, le nom de la Messe de Palestrina pourrait signifier les frères au pluriel. Une fraternité dans laquelle le bruit serait remplacé par le silence, dans laquelle l’âme communique à l’âme, sans bruits, obligations et foules extérieures.

Note globale 8/10

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