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Les graines de curieux : les découvertes un peu piquantes de la musique.
Musiques en pistes : pour une écoute active de la musique. Analyse et exemples sur partitions et écoutes d’extraits.
Focus : un événement particulier dans la vie musicale

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La violoniste Fanny Clamagirand  fait paraître chez Naxos un album  consacré aux concertos pour violon de la compositrice américaine Florence Price. Ce nouvel album est un jalon important dans la redécouverte de l’art de cette compositrice. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec cette artistique qui construit une discographie rare et exigeante 

Comment avez-vous découvert la musique de Florence Price, et en particulier ces deux concertos pour violon ? 

J’ai découvert la musique de Florence Price, lorsque Naxos m’a proposé d’enregistrer ce disque consacré à son œuvre et comprenant notamment ses deux concertos pour violon et orchestre. 

Cette proposition, faite d’ailleurs très peu de temps avant les sessions d’enregistrement, a été pour moi un vrai challenge et l’occasion d’une découverte enthousiasmante, une plongée dans la vie et l’univers de Florence Price, compositrice afro-américaine, figure majeure de la « Chicago Black Renaissance », et dont de nombreuses œuvres n’ont été (re)découvertes qu’après sa mort en 1953.

Qu’est-ce qui vous a motivé à les enregistrer ? 

Il est pour moi important, en tant qu’interprète, de contribuer aussi au rayonnement d'œuvres oubliées, de porter et faire découvrir des voix méconnues, ici donc celle de Florence Price, qui est encore peu jouée en Europe. La curiosité et l’ouverture à de nouveaux répertoires font partie intégrante de mon engagement artistique.

Comment s’est passée la collaboration avec l’orchestre de Malmö qui devait également découvrir cette musique? 

L’enregistrement avec l’Orchestre de Malmö et le chef américain John Jeter a été une aventure artistique et humaine intense. John Jeter, connaissant déjà bien l’univers de Price pour avoir enregistré une partie de ses œuvres symphoniques, a été un guide précieux dans l’approche esthétique et stylistique de cette musique.

Cela a été un immense plaisir de travailler avec des artistes engagés et passionnés, à l’écoute et partageant la même envie de redonner vie à un répertoire oublié et de rendre hommage à une femme au destin singulier.

Quelles sont les caractéristiques stylistiques de ces deux partitions ? Comment s’intègrent-t-elles dans leur temps ? 

La musique de Florence Price est très belle, facile à écouter, d’inspiration romantique, avec une forte influence des traditions européennes, mais aussi une identité propre, marquée par des éléments issus du jazz et du blues, reflet de ses racines afro-américaines. 

Le premier concerto, écrit en 1939, de forme classique, rappelle sans hésitation le Concerto pour vionon de Tchaïkovski, tandis que le second, composé en 1952, un an avant la mort de Price, est d’un seul souffle et adopte un caractère plus rhapsodique et personnel. Dans les deux œuvres, l’écriture violonistique est toujours très expressive et virtuose, en dialogue permanent avec l’orchestre et mise en valeur par un tissu instrumental riche et coloré.

Elena Schwarz, cheffe d’orchestre 

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La cheffe d'orchestre Elena Schwarz fait paraître un album consacré à des oeuvres de la compositrice Elsa Barraine  avec le WDR Sinfonieorchester (CPO), une étape majeure dans la redécouverte de cette musicienne. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec Elena Schwarz, pour parler de cet enregistrement mais aussi de sa passion de la musique contemporaine puisqu’elle est également cheffe est résidence à l’ensemble Klangforum Wien.

Comment avez-vous découvert ces œuvres de Elsa Barraine ? Qu’est-ce qui vous a motivé à les enregistrer ? 

