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Die Walküre à Bayreuth : Wotan endort Brünnhilde au troisième acte, et Schwarz le public au second

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Après un prologue relativement neutre, les limites de la relecture de la vision de Valentin Schwarz sont désormais évidentes. Dans la fosse, Simone Young continue d'impressionner.

D'un point de vue esthétique, l'on reste ici dans les décors froids et impersonnels déjà disposés lors de L'Or du Rhin celui du deuxième acte n'est après tout que la même pièce que pour les deuxième et quatrième scènes du prologue, pivotées à 90 degrés –, avec une accentuation sur le glauque pour la tanière de Hunding. Du point de vue de l'orthodoxie dramaturgique, il est difficile de voir comment justifier le fait que Sieglinde soit déjà enceinte – on suppose donc de Hunding – ou encore pourquoi Wotan tente de violer Sieglinde au deuxième acte.

Concernant la direction d'acteurs, on note une gestion particulièrement réussie de la représentation de l'épuisement des jumeaux au deuxième acte, ainsi que de la solitude suivant les adieux dans le troisième ; il est alors d'autant plus dommage de voir Fricka arriver avec une bouteille de rouge une fois ces derniers achevés. Adieu également à la lance, remplacée par un pistolet qui semble être le nouveau joker dramaturgique de cette tétralogie. Pour autant, cette vision pourrait encore recevoir l’adhésion, ou du moins la clémence de davantage de spectateurs, s'il ne se diffusait pas une sourde sensation d'ennui au deuxième acte, de la deuxième à la quatrième scène. Sentiment visiblement partagé, comme en témoignent les séries de quintes de toux dans le Festspielhaus – pourtant habituellement rarissimes –, indicateur toujours fiable pour mesurer le degré de concentration d'un auditoire.

En Sieglinde, Jennifer Holloway déploie son timbre large et sa tessiture dramatique, et forme un duo particulièrement équilibré avec le Siegmund – fort applaudi – de Michael Spyres, même si l'accent est davantage mis chez elle sur l'intensité dramatique que sur la musicalité ; étonnamment, elle est à deux reprises recouverte par la masse orchestrale. Ce dernier fait toujours état d'un timbre involontairement grossi par la prononciation de la langue de Goethe ; mais se distingue par l'excellence de ses decrescendos ainsi que par la gestion toute en finesse des notes longues. L'intensité et le niveau global de son interprétation du final du premier acte lui vaudront d'ailleurs une ovation dès le premier tomber de rideau. Pour clore le trio des humains, Vitalij Kowaljow campe un Hunding visuellement aussi effrayant que sa cahute, mais fait état d'un timbre chaud et d'une bonne musicalité dans les phrases longues, nonobstant quelques problèmes de justesse.

À Bayreuth, un Rheingold sauvé par sa musicalité

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Si l’on sait à quel point le thème de la rédemption par l’amour est inhérent à la globalité de l’œuvre wagnérienne, l’édition 2025 de la Tétralogie ne devra son salut qu’à la qualité de la direction de Simone Young, dont le travail sur les couleurs orchestrales impressionne, ainsi qu’à quelques chanteurs particulièrement méritants.

Alors que se profile son dernier tour de piste, le Ring de Valentin Schwarz ne séduit pas pour autant davantage. Force est toutefois de constater que, malgré l’esquisse des différents partis pris de sa vision – personnification de l’anneau sous la forme d’un enfant, divinités du Walhalla au comportement kardashianesque –, ainsi que l’esthétique froide et impersonnelle en découlant, son traitement du matériau originel ne donne encore que peu d’urticaire durant ce simple prologue.

Sur scène, trois interprétations sont particulièrement remarquées. En Alberich, Olafur Sigurdarson, désormais bien familier du rôle in situ, marque d’entrée avec son timbre large et sa tessiture lyrique que vient sertir une prononciation impeccable, encore accentuée par l’excellente mise en place rythmique. La justesse dans les exclamations aiguës ainsi que la projection particulièrement bien dosée sont au surplus des plus appréciées. Difficile également de ne pas ovationner l’Erda d’Anna Kissjudit, dont les longues phrases sont une démonstration, tant de constance que de musicalité et de compréhension, tout en lui conférant une présence scénique indéniable. Finalement, l’on avait sur le plateau en les personnes de Nicholas Brownlee et Tomasz Konieczny deux profils antagonistes du baryton wotanesque. « Je chante le rôle, Birgit Nilsson le hurle », déclarait un jour Germaine Lubin en parlant  d’Isolde. Un comparatif peut nonobstant être fait entre le Donner de Brownlee, au vibrato singulièrement dense, toujours parfait dans ses tempi, dont le clair du timbre n’a d’égal que celui des voyelles et dosant savamment sa projection, et le Wotan de Konieczny, dont la grande clarté de timbre et de voyelles n’est obtenue qu’au prix d’une tendance à la surprojection, si ce n’est au hurlement avec les déséquilibres acoustiques en découlant.

Bayreuth 2022 : des dieux en dépôt de bilan 

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Richard Wagner (1813-1883) : Götterdämmerung. Avec : Clay Hilley, Siegfried ;  Iréne Theorin, Brünnhilde ; Michael Kupfer-Radecky, Gunther ; Olafur Sigurdarson, Alberich ; Albert Dohmen, Hagen ; Elisabeth Teige, Gutrune ; Christa Mayer, Waltraute ; Okka von der Damerau, Première Norne ; Stéphanie Müther, Deuxième Norne ; Kelly God, Troisième Norne ; Lea-ann Dunbar, Woglinde ; Stephanie Houtzeel, Wellgunde ; Katie Stevenson, Floßhilde ; Igor Schwab, Grane. Chœur du Festival de Bayreuth (Chef de chœur : Eberhard Friedrich), Orchestre du Festival de Bayreuth, direction : Cornelius Meister.  Mise en scène : Valentin Schwarz. Décors : Andrea Cozzi. Costumes : Andy Besuch. Lumières : Reinhard Traub. Vidéo : Luis August Krawen. Dramaturgie : Konrad Kuhn. 2022. Menu en anglais. Sous-titres en : allemand, anglais, français et espagnol.  Durée : 274 mn. Bonus 54mn.  Toutes régions. DGG 00440 073 6404. 

Grandiose Schönberg par Thielemann

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Arnold Schönberg (1874-1951) : Gurre-Lieder. Stephen Gould, Waldemar ; Camilla Nylund, Tove ; Christa Mayer, Waldtaube ; Markus Marquardt ; Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Klaus-Narr ; Franz Grundheber ; Sprecher. Sächsischer Staatsopernchor Dresden, MDR-Rundfunkchor ; Sächsische Staatskapelle Dresden mit Mitgliedern des Gustav Mahler Jugendorchesters, Christian Thielemann. 2020. LIvret en allemand et anglais. 2 CD Profil. PH 20052.