Chants russes par un chœur de l’Oural : un touchant chapelet de perles

par

Great Music of small forms. Œuvres de, et arrangements d‘après Mikhaïl Glinka (1804-1857), Alexandre Dargomyjski (1813-1869), Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908), Alexandre Varlamov (1801-1848), Anton Rubinstein (1829-1894), Alexandre Borodine (1833-1887), Mili Balakirev (1836-1910), César Cui (1835-1918), Vissarion Chebaline (1902-1963), Anatoli Novikov (1896-1984), Erast Abaza (1819-1855), Piotr I. Tchaïkovski (1840-1893), Viktor Kallinikov (1870-1927), Modeste Moussorgski (1839-1881), Anton Arenski (1861-1906), traditionnels. Chœur philharmonique d’Ekaterinbourg, Andreï Petrenko. Albina Shaikieva, Svetlana Peretalova, Maria Romina, soprano. Diliza Nadyrova, contralto. Dimitri Khrapov, ténor. Vladimir Ryzhkov, Andreï Bilenko, baryton. Septembre 2021. Livret en anglais, français, russe (pas de livret pour les paroles). TT 57’44. Fuga Libera FUG 800

En des temps de braderie relativiste, sans boussole, qui voudraient liquider les terroirs et éradiquer les racines, on apprécie ce récital qui cultive l’héritage de la Russie éternelle. Du moins un collier de perles puisées au répertoire essentiellement romantique, à quelques jalons plus tardifs (Chebaline, Novikov), et à quelques airs traditionnels. « Grande musique dans de petites formes » : des miniatures que nous détaille la notice, sans hélas se doter d’un livret qui pour l’auditeur aurait profitablement offert les paroles de ces chants.

Populaires ou savantes. Pour le plein air (Burya Mgloyu Nebo Kroet, un des premiers exemples du genre) ou le salon (Nocturne de César Cui). Immémoriales (Tatarsky Polon, une très ancienne ballade) ou écrites (poèmes signés d’Ivan Tourgueniev ou d’Alexandre Pouchkine auquel rendent hommage Chebaline, Kallinikov ou Novikov). Intimes (Chto Mne Zhit I Tuzhit ; Nochevala Tuchka Zolotaya) ou extraverties (Vesely Pir ; la chanson de recrutement militaire Toril Vanyushka Dorozhku ; le folklore des cochers dans la Troïka). Voilà un large éventail qui n’oublie pas d’évoquer la nature (Zimnaya Doroga ; Sérénade d’Arenski ; Gornye Vershiny), glorifiant la mère patrie et la résonnance que ses paysages inspirent dans les consciences, dont parfois s‘empare la ferveur (Molitva ; V Monastyre). 

Andreï Petrenko a réalisé la plupart des arrangements, et dirige ici ses forces de l’Oural aux intonations parfaites. Diction sans accroc, homogénéité immaculée, dynamique ajustée au millimètre : le Chœur philharmonique d’Ekaterinbourg résonne comme une tribune d’orgue. D’autant que, peut-être avec l’aide de la post-production, les voix graves étayent l’édifice sur une profonde rumeur. Dans les pages pittoresques, on regretterait presque la criante expressivité et les couleurs moins châtiées des troupes du légendaire Alexandre Yurlov. Mais ne pinaillons pas, voilà une admirable et constante réussite, tant pour le collectif que pour les contributions solistes. L’émotion vous prend et ne vous lâche pas une seconde. Sous une couverture qu’on trouvera austère ou déprimante, un très beau disque, –touchant, vraiment.

Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 8-10 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

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