C’est Sebastian Koenig, directeur artistique de l’orchestre de la WDR, qui est venu vers moi avec un projet de disque autour de compositrices. Il a évoqué plusieurs noms, dont celui d’Elsa Barraine, que je connaissais vaguement. Cette impulsion m’a donné l’occasion de me plonger plus sérieusement dans son œuvre : j’ai écouté les quelques enregistrements existants, j’ai lu sur sa vie, sur son parcours… et j’en suis sortie absolument fascinée. Rapidement, l’envie d’enregistrer sa musique s’est imposée comme une évidence: pour la faire entendre, mais aussi pour la replacer à la hauteur de ce qu’elle représente dans l’histoire musicale du XXe siècle.

Quelles sont les caractéristiques musicales de ces partitions ? Comment s'intègrent-elle dans leur époque ? 

C’est une musique très personnelle, cosmopolite. Barraine a été étudiante de Paul Dukas au Conservatoire de Paris; très jeune elle a gagné le prix de Rome et a séjourné dans la capitale italienne. Sa biographie est marquée par un engagement politique courageux, en tant que résistante pendant la deuxième guerre mondiale et en tant que militante communiste. Ces aspects trouvent un écho dans sa musique, où on entend des influences tantôt d’un Hindemith ou Honegger, tantôt d’un Stravinsky; j’entends aussi des mélodies qui font songer au klezmer, en résonance avec sa culture juive. Avec cette capacité parfois déroutante de changer de caractère d’un moment à l’autre avec des “coupures” presque cinématographiques.

Actuellement, il y a un regain d'intérêt pour les compositrices. Est-ce que vous pensez que les partitions d’ Elsa Barraine ont des atouts pour s'imposer comme  de futurs classiques des salles de concerts ? 

Dans un premier temps, ce sont en tout cas des œuvres qui méritent d’être largement entendues!Vous remarquez le regain d’intérêt envers les compositrices du passé, c’est en effet un développement très positif. Il y a tant de bonne musique qui reste encore à être découverte et je suis convaincue que le public peut se révéler sensible à cette démarche et à l’émotion de découvrir des œuvres qui n’ont parfois jamais été jouées. C’est le cas de Pogromes de Barraine dans le disque de la WDR, pièce dont j’ai retrouvé la trace à la BNF à Paris. La formidable équipe des archives de la radio de Cologne, en collaboration avec la compositrice et chercheuse Magdalena Buchwald, ont préparé la partition et les parties d’orchestre à partir des brouillons trouvés à Paris en vue de l’enregistrement.

Dans cet enregistrement, l’orchestre symphonique de la WDR de Cologne, que vous dirigez, sonne admirablement avec une très belle clarté des timbres. Comment l’orchestre a-t-il réagi à cette musique qu’il devait découvrir à cette occasion ? 

L’orchestre a accueilli cette musique avec beaucoup de curiosité et d’ouverture. Ce sont des musiciens très flexibles, et je crois qu’ils ont été sincèrement surpris par la richesse et l’intensité de ces œuvres. Nous avons travaillé sur la transparence des textures, sur la respiration des phrasés, pour que cette musique parle d’elle-même, sans surcharge.

Marie Leclercq à propos du Festival Echo  des Falaises 

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Violoncelliste à l’Orchestre de Paris, Marie Leclercq est l’une des chevilles ouvrières du festival Echo de Falaises qui va se déployer les 22 et 23 août dans le cadre du Château de Butot-Vénesville en Normandie. Crescendo Magazine est heureux de s'entretenir avec Marie Leclercq pour évoquer ce festival dynamique.

Votre festival se déroulera en Normandie, au Château du profil de Butot-Vénesville et cet été, ce sera sa troisième édition. Pouvez-vous nous résumer l’histoire de ce festival ? Pourquoi ce lieu ?

A l’origine, une histoire de famille où chacun a voulu concrétiser son rêve.  Pour mes cousins, proposer une offre culturelle à un territoire rural dans un lieu patrimonial normand magnifique et tisser des liens avec des partenaires locaux (producteurs et collectivités).

Pour moi, violoncelliste à l’Orchestre de Paris, créer une parenthèse enchantée au mois d’août : construire une programmation musicale accessible à tous, d’une grande qualité pour combler les oreilles des plus experts et riche d’une variété de styles pour susciter la curiosité des plus novices.

