Johann Joseph Abert : un portrait musical
Johann Joseph Abert (1832-1915) : en musikalisches Portrait. Larissa Wäspy, soprano ; Thomas Pfeiffer, baryton ; Martin Nagy, ténor ; Roswitha Sicca, mezzo soprano ; Claus Temps, Baryton basse ; Ljiljana Borota, Meguni Sano, Heike Blechmann, Ira Marina Witoschynskyj ; Joachim Drahim, piano ; Jürgen Rieger, orgue; Abert Quartett Stuttgart. 2025. Notice en allemand et en anglais. 68’’49’. ARS Produktion 38 679.
Cet album propose un portrait du compositeur allemand Johann Joseph Abert, tel une sorte d'appât ou plutôt d’happeau pour musicophiles curieux, ce qui explique que ce disque ne contient que des extraits.
Compositeur allemand né en 1832, Johann Joseph Albert connut sa gloire à partir de 1860. Compositeur de musiques de chambre, d'orgue, de lieders et d'opéras, ainsi que le donne à entendre ce portrait musical, il fut autant apprécié professionnellement qu'humainement par ses pairs. Il n'a effectivement pas à rougir devant Brahms et Schumann dont il dirigea l'exécution des œuvres à Wittenberg, où il exerça les charges de composteur et de chef d'orchestre de la cour royale, Les amateurs souhaiteront après l'avoir découvert ici, un autre disque d'extraits avec ses musiques pour grands ensembles, Abert ayant également composer pas des symphonies, des messes, des ouvertures et de la musique concertante.
Les amateurs écoutent donc ici des lieder, des extraits de ses opéras Columbus et Astorga, retravaillés pour piano et voix, l'adagio et le scherzo de son quatuor et des préludes pour orgues. Ils apprécient avec cet aperçu partiel de son œuvre de découvrir son style. Assis entre Brahms et la modernité venante, qu'incarnera surtout Richard Strauss, Mahler ou Zemlinsky, il laisse ici une œuvre intéressante avec des lieder plaisants, dans la belle nébuleuse autour de ceux de Schubert et de Brahms, et surtout un quatuor aux violoncelles très modernes, interprété ici par le quatuor Abert de Stuttgart approchent avec leurs tons abrupts, leurs ruptures et cassures ceux des modernes.
Il faut passer outre les fragilités des chanteurs, comme les aigus un peu aigrelets de la soprano Larissa Wäspy et de la mezzo-soprano Roswitha Sicca et le convenu un peu guindé du ténor Martin Nagy. Le baryton Thomas Pfeiffer et le baryton basse Claus Temps nous font découvrir une autre sensibilité se dessinant avec une rudesse, une dureté et des tranchants venants. Il en va de même avec ses œuvres pour orgue, encore très inspirées par le Bach qu'il étudiait dans ses années d'étude, indiquant une autre ère.
A côté des Brahms, Liszt et autre Schumann et avant les Richard Strauss, Paul Hindemith et Hans Pfitzner, il laisse une œuvre voulant s’affirmer, mais encore très prise par son époque. Richard Strauss lui-même, avant de devenir un wagnérien convaincu, était lui-même un brahmsien de premier ordre, comme le montre sa Burlesque pour piano et orchestre. Ce qui n'empêche pas ses compositions d'être honnêtes et de fort bon aloi.
Au-delà de la personne d'Albert, ce disque donne un aperçu de son époque. Abert partageait avec ses pairs un état d'esprit, une sorte de Zeitgeist, que ce disque retransmet très bien, une volonté de transcender le romantisme sans pour autant y parvenir notamment Il faudra attendre la génération suivante des Richard Strauss, Paul Hindemith et encore Hans Pfitzner pour cela. Son œuvre n'en démérite pas moins, et sera très appréciée aux concerts.
Une société des Amis d'Abert, a été créée après sa mort. Elle existe toujours. Il faut sans doute actuellement aller chercher dans ses sociétés d'amis de compositeurs et compositrices négligés pour renouveler le tableau de la musique du passé.
Note globale : 7/10