Musiques en Pistes : le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky (2e Partie)

par

Composition de l’Orchestre

3 flûtes, flûte piccolo, flûte alto, 4 hautbois, 1 cor anglais, 1 clarinette piccolo en Ré, 1 clarinette piccolo en Mi bémol, 3 clarinettes en Si bémol et La, clarinette basse en Si bémol, 4 bassons, 1 contrebasson, 8 cors en Fa, 1 trompette piccolo en Ré, 4 trompettes en Do, 3 trombones, 3 tubas basse, timbales, batterie (grosse caisse, tam-tam, triangle, tambour de basque, güiro, petites cymbales), cordes.
NB. Les mots en gras suivis d’une astérisque sont repris dans le lexique.


Introduction [+/- 4'05'']

Largo

[0’00”] Jeu de timbres, la deuxième partie débute dans un climat tout en demi-teintes par le jeu en accords des grands flûtes, clarinette piccolo et clarinettes en si bémol. Les violons et les violoncelles ponctuent par de grands intervalles joués en sourdine sur les harmoniques du son [0’08” - mes. 2]. Temps mouvant. Descente chromatique* des hautbois [0’38” - mes. 7] sur laquelle les violons, jouant sur les harmoniques et toujours avec la sourdine, annoncent et chantent ensuite une mélopée évocatrice du monde archaïque imaginaire de la Russie païenne [0’48” - mes. 11]

N.

 


Le tempo* lent ajoute au caractère mystérieux qui prépare au sacrifice.
La mélopée (N) passe aux différents pupitres [1’18” - mes. 19].
Point d’orgue* [1’45” - mes. 26].

[1’48” - mes. 27] On passe à autre chose. Une autre cellule thématique entre dans le jeu aux trompettes sur de petits intervalles de secondes syncopés*.

O.


Majestueux, les cors amplifient cette petite cellule [1’58” - mes. 29].

P.

 


Les trompettes reprennent le motif O [2’06” - mes. 31] et puis, sur cette petite formule, les cordes -avec toujours la sourdine- vont ajouter au mystère par les notes répétées en triolets* sur des pizzicati* du violoncelle [2’28” - mes. 34]

Q.


toujours sur de petits intervalles de seconde*.
Fusée des clarinettes piccolo [2’48” - mes. 37]
Les divers éléments thématiques (les thèmes O, Q, et les fusées des clarinettes) se succèdent de façon de plus en plus serrée.
[3’32” - mes. 48] Les cors clôturent le tableau sur les thèmes N et O  dans un climat solennel, processionnel.
Un large arpège* du violoncelle solo.
On passe sans transition aux

Cercles mystérieux des adolescentes [+/- 3'15'']

 Andante con moto

Le tableau va se baser sur le thème répétitif et rituel (N) que l’on va entendre s’amplifier sur des pizzicati des cordes.
Più mosso. Tremolos des clarinettes [4'28'' - mes. 64]. On attend un élément nouveau : tremolo des cordes en chromatisme* sur un ambitus* de seconde.
[4’36” - mes. 68] Voici l’amplification, la réponse au thème N jouée aux flûtes alto puis aux clarinettes, hautbois et bassons

R.


avant de s’adjoindre également les violons II.
[5’14” - mes. 88] Retour au Tempo I
Mouvement de balancier aux violoncelles et altos sur lequel viennent se greffer des appels de quintes* descendantes aux altos et grandes flûtes [5’14” - mes 90], sur des dissonances des cors pppp avec sourdine et de lancinantes secondes descendantes du cor anglais et pizzicati des violoncelles et contrebasses et puis [5’53” - mes. 96] le cor, sans sourdine cette fois, entonne le thème [N] qui sera repris par les flûtes et cordes avant de rendre la partie aux cors et ensuite aux hautbois [6’34” - mes. 102] qui annoncent un nouveau motif

R Bis.


qui sera repris après le point d'orgue* avec sa deuxième partie (les quatre dernières notes) légèrement modifiée.

[6’37” - mes. 104] Point d’orgue.

Ce sont les hautbois qui le reprennent en accords sur fond d’harmoniques* des flûtes et des cordes entendues dans le lointain, exceptés les violoncelles qui secondent les hautbois.

[6’56” - mes. 109] Nouveau point d’orgue sur un appel des trompettes auxquelles répondent les cors sur un intervalle de septième diminuée* “poco a poco crescendo ed accelerando”*. Fusée des gongs (tam-tam), des flûtes, clarinettes et cordes.
Onze coups “forte” de la grosse caisse et des cordes en accords qui nous portent au deuxième tableau de la 2e partie.

Glorification de l’élue [1'32'']

Vivo*

Forme ABA* Fusée des flûtes auxquelles répond la formule rythmique descendante aux cors et grandes flûtes

S.

 


A.
Ponctuation des timbales, grosse caisse et cors tout au long du tableau.
[7’21” - mes. 120] Montée chromatique* en fusée (traits très rapides) des bois et des cordes, glissandi* des cors “pavillons en l’air” sur fonds d’orchestre qui continue à ponctuer rythmiquement le parcours.
Motif descendant des cors [7’34” - mes. 130] sur la poursuite des fusées qui constituent l’épine dorsale de ce mouvement.
Déchaînement de l’orchestre pour évoquer la danse sauvage dans sa puissance rythmique.
[7’49” - mes. 142] Les violons ébauchent un motif en contretemps* et en pizzicato* sur ostinato* des cordes basses et fonds de timbales et grosse caisse

T.