Nous sommes quatre à travailler avec ardeur tout au long de l’année pour construire ce festival pas comme les autres, la motivation est à son maximum !

Le programme se déroule sur deux jours ? Pourquoi cette formule concentrée ?

Nous proposons aux festivaliers de passer le week-end entier avec nous ! Sur place, tout est pensé : d’une part, la programmation est très variée, entre concerts de musique de chambre, atelier et concert jeune public, contes pour tous âges (Contes de poche et Contes en musique), atelier découverte sur la composition et l’improvisation, scène ouverte dans le parc, installation sonore et visuelle… toute la famille et tous les publics y trouvent leur compte !

D’autre part, entre les différentes programmations, il est possible de se restaurer avec les foodtrucks de nos partenaires locaux installés dans le parc du château : délices régionaux en fête  (galettes, harengs et terrines de fruits de mer, frites et brochettes, cidre et bière du coin…) ! Les festivaliers peuvent aussi profiter des transats, s’adonner aux jeux d’extérieurs installés, discuter avec les bénévoles, les artistes et toute l’équipe du festival.

Konstantin Scherbakov, le piano en perspectives 

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C’est l’un pianistes les plus importants de notre époque qui se distingue par une immense curiosité musicale et une capacité à nous apporter un regard neuf sur les grands chefs d'œuvres du répertoire : Konstantin Scherbakov. Il fait paraître dans le cadre de l’intégrale en cours que Naxos consacre à l'œuvre pour piano de Franz Liszt, un album dédié à des transcriptions de partitions lyriques de Mozart et Donizetti. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec ce si grand musicien, bien trop peu médiatisé.  

Vous faites paraître un album consacré aux transcriptions d'opéras de Mozart et Donizetti par Franz Liszt pour Naxos. À la vue de votre discographie, vous semblez particulièrement attiré par la transcription, notamment celle de Liszt ? 

En effet, ma discographie contient un nombre inhabituel d'œuvres relevant du genre de la transcription. Plusieurs raisons expliquent cela : l'immensité du répertoire pianistique, ma propre curiosité et mes centres d'intérêt, ainsi que les demandes des labels avec lesquels je collabore. Avec ce dernier album, je contribue à l'un des projets les plus ambitieux de Naxos : l'intégrale des œuvres pour piano de Franz Liszt.

Vous avez enregistré les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt, et maintenant ses transcriptions d'opéras. Du point de vue de l'interprète, est-il nécessaire de « faire entrer l'orchestre » dans le piano ? Ces œuvres doivent-elles être abordées comme des réductions ou comme des compositions indépendantes ayant leur propre identité ?

Pour répondre à cette question, il faut d'abord clarifier ce qu'est réellement une transcription. À proprement parler, il faut distinguer la transcription, la réduction, le pot-pourri, la fantaisie sur un thème, la métamorphose (comme chez Godowsky), la paraphrase, etc. Si chacune de ces formes présente des caractéristiques techniques différentes, leur objectif est essentiellement le même : adapter une pièce initialement écrite pour un instrument ou un ensemble afin qu'elle puisse être jouée sur un autre. En d'autres termes, la transcription est un moyen de populariser des œuvres qui, sans cela, resteraient inaccessibles à un large public. Au fil des siècles, elle s'est développée pour constituer un répertoire à part entière, dont les origines remontent à l'Antiquité.

Une transcription commence lorsqu'un compositeur est inspiré par une œuvre, peut-être simplement un motif ou une mélodie, qui devient le point de départ d'une élaboration artistique. Dans le cas de Liszt, ce qui a commencé comme une commande d'un éditeur a fini par devenir un projet important dans son immense production : la transcription des neuf symphonies de Beethoven pour piano solo.

