Le grand orgue de Notre-Dame de Paris, état des lieux

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On se souvient que le grand orgue de Notre-Dame de Paris a peu souffert de l’incendie du 15 avril 2019. Situé entre les deux tours, à 15 mètres de hauteur, il est surplombé d’une terrasse en pierre, qui l’a protégé du feu et -en partie- des hectolitres d’eau qui ont été déversés sur l’édifice. Néanmoins, suite à la chute de la flèche, une importante quantité d’oxyde de plomb s’est déposée sur les tuyaux, les sommiers et les claviers. L’oxyde de plomb étant toxique pour l’homme, il était nécessaire de nettoyer l’instrument dans ses moindres recoins. Pour cela, l’orgue a été démonté entièrement et méticuleusement nettoyé par les ateliers Quoirin (Vaucluse) et la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues (Hérault).

À partir de janvier 2023, le puzzle va être remonté, pièce par pièce, sur une année entière. Six mois seront ensuite nécessaires pour réharmoniser l’ensemble. Là se situe tout l’enjeu : retrouver « le son d’avant » de l’orgue. Or, l’acoustique d’un édifice qui aura été nettoyé, voire même reconstruit à certains endroits, va être tout à fait bouleversée : une réverbération plus grande, une propagation plus rapide des sons et des aigus triomphants. L’effet sonore, si on ne travaille pas à son réglage, risque de faire trop brillant, voire clinquant. Pour diminuer cet effet, il va falloir harmoniser non seulement la hauteur des notes de chaque tuyau mais également leur timbre, leur couleur.

Comme l’explique Christian Lutz, maître d’œuvre du chantier de réfection du grand orgue de Notre-Dame de Paris, l’oreille humaine est d’une précision redoutable. Bien sûr, un appareil de mesure vous dira que votre note est juste quand il n’y aura plus de battements d’ondes. Mais il existe une zone sans battement d’ondes, à l’intérieur de laquelle vous pouvez jouer, tout en restant juste. Le but est de travailler la personnalité sonore du tuyau. Et pour cela, l’équipe de l’Atelier Cattiaux-Chevron (Corrèze) pourra compter sur l’aide des 3 organistes titulaires, Olivier Latry, Vincent Dubois et Philippe Lefebvre. Comme le rappelle Christian Lutz, ils ont la mémoire du son !

Un travail d’orfèvre, prévu fin 2023 / début 2024, entre 22h et 6h, quand le volume sonore de la capitale diminue et que l’oreille humaine peut percevoir toutes les nuances du son d’un tuyau en train de se faire accorder…

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