« Vers la source dans les bois », par l’Arioso Furioso Trio : une envoûtante balade sylvestre…

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Jacques Ibert (1890-1962) : Deux interludes en trio. Marcel Tournier (1879-1951) : Vers la source dans les bois, pour harpe. Eugène Bozza (1905-1991) : Sonatine à Monsieur Jacques Ibert, pour flûte et basson. André Jolivet (1905-1974) : Pastorale de Noël en trio. Alexandre Luigini (1850-1906) : Rêve bleu, pour harpe. Maurice Ravel (1875-1937) : Sonatine en trio.Massimiliano Pezzotti, flûte, Francesco Fontolan, basson, Francesca Tirale, harpe.  73 :2_. Livret en anglais.  Da Vinci Classics C00472

Massimiliano Pezzotti, est professeur au Conservatoire de Brescia. Il a été flûtiste à l’Orchestra Milano Classica, à l’Orchestra del Angelicum di Milano, et 1ère flûte à l’Orchestre del Teatro Comunale di Bologna –avec lequel il a fait une tournée au Japon en 2019—  et il a une grande expérience en musique de chambre. Francesco Fontolan, est, lui, diplômé du Conservatoire de Venise et a été élève de Oscar Trentin. Il a par la suite intégré quelques orchestres, notamment la Fenice de Venise, le Pomeriggi de Milan, et il a également enregistré pas mal de disques de répertoires très variés. Et Francesca Tirale, harpiste, a quant à elle été élève de de A. Loro, de E. Fontan Binoche, de C. Michel et de E. Cambeling. Elle a joué à l’Orchestre national italien, à l’Orchestre Haydn, à l’Orchestre de la Suisse Italienne, à l’Orchestre philarmonique du Théâtre municipal de Bologne, et elle a également été invitée à la création d’œuvres de différents compositeurs tels que C. Togni, M. Montalbetti, A. Giacometti, A. Tsuji, C. Galante et E. Brunti.

Tout d’abord, quelques mots sur les Deux interludes en trio de Jacques Ibert. L’andante expressivo est très posé, lyrique et doux. L’allegro, en contraste, est premièrement, comme son nom l’indique, allant, puis dans un second temps, beaucoup plus mystérieux de par les troublants échanges entre l’aigu du basson et le grave de la flûte, sur fond de divers motifs galopants à la harpe. Les palettes de nuances sont très bien exploitées par les interprètes.

Suit la pièce qui aura donné son nom au disque entier, Vers la source dans les bois de Marcel Tournier. Œuvre assez connue du répertoire harpistique, très complète au niveau technique, couvrant toute la tessiture de l’instrument et utilisant tout un panel d’effets très intéressants. Le jeu de la harpiste se prête particulièrement bien au morceau : il est détendu, fluide, très précis et néanmoins rubato là où c’est nécessaire. 

Ensuite, une courte pièce pour flûte et basson seuls, une sonatine de Eugène Bozza dont l’allegro, est très espiègle, sautillant, rempli de questions-réponses entre les deux solistes, une véritable joute de gammes et de courts motifs accrocheurs. Les musiciens font preuve d’une rythmique et d’une rigueur technique très propre. L’andantino, quant à lui, est plus particulier, le basson introduit un thème assez troublant, et tout du long, l’un finit la phrase que l’autre a commencé et inversement. Le vif, est dans le même état d’esprit que le premier mouvement, du genre narquois, piqué, énergique, enjoué (l’on imaginerait par exemple aisément l’image de la course d’un petit lapin, sautillant entre feuilles, branches, et champignons d’une clairière au milieu d’un bosquet…).

Puis la Pastorale de Noël d’André Jolivet en quatre mouvements. L’Étoile est solennelle. Le décor sonore prête à se représenter la lente et pénible marche des mages au milieu du désert, venus de l’Orient jusqu’à Bethléem, et dont l’espoir que cet astre qui les guide vers le messie qui vient de naître, est la seule lumière qui leur donne la force d’encore avancer. Les mages commencent par une belle mélodie orientale amenée au basson, parsemée d’effets intrigants à la flûte et accompagnée de quelques sombres ostinati à la harpe ; puis les rôles s’inversent entre la flûte et le basson le temps d’une petite phrase puis reviennent comme au départ, puis s’inversent de nouveau, pour finir par jouer ensemble ce thème énigmatique : un tableau très ombrageux. La vierge et l’enfant sonne comme une berceuse. L’on y constate d’expressifs échanges entre la flûte et le basson, un accompagnement délicat à la harpe, une véritable mise en musique de la sensation d’apaisement, et des nuances très douces de la part des musiciens. Entrée et danse des bergers contient des harmonies assez incongrues, et nous marque d’thème troublant, ensuite plus énergique, plus agité et entraînant et nous laisse à la fin de la pièce, sur une note de mystère. 

Rêve bleu d’Alexandre Luigini est un très bel interlude faisant le pont entre le précédant récit noëlesque et l’œuvre finale de ce programme. Une calme mélodie ornée d’arpèges, un brin d’emballement, puis un retour aux sources parsemé cette fois de quelques harmoniques bien placées et merveilleusement jouées par la harpiste… Très belle sonorité, belle musicalité et bonne technique.

Puis nous finissons avec la sonatine de Maurice Ravel, qui est de base pour piano seul, et dont l’arrangement est bien équilibré et ne dénature pas l’œuvre d’origine mais l’orne au contraire des timbres si particuliers et des vastes possibilités de jeu de ces trois instruments mis ensemble.

Dans l’ensemble, l’on dénote une très agréable symbiose entre les musiciens, des échanges naturels, de la vraie musique de chambre. En ce qui concerne disque en lui-même, les pièces sont particulièrement bien choisies, elles sont bien agencées, mises en musique par d’excellents interprètes, et nous transportent véritablement dans une balade en forêt des plus envoûtantes… 

Lea Diadori

 

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