Concert Brahms et Rimski-Korsakov à l’Arsenal de Metz
Ce vendredi 13 juin dernier, l’Arsenal de Metz donnait un concert Brahms et Rimski-Korsakov pour les amateurs de musique classique lorrains.
La première partie du concert était consacrée au Concerto pour violon de Brahms avec le célèbre violoniste Thomas Zehetmair. Cheval de bataille du répertoire de tous violonistes, ce concerto leur permet de montrer l’excellence de leurs jeux, tout en étant soutenus par un orchestre élégant, aristocratique et aux couleurs veloutées. Le violoniste autrichien utilisa bien peu ce soir une grande virtuosité digitale, nonobstant, sans doute à cause de sa grande célérité, son jeu semblait sec et manquait autant de rondeur que de souplesse. Le deuxième mouvement du concerto, allegro, notamment, durant lequel la tendresse et l’humanité de Brahms doivent sonner, semblait presque froid, sans cœur et pour tout dire très expédié. Cette vitesse excessive forçait également l’orchestre à le suivre plutôt qu’à accompagner et à dialoguer avec le soliste, et endommagent ainsi ses qualités pourtant évidentes dès le tutti initial, comme l’équilibre entre ses pupitres, le legato de ses graves et l’acidité des aigus des cordes. Comme quoi, il ne faut surtout pas confondre vitesse et précipitation en musique.
Il fallut attendre la seconde partie du concert, durant laquelle, libres de toute hâte, les qualités de l’orchestre s’exprimaient librement, pour apprécier mieux enfin l’orchestre national Metz Grand-Est sous la direction du chef d’orchestre belge David Reiland. Il faut croire que l’œuvre de Rimski-Korsakov Shéhérazade était faite pour lui. L’équilibre des pupitres, comme ceux des cordes et des vents, l’expression de chacun d’eux, notamment ceux des hautbois de Pauline Cambournac et d’Ivan Sherstev, semblaient idéaux de naturels, de fluidité et de joie à l’exécution. Le thème de la mer liant chacune des parties semblait une évidence tant cette entente semblait spontanée. Le travail du chef avec l’orchestre a bien porté ses fruits. De plus, chacun des pupitres était parfaitement harmonieux. Il faut aussi bien saluer le premier violon de Nicolas Alvarez, qui n’avait rien à envier à Thomas Zehetmair, tant sa technique disparaîtrait au jeu, que les bassons de Juliette Boutette et de Jeremy Lussiez, clairs, frais et nasillards, ou les percussionnistes Vincent Renoncé, Florian Izorche, Adrian Sallum, Freddy Michea et Samuel Della Giustina et le timbalier Damien Saurel très ravéliens pour la réussite de cette œuvre d’un chromatisme exigent. Un vrai plaisir à l’oreille, sans doute aurait été plus appréciable de laisser l’orchestre mieux s’exprimer durant le concerto pour violon, mais comme la plupart du temps à l’Arsenal, ce concert était une excellente soirée.
Metz, Arsenal, 13 juin 2025
Crédits photographiques : William Beaucardet