Chopin et son Europe

par

Juliusz ZARẸBSKI
(1854-1885)
Quintette avec piano en sol mineur, op. 34

Martha ARGERICH, piano – Bartlomiej NIZIOL et Agata SZYMCZEWSKA, violons – Zyda CHEN, alto – Alexander NEUSTROEV, violoncelle
16:9 – Dolby Surround - NIFC DVD – 002 - 42’55’’ - 2012 - Textes en polonais et en anglais
Le DVD que voici, édité par l’Institut Frédéric Chopin, porte le souvenir d’un concert qui se déroula le 17 août 2011 au Philharmonic Concert Hall de Varsovie dans le cadre du 7ème Festival Musical International « Chopin et son Europe ». Un fort bel hommage à Juliusz Zarẹbski.
Pianiste virtuose, emporté à 31 ans par la tuberculose, Zarẹbski ne fut redécouvert qu’au cours du XXIème siècle. Il se raconte qu’il fut l’élève préféré de Liszt, auprès duquel il étudia un an à Rome. Nommé professeur de piano au Conservatoire Royal de Bruxelles le 30 janvier 1880, il occupa ce poste jusqu’à sa mort cinq ans plus tard. Influencé par Chopin et Liszt, et nourrissant comme eux son œuvre de musiques populaires, il est aujourd’hui considéré comme le compositeur polonais le plus original de la seconde moitié du XIXème siècle, précurseur de l’impressionnisme.
Son Quintette en sol mineur op. 34 est, sans aucun doute, son plus grand chef-d’œuvre. Caractérisé par une harmonie complexe, une palette de couleurs et un foisonnement rythmique remarquables, il exploite toutes les techniques du piano et voit ce dernier épouser les cordes avec une subtilité et un ravissement peu souvent égalés. La veine mélodique n’est pas en reste, comme en atteste, en particulier, le fabuleux premier mouvement. On ne s’étonnera dès lors pas de voir figurer cette partition dans plusieurs sommes musicologiques parmi les œuvres de musique de chambre polonaises les plus remarquables de la seconde moitié du XIXème siècle.
Habituée du festival « Chopin and his Europe », Martha Argerich se produit ici notamment avec sa fille, Zyda Chen, qui tient la partie d’alto. Les autres protagonistes sont la violoniste polonaise Agata Szymczewska et deux piliers du jeune Berlinsky Quartett, du Niziol Quartett et du Tchaïkovski Piano Trio de Zurich: Bartlomiej Niziol et Alexander Neustroev. Szymczewska joue un Stradivarius de 1680; Niziol, un Giuseppe Guarneri de 1727. L’interprétation que nous livrent, comme un seul homme, ces musiciens de très grand talent, est tantôt mordante, tantôt chatoyante, toujours précise, sincère et à-propos. En un mot: efficace. Un rêve absolu pour quiconque souhaiterait (re)découvrir ce brillant quintette aux multiples facettes.
Ceci mis à part – mais ce n’est pas rien! –, le DVD proprement dit contient peu de surprises. Point de bonus, alors que Zarẹbski, trop longtemps demeuré dans l’ombre, eût mérité que l’on dresse au moins de lui un bref portrait. De rencontre en coulisses avec les interprètes, il n’est pas davantage question. Quant à la captation visuelle de cet intense «moment musical», on regrettera sa fadeur, qui s’explique par le nombre fort limité des plans et des angles de vue, rendant compte de manière inégale de l’implication de chaque musicien.
Olivier Vrins

Son 8 - Livret 8 - Livret 7 - Interprétation 7

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