Rossini triomphe au Royal Opera

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Il Turco in Italia
Rossini est à l’honneur cette saison au Royal Opera de Londres avec quatre opéras : « Il barbiere di Siviglia » , « La scala di seta », « Il Turco in Italia » et « Guillaume Tell ». Si « Guillaume Tell » qui sera à l’affiche au mois de juillet n’a plus été représenté sur la scène de Covent Garden depuis 1992, « Il Turco in Italia » en était déjà à sa troisième série depuis 2005 quand l’opéra fut représenté pour la première fois au Royal Opera. C’etait Cecilia Bartoli qui incarnait la frivole Fiorilla dans une mise en scène faite à sa taille par Moshe Leiser et Patrice Caurier, le duo belgo-français qui entretemps est presque devenu metteur en scène attitré de Bartoli qui lui confie régulièrement les opéras qu’elle présente dans « son » festival de Pentecôte à Salzbourg. A Londres ils ont créé une Italie de bande dessinée, haute en couleur (décors Christian Fenouillat, costumes Agostino Cavalca) avec des personnages pittoresques et une action pleine d’humour et de clins d’œil mais toujours bien dosée et amusante. C’est la soprano polonaise Aleksandra Kurzak, régulièrement invitée à Londres et grande favorite du public, qui a pris la relève de Bartoli et présente une Fiorilla pétillante et séduisante, femme de tempérament et de tête mais finalement docile et aimante, quoique… Un jeune athlète qui passe lui fait vite oublier ses bonnes intentions. Son soprano lumineux et souple n’a aucun problème avec la partition virtuose de Rossini. Les coloratures sont délivrées avec aisance et aplomb, les moments lyriques avec sincérité et un beau legato. Ildebrando D’Arcangelo répétait son Selim macho à la voix de bronze et Alessandro Corbelli était une fois de plus impayable en Geronio, le brave mari cocu qui finalement croit avoir une épouse docile. Quel remarquable chanteur et comédien! Barry Banks campait un Narciso de caricature et chantait avec style, et Thomas Allen donnait beaucoup de présence, plus scénique que vocale, au poète Prosdocimo. La Zaida de Rachel Kelly n’était pas au même niveau que ses partenaires mais Albazar avait un bon interprète en Luis Gomes. Belle prestations du chœur et de l’orchestre du Royal Opera. Evelino Pido dirigeait d’une main légère mais ferme et donnait vie et le nécessaire élan dramatique au spectacle.
Erna Metdepenninghen
Londres 27 avril 2015

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