La Pologne à l’ère romantique : florilège orchestral

par

Karol Kurpiński (1785-1857) : Élégie en ut mineur. Ignacy Feliks Dobrzyński (1807-1867) : Symphonie no2 en ut mineur op. 15. Stanisław Moniuszko (1819-1872) : Conte de fée (Le Conte d’Hiver), ouverture fantastique pour grand orchestre. Jarosław Thiel, Orchestre baroque de Wrocław. Septembre 2020. Livret en polonais et anglais. TT 59’57. NFM72

Voici trois importants compositeurs polonais de l’ère romantique. Si vous les connaissez peu ou mal, l’auteur du livret invite à nous documenter sur « un espace virtuel ou dans une bonne vieille librairie ». Heureusement, les encyclopédies du web ne sont pas frappées par les mesures de confinement et en ces temps incertains garantiront de satisfaire votre curiosité.

Moniuszko reste avant tout célèbre comme compositeur de scène, notamment pour deux ouvrages : Halka qui s’affirma dans le cadre de la tutelle russe en cultivant la fierté patriotique. À l’époque du vinyle s’enregistrèrent des anthologies : chez Deutsche Grammophon par Mieczysław Mierzejewski et des solistes de l’Opéra de Varsovie ; chez Polskie Nagrania par Zdzisław Górzyński. Plus récemment en vidéo chez Dux, en CD par Robert Satanowski (CPO) et par Fabio Biondi & l’Europa Galante (en version italienne), chez le label NIFCCD qui propose aussi un enregistrement de l’autre opéra majeur, Straszny dwór. Depuis un premier enregistrement (1953-1954) par Walerian Bierdiajew, ce Manoir Hanté rencontre peu d’alternatives hormis Jacek Kaspszyk (Emi, 2012). La musique orchestrale de Moniuszko émerge dans quelques albums, pilotés par Roland Bader (CPO), Robert Satanowski (idem) ou Antoni Wit (Naxos) qui tous intègrent Bajka (Le Conte d’Hiver). Cette page symphonique fut adaptée à l’orchestre moderne et un peu arrangée par le grand chef Witold Rowicki, qui l’enregistra chez Polskie Nagrania. Jarosław Thiel s’est ici penché sur les moutures originales, qu’il nous restitue en outre sur instruments d’époque : une innovation au disque !

Pareillement, l’orchestre de Wrocław nous présente une lecture HIP de la seconde Symphonie de Dobrzyński, qui laisse le choix entre deux mouvements lents successivement conçus. Dans leur enregistrement d’août 2016, Grzegorz Nowak et sa Sinfonia Varsovia s’en tenaient au postérieur Andante doloroso (emprunté au Sextuor opus 41) figurant déjà sur un album Chandos (2013) : Łukasz Borowicz y offrait aussi l’Andante doloroso primitif que Jarosław Thiel a ici privilégié. Cette œuvre est désignée « caractéristique » dans la mesure où elle se fonde sur des airs polonais. Après sa création à Vienne, elle fut reprise par Felix Mendelssohn au Gewandhaus de Leipzig. On apprécie particulièrement l’Andante dont le lyrisme est conduit par les cors, le rebond du Minuetto alla Mazovienna parsemé de subtiles inflexions d’archets, et enfin le fringant Vivace qui exige des cordes arsouilles pour les étonnants glissandi (0’46-1’00).

Le programme annonce aussi une toute première captation de l’Élégie de Kurpiński (écrite vers 1825) dont la partition réchappa à la Seconde Guerre mondiale grâce à Mieczysław Krzyński qui la sauva à Varsovie. Les parties manquantes ont été reconstruites pour le présent disque, où l’usage de cuivres « naturels » (cors et trompettes) correspond au contexte de composition. À l’instar des deux autres pièces au menu, l’interprétation s’avère à la hauteur pour satisfaire la découverte  de ces pages contemporaines de Fryderyk Franciszek Chopin.

Son : 8 – Livret : 8 – Répertoire : 7 – Interprétation : 7,5

Christophe Steyne

 

 

 

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