Sir Colin Davis à Amsterdam
Colin Davis The Concertgebouw Legacy. Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Sir Colin Davis. 1972-1981. Livret en anglais. 1 coffret de 18 CD Decca Eloquence. 484 5277
Decca Eloquence remet en boîte les enregistrements de Sir Colin Davis au pupitre de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam (RCOA). De ses débuts, en 1966, avec la phalange batave, jusqu’à son décès, le maestro anglais en fut un fidèle compagnon de route du légendaire orchestre. On se souvient ainsi de superbes concerts à Amsterdam et Bruxelles dans Berlioz et Beethoven.
Entre 1972 et 1981, le chef d’orchestre, alors sous contrat avec le label néerlandais Philips, enregistre une série de disques avec le RCOA que l’on est heureux de retrouver.
Berliozien de référence, Sir Colin Davis réenregistra à Amsterdam la Symphonie fantastique. Cette gravure est fabuleuse, portée par un orchestre à la plastique superbe et magnifié par une prise de son miraculeuse. Cette lecture combine tant le sens de la narration, que celui de l’impact instrumental sans oublier la mise en avant de la modernité de l’écriture de Berlioz. Aucun temps mort, aucun tunnel dans cette interprétation magistrale de bout en bout.
Autres grandes réussites les trois dernières symphonies d’Antonín Dvořák, avec en tête de gondole une “Nouveau monde”, conquérante et altière. Ce set de symphonies est magistral de bout en bout avec une formidable pulsation et un sens des couleurs, s' il n’est pas mitteleuropa, parvient à suggérer des paysages orchestraux.
De Stravinsky, Sir Colin Davis propose les trois grands ballets dans une optique de confort luxueux. Si vous recherchez l’acidité d'Ansermet, la puissance de Salonen, le fauvisme de Dorati, passez votre chemin. Sir Colin Davis s’affirme comme un maître chorégraphe de classe dirigeant un Stravinsky dégustant le champagne au bar d’un grand hôtel. De l’Oiseau de feu, au Sacre du Printemps, en passant par Petrouchka, c’est du Stravinsky parfumé par Chanel que certains pourront détester, mais la maîtrise des nuances et de l’arc dramaturgique et la capacité du chef à aller au bout de sa vision nous semblent remarquables.
Il faut avouer que l’onavait jamais trop accordé d'importance à l’album Moussorgsky proposant les Tableaux d’une exposition dans l’orchestration de Ravel et la Nuit sur le mont chauve dans la version Rimsky-Korsakov. Quelle erreur ! Le chef, particulièrement engagé, fait rutiler la mécanique orchestrale dans une explosion de couleurs. Les pupitres du RCOA sont au garde-à-vous dans ces morceaux de parade.
9 disques de ce coffret sont consacrés aux Symphonies “parisiennes” et “londoniennes” de Haydn. Alors, c’est évidement du Haydn d’avant, plutôt lent et joué avec un effectif assez massif. Mais comme les gravures de Sir Thomas Beecham, ces lectures n’ont pas vieillies. Le chef sait animer l’énergie intrinsèque de ces partitions en cernant tout leur humour. Les individualités des vents amstellodamois portent ces lectures par une large palette de nuances alors que les cordes sont savoureuses et fruitées. Ce Haydn à l’ancienne reste toujours passionnant ! Notons la présence sur le premier disque, d’un enregistrement de la Symphonie n°84 avec l’English Chamber Orchestra à Londres en 1961, qui est édité pour la première fois en CD.
Du côté des concertos, il faut placer aux sommets la légendaire lecture du Concerto pour violon de Beethoven avec Arthur Grumiaux. L’élégance racée de cette vision à la beauté apollinienne fait que cette lecture n’est jamais descendue des premiers plans de la discographie. On retrouve Antonín Dvořák avec le Concerto pour violon et la Romance pour violon et orchestre avec Salvatore Accardo et le Concerto pour violoncelle et la pièce de genre Klid avec Heinrich Schiff. Des enregistrements solides à la justesse de ton parfaite !
Saluons enfin, tout au long de ce coffret, la qualité des prises de son qui font de ces albums des étalons hifistes.
Note globale : 9