Lorsque l'on travaille sur un tel projet, on est inévitablement confronté à la question de l'interprétation. La réponse émerge à travers l'interprétation en direct. Aussi puissant et polyvalent soit-il, le piano ne peut imiter l'orchestre. Toute tentative en ce sens serait vouée à l'échec et ne mènerait qu'à la frustration. Le message et l'objectif de l'interprétation ne deviennent clairs que lorsque ces œuvres sont jouées comme de véritables pièces pour piano, lorsque l'instrument peut s'exprimer librement. Dépouillées de leur couleur orchestrale, ces transcriptions révèlent l'idée musicale pure, l'architecture audacieuse, la structure nue – Beethoven réduit à l'essentiel.

Liszt a abordé cette tâche avec un grand respect pour la lettre et l'esprit de la musique de Beethoven. Mais lorsqu'il s'agit de ses paraphrases, son approche est complètement différente. Ici, Liszt n'est pas seulement un arrangeur habile, c'est un créateur de nouvelles formes, un artiste débordant d'idées, d'imagination, de brillance pianistique et de magie. Ses paraphrases sont des œuvres pour piano indépendantes, avec leur propre structure, leur propre expression et leur propre forme.

La transcription, autrefois si populaire au XIXe siècle, est souvent considérée aujourd'hui avec un certain dédain. Pourtant, quelles sont les qualités qui nous aident à apprécier le génie d'un compositeur comme Liszt ?

Vous décrivez assez justement l'attitude actuelle envers la transcription. Dans les programmes de concerts académiques ou « sérieux », on trouve rarement une symphonie de Beethoven transcrite par Liszt ou une paraphrase d'opéra. Certains « connaisseurs » tournent le nez devant de tels programmes, et d'autres leur emboîtent le pas. Je considère cela comme une tendance qui finira par passer.

En réalité, les gens reconnaissent et apprécient la beauté de la musique, surtout lorsqu'elle se présente sous la forme d'une mélodie mémorable, qu'elle provienne d'un opéra ou d'une transcription. C'est la nature humaine, et il est vain de l'ignorer.

Cela dit, assister à un concert mettant à l'honneur, par exemple, l'une des transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt exige un engagement différent. C'est un défi intellectuel. Beaucoup d'auditeurs refusent ou sont incapables de faire cet effort.

Dietrich Fischer-Dieskau, un centenaire en miroir du temps 

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L’immense baryton Dietrich Fischer-Dieskau est né il y a 100 ans. A cette occasion les hommages se multiplient avec la réédition par Warner d’un coffret reprenant l'inégalité de ses albums de lieder et de mélodies pour les labels HMV, Emi Electrola, Teldec et Erato. De son côté, le brillant baryton Benjamin Appl, qui a eu la chance d'étudier avec le grand musicien, fait paraître un  superbe livre disque (Alpha)  qui est un hommage personnel à son mentor.  

Il y a des artistes, comme Dietrich Fischer-Dieskau, ou Maria Callas devant lesquels le critique est à court de mots, comment rendre compte, comment mettre des mots sur des talents légendaires.  Rien ne sert de refaire leur biographie ou de vider le dictionnaire de ses superlatifs, dans cet article, nous laissons la parole à Manuel  Fischer-Dieskau, le fils de l’artiste et à Benjamin Appl.

La première réflexion qui nous vient à l’esprit est la place du musicien dans la mémoire collective et que retenir de cet immense artiste ? Benjamin Appl nous confie “en tant que chanteur, j'admire beaucoup de choses chez lui. Tout d'abord, bien sûr, sa voix magnifique, associée à une intelligence remarquable et à une profonde sensibilité. Mais au-delà de cela, je respecte profondément son importance historique dans la culture allemande, en particulier dans le domaine du lied.”. Pour son fils Manuel : “même s'il y a peut-être maintenant quelques dignes successeurs, à mon avis, il conservera toujours une position particulière dans le domaine du chant. Cela reflète au moins le grand respect que je ressens encore aujourd’hui parmi tous mes collègues chanteurs lorsqu’ils parlent de mon père. Ses enregistrements ont tout simplement établi des normes qui serviront certainement d’exemples à de nombreuses générations futures de chanteurs”.  

