Réédition de deux messes de Charpentier, avec voix d’enfants et Ton Koopman à l’orgue

par

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Messe pour le Samedi de Pâques à quatre voix H.8. Messe des morts à quatre voix H.7. François Couperin (1668-1733) : Messe pour les Couvents (extraits) ; Messe pour les Paroisses (extraits). Jaap ter Linden, basse de violon. Tini Mathot, orgue positif. Axel Wolf, théorbe. Hartwig Groth, viole de gambe. Detlef Bratschke, orgue positif. Knabenchor Hannover, direction Heinz Hennig. Ton Koopman, orgue Clicquot de l’église St. Jacques & St. Christophe de Houdan (Couperin). 1988, 1989, 1978. Livret en allemand, anglais. 51’53’’. Hänssler Classic HC24023

Cet album reprend à l’identique le programme d’un album initialement paru en 1990 chez le label munichois Calig, lui-même alors déjà patché avec des extraits des deux messes pour orgue de Couperin intégralement enregistrées par Ton Koopman pour Philips (1978). Sauf à abonder la discographie de ces deux œuvres de Charpentier, rarement confiées aux micros et qui ne comptent pas parmi les plus célèbres du compositeur, et sauf le respect : on peut se demander si ce retour au catalogue s’avère indispensable.

Constatant que la Messe pour le Samedi de Pâques est dénuée d’Agnus Dei (le Credo manque aussi), la direction artistique décida d’emprunter celui de la Messe des morts, moyennant transposition pour donner le change. Outre cet import, la structure liturgique est complétée en alternatim, par de copieux extraits de la Messe des Paroisses pour les versets du Kyrie, et des extraits de celle des Couvents pour le Sanctus et l’Agnus Dei. Le ton de chapelle, le tempérament inégal des tuyaux de Houdan, déjà concomitamment choisis en juillet 1978 par Pierre-Yves Asselin pour les Couvents (Denon), apporte une piquante saveur (la Tierce en taille !), hélas médiocrement captée. Les phrasés secs et raides du jeune Ton Koopman suscitent plus d’ennui que de ravissement.

Ces interventions essorées à la console des Yvelines contrastent avec l’expression séduisante quoique plate et mielleuse des petits chantres de Hanovre. On pourra néanmoins apprécier une réserve, une tenue, un format plus idiomatiques que l’envergure sulpicienne des Chanteurs de Saint-Eustache mêlés aux improvisations d’André Marchal à la tribune du lieu (Erato, 1958), une référence historique du temps du microsillon.

Dans un autre vinyle, Louis Devos (Erato, 1979) et son équipe belge accouplèrent le Requiem H.10 et la Messe des morts avec continuo, que nous entendons ici sertie dans un intimiste (pour ne pas dire inaudible) accompagnement de théorbe, gambe et orgue positif. Touchante interprétation où les parties hautes sont tenues par les juvéniles sopranistes allemands. L’émotion est au rendez-vous, la technique vocale est honorable, mais les couleurs funèbres qu’on attend se percutent à la manière, la matière lénifiantes que Heinz Hennig tirait de ses troupes proches de la léthargie.

Alors que Charpentier est devenu aujourd’hui un des auteurs les plus joués et fêtés du règne de Louis XIV, ces deux œuvres, même si elles ne sont pas les plus significatives de sa production, attendent toujours leur apôtre. La présente reparution, tout juste méritoire, permet à peine de patienter.

Christophe Steyne

Son : 5 (Couperin) & 8 (Charpentier) – Livret : 6 – Répertoire : 8-10 – Interprétation : 5,5

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