Une brillante relève dans l'interprétation de Prokofiev

par

Sergei PROKOFIEV (1891-1953)
Symphonies n° 3 opus 44 et n° 7 opus 131 (avec fin alternative)
Orchestre Symphonique de Bournemouth, dir.: Kirill KARABITS
2013-DDD-65'08-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Onyx 4137
Que la jeune génération de chefs d'orchestre est bien discrète! Bien que ceux-ci occupent de plus en plus les postes de direction des plus grandes phalanges mondiales (Alan Gilbert à New York, Manfred Honeck à Pittsburgh, Yannick Nézet-Séguin à Philadelphie, Stéphane Denève à la radio de Stuttgart, etc.), leur notoriété ne s'est guère encore propagée au grand public, un fait qui s'explique en partie par la crise du disque, autrefois le meilleur promoteur de talents. Certains d'entre eux, pourtant, ne manquent pas d'une personnalité artistique tout à fait remarquable. Ainsi en est-il de Kirill Karabits, qui préside désormais aux destinées de l'orchestre de Bournemouth, lequel a atteint la célébrité dès les années 60 grâce au génie du fameux Constantin Silvestri et, plus tard, à la puissance incantatoire de Paavo Berglund. La très intéressante interview du jeune chef ukrainien que nous propose le livret nous confirme qu'il s'est investi en profondeur dans le répertoire qu'il nous propose aujourd'hui, en l'occurence les symphonies de Prokofiev. S'il fallait décrire en un mot son style interprétatif, on choisirait assurément celui de lyrisme, un lyrisme d'une fraîcheur assez inédite, particulièrement sensible dans une 7ème symphonie à la fois très élégante, passionnante... et passionnée, qui rappelle ce que Prokofiev doit à Tchaikovski. Ce style très classique, finalement, n'est pas sans rappeler le « chic » de Nikolai Malko dans les années 50 dans cette même oeuvre, une pierre de touche de la discographie. Dans la mal aimée 3ème, il ose le jeu de la séduction et y parvient sans mal, même si l'on ne peut oublier le brûlot Kondrachine, le panache de Martinon ou le grincement à la limite du soutenable de Rozhdestvensky. Un chef à découvrir toutes affaires cessantes et dont on peut approfondir l'art dans d'autres disques proposés par Onyx, essentiellement dévolus au répertoire russe, de Tchaikovski et Moussorgsky à Khatchaturian et Chostakovitch.
Bernard Postiau
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 9       

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