Mais comment travaillait-il ses partitions en fonction de, son fils Manuel nous précise : il n’avait certainement pas de « liste de classement ». Il était toujours ouvert à tous les types de bonne musique et consacrait cent pour cent de son énergie artistique au répertoire qu'il chantait, qu'il s'agisse de Bach, Mozart, Schubert, Wolf, Britten ou Reimann.  Pour mon père, la préparation d’un programme de concert incluait toujours une étude intensive de l’environnement du compositeur, des influences – artistiques ou sociales – auxquelles le compositeur était exposé. Il a lu leur correspondance, étudié d’autres compositions créées à une époque similaire, regardé des tableaux de grands peintres créés l’année où les compositions respectives ont été créées, etc.

D’un point de vue purement « technique », mon père était l’un des rares artistes qui, dès leur plus jeune âge, avaient le « luxe » de répéter des programmes de chant ou des rôles d’opéra à l’aide de leurs propres enregistrements. Une image courante que j’ai en tête est celle de mon père se promenant dans le jardin avec un petit magnétophone à cassettes à l’oreille, chantant ses enregistrements pour rafraîchir sa mémoire de chansons ou de parties d’opéra.  D'un point de vue artistique, chaque nouvelle rencontre avec des partenaires différents au piano ou au pupitre du chef d'orchestre était, bien sûr, incroyablement importante et stimulante pour lui. C’est pourquoi il aimait changer si souvent de partenaire au piano.

Krisztina Fejes  à propos de l’oeuvre pour piano de Miklós Rózsa 

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La pianiste Krisztina Fejes fait paraître un disque consacré à l'œuvre pour piano du compositeur Miklós Rózsa. De ce dernier, on connaît essentiellement ses légendaires musiques de film à commencer par celle de Ben-Hur, mais l'œuvre de Miklós Rózsa  ne se limite pas aux bandes originales. C’est un corpus de très grande qualité qui se déploie avec richesses dans de nombreux domaines à commencer par la musique pour piano. Dans ce cadre, cette nouvelle parution et à marquer d’une pierre blanche par son excellence artistique qui rend hommage à l’art subtil de Miklós Rózsa. Crescendo-Magazine est heureux de s’entretenir  avec Krisztina Fejes.

Les œuvres pour piano de Miklós Rózsa sont relativement méconnues. Qu'est-ce qui vous a poussé à lui consacrer un album entier ?

En 2022, j'ai été invité par l'Orchestre philharmonique de Debrecen à interpréter Spellbound, un concerto pour piano basé sur le thème du film d'Hitchcock. C'était la première fois que je jouais de la musique de Rózsa en Hongrie, et cela a été un tournant. Cette expérience m'a plongé dans son univers. J'ai commencé à explorer son répertoire plus en profondeur et j'ai été à la fois inspiré et attristé par le peu d'attention accordée à sa musique de concert, en particulier dans son pays natal. J'ai découvert que sa Sonate pour piano n'avait jamais été jouée en Hongrie, ce qui m'a semblé être une omission flagrante. À partir de ce moment, je me suis consacré à des recherches approfondies. Son autobiographie Double Life m'a été d'une aide précieuse dans ce processus, m'apportant des informations précieuses sur la genèse de ses œuvres. En tant que musicienne hongroise, je me sens personnellement responsable d'honorer et de promouvoir l'héritage artistique de Rózsa. Bien qu'il soit célébré internationalement pour ses musiques de films, ses compositions classiques restent injustement méconnues. Je pense qu'elles méritent une place beaucoup plus importante dans le répertoire de concert. Même sa bande originale de Ben-Hur, souvent considérée comme purement cinématographique, est une œuvre symphonique puissante. Comme le dit le proverbe : nul n'est prophète en son pays.

Le label Hungaroton a-t-il été facile à convaincre de vous soutenir dans ce projet ?