 


bientôt secondés par les cors [8’09” - mes. 152].

[8'17'' - mes. 157] B. Accalmie “molto allargando”*.

A. Retour de la première partie (A de la forme ABA), ses fusées de flûte et la réponse rythmique pour passer à l’

Evocation des ancêtres [0’39”]

La grande pause* (G.P.) qui l’inaugure et la note grave tenue à la clarinette basse signale le passage dans un autre registre, solennel, avec son choral* cuivré [8’38” - mes 4]

T Bis

 


[9’02” -  mes. 199]
Ce thème choral, légèrement varié, sera repris aux bassons.
Roulements de timbales fff et note tenue de la clarinette basse annoncent un moment solennel et “terrible”. Passage sans transition au 5e tableau de cette seconde partie.

Action rituelle des ancêtres

(3’36”)

Balancement rythmique qui va parcourir toute la pièce et débute par la grosse caisse, les violoncelles et contrebasses en pizzicato donnant les premiers temps, tandis que répondent, sur la deuxième partie des temps, le tambour de basque et la timbale.

[9’29” - mes. 217] Motif chromatique* inquiétant au cor anglais qui s’adoucit tout en se poursuivant lorsque la flûte alto lui donne la réplique par un motif mystérieux [9'42''- mes. 221],

U.

 


avant que ces mêmes flûtes alto poursuivent sur un motif obsédant [10’12”]

V.

 


ponctué par des pizzicati des cordes basses.

Les trompettes avec sourdines engagent le thème W [10’26” - mes. 233]

W.


tandis que les flûtes alto continuent leur ostinato* et les cordes ajoutent au mystère par leurs tremolos* [10’41” - mes. 239].

[10’58” - mes. 244] A grand fracas, les cuivres développent le thème W, dont les cors “pavillons en l’air” sur une polyrythmie* des autres pupitres.

[11’11” - mes. 246] Episode d’accalmie, de dialogues ponctués des divers pupitres de l’orchestre sur base de la petite descente et puis montée chromatique des hautbois et cor anglais.

[11’41” - mes. 261] Retour des cors pavillons en l'air et leur thème W.

[11’57” - mes. 266] Reprise de l’épisode initial A qui se clôture par des traits rapides des clarinettes basses clôturant l’épisode par une descente dans le grave.

Danse sacrale (L’Elue)

(4’35”)

L’axe central de cette scène finale, apothéose du Sacre, est le martèlement incessant des timbales jouant ici un rôle à la fois mélodique et rythmique

X.


Tout l’orchestre semble envoûté par ce rythme obsédant (dans sa 7e Sonate pour piano composée en 1942, Serge Prokofiev utilise ce même principe d’ostinato sur tierce mineure dans le 3e mouvement, “precipitato” que je vous invite à écouter).

Grand jeu rythmique – changement de mesure à peu près à chaque mesure.

[13’15” - mes. 313] Arrêt. La mesure se stabilise en une alternance de 3/8* et 2/8*.
Statisme mélodique, accords martelés, et à l’inquiétude s’ajoutent des appels de trombones avec sourdine sur un motif chromatique descendant [13'29'' - mes. 326] suivi par les trompettes avec sourdine,

Y.


suivi d’une fusée des cordes sur une tessiture* de deux octaves* aboutissant à un son harmonique* [13'37'' - mes. 333].

Retour et poursuite inlassable du martèlement des cordes et retour du motif chromatique descendant* [Y]. La tension se charge, s’accumule sur les éléments précités.

[14'46'' - mes. 394] Retour de l’épisode inaugural du tableau.

Gong, timbales, grosse caisse, glissandi* des trombones, la charge pulsionnelle est portée à son comble.
[15'26'' - mes. 431] les cors énoncent un motif [Z] dont la note de départ était annoncée par les glissandi des trombones qui aboutissaient sur la note de départ du thème du cor. Il passe ensuite à l’octave supérieur* dans l’aigu, en valeurs dédoublées, “pavillons en l’air” et est vite concurrencé par un motif de trompette en forte* [Z']

Z. et Z'.


Les trombones doublent le motif obsédant des timbales (W).
La tension est poussée à son paroxysme jusqu’à l’insoutenable. Déchaînement de l’orchestre.

[15'53'' - Mes. 451] Arrêt. On pense être au bout du déferlement mais non, il reprend de plus belle sur le rythme du début dans lequel sera clamé le motif Z.

[16'24'' - mes. 480] Les trombones, trompettes et tubas ponctuent en l’accentuant l’ostinato* des timbales [X] qui ne nous a pas quittés.

[16’53” - mes. 509] Des interventions en mf* et p des cors semblent annoncer un apaisement

Z''.

 


mais elles sont brutalement interrompues par l’ensemble de l’orchestre en ff*, la tension s’accumule, s’accélère.

[17’17” - mes. 550] Trois mesures avant la fin, les grandes flûtes et les flûtes alto en fff* lancent une fusée solitaire dans le registre suraigu. Fusée des piccolos, grandes flûtes et cordes. Le couperet tombe: une chute brutale dans le grave des cuivres, des violoncelles et contrebasses.

L’ultime transe a conduit l’Elue à la mort. Le printemps peut venir.

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