Lorsque Hungaroton m'a invité à soumettre des idées de programme, je leur ai proposé plusieurs options, notamment des œuvres de Beethoven et de Liszt. Parmi celles-ci, la proposition d'enregistrer la musique pour piano de Miklós Rózsa s'est démarquée comme quelque chose de vraiment unique. Ils ont immédiatement reconnu sa valeur, surtout compte tenu du peu d'attention accordée aux œuvres de concert de Rózsa en Hongrie, et nous sommes parvenus à un accord presque sans effort. Cet album comble une véritable lacune dans le paysage musical classique. À ma connaissance, aucun pianiste hongrois n'avait encore entrepris d'enregistrer l'intégrale des œuvres pour piano solo de Rózsa sur un seul disque, ce qui a fait de ce projet à la fois un défi significatif et une mission artistique.

Miklós Rózsa est né à Budapest, où il a fait ses études, mais son nom reste associé à son travail aux États-Unis et à ses illustres musiques de films. Quelle place occupe Miklós Rózsa dans la mémoire musicale hongroise ?

Comme beaucoup de musiciens et compositeurs hongrois de renom, tels que György (Georg) Solti ou Béla Bartók, qui ont fui le pays, Rózsa a également cherché sa chance à l'étranger. Il a commencé ses études à Budapest, il les a ensuite poursuivies à Leipzig, puis à Paris, avant de s'installer finalement aux États-Unis via Londres. C'est là-bas, grâce au soutien des frères Korda, qu'il est entré dans le monde de la musique de film et a acquis une renommée mondiale.

Aujourd'hui, l'héritage de Rózsa est peu à peu redécouvert en Hongrie. À l'occasion du 30e anniversaire de sa mort, plusieurs concerts symphoniques ont été organisés en son honneur, et de nombreux solistes hongrois de renom ont inclus sa musique dans leur répertoire. Son nom est de plus en plus présent, non seulement en tant que « roi de la musique de film », mais aussi en tant que compositeur dont les œuvres classiques méritent une place solide et durable dans la mémoire culturelle hongroise.

Festival international de Colmar 2025 : concert des Belgian Brass et places à gagner 

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Le Festival international de Colmar se déroulera cette année du 3 au 14 juillet. Alain Altinoglu, cher au cœur du public belge et bruxellois en particulier, est le directeur artistique de cette prestigieuse manifestation alsacienne. 

Tout au long du festival, des concerts symphoniques et des récitals illuminent les journées mais l’un de ces concerts aura des couleurs belges avec la venue de l’ensemble Belgian Brass sous la direction d'Erik Desimpelaere. Ce concert se déroulera le dimanche 13 juillet à l’église Saint-Matthieu à 20h30 avec un programme  Gustav Holst : Les Planètes et Erik Desimpelaere :  High Definition (autour de grands thèmes du cinéma : Pirate des Caraïbes, Gladiator, Mission Impossible, Jurassic Park, ...). Dans High Definition,   Erik Desimpelaere s’amuse à y mêler références classiques (Bach, Stravinsky...) et thèmes cinématographiques populaires dans une flamboyante fresque sonore. Un concert haut en couleur !

Né du quintette Belgian Brass Soloists, le prestigieux ensemble Belgian Brass s’est donné pour mission de faire découvrir la musique de tous les temps et de tous les genres au public le plus large possible. Composé d'éminents musiciens, tous solistes dans de grands orchestres européens, le Belgian Brass s’amuse à repousser les limites de la virtuosité et de la musicalité.

Le festival de Colmar vous propose de gagner 3 fois 2 places pour ce concert pour les premières personnes à nous écrire à notre adresse : crescendo.mus@skynet.be 

Michel Béroff, panorama rétrospectif 

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Erato nous comble avec l’édition d’un coffret reprenant les enregistrements du pianiste Michel Béroff, une somme magistrale et essentielle qui nous offre un parcours riche et intense de Bach à Messiaen. Le mélomane se plaît à réécouter, voir même redécouvrir, tant de grands enregistrements de cet artiste unique et fascinant. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec cette légende vivante du piano.  

Quel est votre sentiment quand vous avez reçu ce coffret de 42 disques, reprenant vos albums pour Erato ? Est-ce que vous avez réécouté ces enregistrements ? 

J’ai été extrêmement touché que EMI (ERATO) sorte ce coffret à l’occasion de mon 75ème anniversaire. Il concerne principalement mes enregistrements des années 70 et 80, et bien que la « date de péremption » soit dépassée depuis quelques décennies, je n’ai eu ni l’envie ni la curiosité de les réécouter. 

A la lecture du plantureux programme de ces disques, le mot éclectisme me vient à l’esprit. Est-ce que c’est un terme que vous revendiquez dans le cadre de vos choix de répertoire ? Comment s’est construite cette discographie ? Selon le fruit de vos envoies ou en fonction du hasard des rencontres et des opportunités ?  

Je pourrais répondre positivement à chaque proposition ! Bien entendu, l’éclectisme n’est autre qu'une curiosité tellement indispensable à tout musicien ; et naturellement le reflet de mes goûts musicaux. Les rencontres sont elles aussi déterminantes et nourrissent le plaisir … et la réussite souhaitée des d’enregistrements. Les opportunités « maîtrisées » sont elles aussi importantes, et souvent très enrichissantes dans leurs confrontations.

Dans ce coffret, il y a deux intégrales majeures des partitions pour piano et orchestre de Franz Liszt et des concertos pour piano de Serge Prokofiev avec le Gewandhaus de Leipzig et Kurt Masur. Comment un jeune pianiste français s’est-il retrouvé à enregistrer Liszt de l’autre côté du rideau de fer en pleine guerre froide ? 

L’idée est venue de la direction anglaise de EMI. J’ai accepté avec grand enthousiasme d’enregistrer les 5 concertos de Prokofiev ; les intégrales étaient très peu nombreuses à l’époque. Le vénérable Gewandhaus de Leipzig était une opportunité rare, et Kurt Masur, grand Kapellmeister, pas encore l’immense chef qu’il allait devenir. Le succès de ce coffret, et la très bonne connivence avec Kurt Masur et le Gewandhaus ont fait la suite. Mon directeur artistique, Eric Macleod, m’a ensuite proposé de continuer les voyages compliqués à travers l’Allemagne de l’est des années 1970, pour enregistrer ce qui était à l’époque l’intégrale des œuvres pour piano et orchestre de Liszt … compositeur que j’aimais depuis longtemps déjà. 

Justement à propos de Liszt, vous avez enregistré les deux concertos mais aussi toutes les partitions concertantes, souvent méconnues et plutôt considérées avec dédain comme la Fantaisie sur un thème de Lélio de Berlioz ou Malédictions. Qu’est-ce qui vous avait motivé à vous intéresser à ces partitions ? 

La curiosité et le challenge ont fonctionné à merveille. Une fois le déchiffrage de ces œuvres terminé, le travail en profondeur révèle toujours d’inestimables beautés. Malédiction, en particulier, mériterait d’être jouée régulièrement. Mon amour pour Berlioz, et la générosité avec laquelle Liszt transcrivait beaucoup d’œuvres de ses contemporains m’ont motivé aussi grandement.

Vous avez joué, à l’âge de onze, dans des extraits des Vingt regards de l’Enfant Jésus devant Olivier Messiaen et son épouse Yvonnes Loriod. Vous avez ensuite particulièrement bien servi Messiaen au disque et vos enregistrements sont des références. Qu'est-ce qui vous attire chez Messiaen ? 

Avant d’en être conscient, j’étais déjà nourri à la musique d’Olivier Messiaen, par le biais des disques que mon père écoutait fréquemment. Lorsque j’ai commencé, à l’âge de 10 ans à jouer quelques pièces, j’ai  reconnu ce langage, qui m’est rapidement devenu totalement familier. Les modes et les rythmes de son langage ne me posaient aucun problème de compréhension ; seuls les problèmes techniques ont nécessité quelques heures de travail … Les années suivantes, j’ai travaillé ses œuvres parallèlement au travail plus traditionnel du Conservatoire. La richesse de son écriture, due peut être en partie à l’extraordinaire pianiste qu’était Yvonne Loriod, la grande complexité rythmique, le chatoiement de ses modes, les proportions magiques, la lumière mystique qui baigne toute son œuvre, sont des éléments qui n’ont jamais cessé de m’éblouir. 

Cansu Şanlıdağ, à propos de  Philipp Scharwenka

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La pianiste Cansu Şanlıdağ nous propose un premier disque consacré à des œuvres pour piano  du compositeur allemand  Philipp Scharwenka (Pavane). Ce choix séduit par son originalité éditoriale et l’album convainc par sa justesse musicale. Crescendo Magazine a voulu en savoir plus et s’est entretenu avec l’artiste. 

Qu’est-ce qui vous a motivé à consacrer un album à des œuvres pour piano de Philipp Scharwenka ?  D’autant plus pour un premier album ? 

La toute première fois que j’ai entendu Scharwenka, c’était sa Sonate pour violon et piano, op. 114. Et je me souviens très précisément de ce moment : cette sensation physique presque inexplicable, comme si quelque chose s’ouvrait dans la poitrine. Ce genre de réaction qu’on a face à une très belle mélodie qui semble nous parler directement, sans détour.

Ce n’était pas une musique complexe ni spectaculaire — au contraire, c’était d’une simplicité lumineuse, presque pudique, mais bouleversante. Et ce qui m’a frappé ensuite, c’est le silence qui l’entoure. Comment une musique aussi sincère, aussi juste, a-t-elle pu rester dans l’ombre aussi longtemps ?

Pour moi, il était évident que ce compositeur méritait d’être réentendu. Et en même temps, j’aimais l’idée de commencer mon parcours discographique avec un geste fort : faire entendre une voix oubliée, mais profondément émouvante. C’était à la fois un choix de cœur et une manière d’affirmer une certaine vision de l’engagement artistique.

Comment avez-vous découvert le compositeur ? 

Ma découverte de Philipp Scharwenka est liée à un parcours un peu inattendu… qui commence avec Eugène Ysaÿe.

J’ai eu la chance de participer à un projet autour d’un Poème concertant récemment redécouvert, une œuvre magnifique qu’on a pu jouer et enregistrer avec le violoniste Philippe Graffin. Ce poème avait été édité par le musicologue Xavier Falques, dont le travail a été absolument déterminant.

L’œuvre était dédiée à Irma Sethe — une personnalité oubliée, mais fascinante — et c’est grâce aux recherches approfondies de la musicologue Marie Cornaz que nous avons découvert qui elle était. Son histoire, sa place dans le paysage musical de son époque nous ont tellement touchés que nous avons eu envie de lui rendre hommage à travers un concert à la Bibliothèque royale de Belgique (KBR).

C’est dans ce contexte, en consultant les partitions qui lui avaient été dédiées, que je suis tombé sur une Sonate de Philipp Scharwenka, également écrite pour elle. La découverte de cette pièce a été un vrai choc musical — et c’est à partir de ce moment-là que mon exploration de son œuvre a véritablement commencé.

Rencontre avec Alexander Liebreich 

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Le chef d’orchestre  Alexander Liebreich vient d’être désigné directeur musical de l'orchestre symphonique de Taipei (TSO). Un développement passionnant dans une carrière internationale que Crescendo-Magazine suit avec attention tant les projets initiés par le chef  se révèlent inspirants et exemplaires d’une vision artistique. Crescendo-Magazine est heureux de s’entretenir avec ce formidable musicien. 

Vous venez d'être nommé Directeur musical de l'Orchestre symphonique de Taipei (TSO). Qu'est-ce qui vous a motivé à accepter ce poste ?

Les critères les plus importants pour prendre une décision sont de voir un espace de développement et la preuve de valeurs culturelles. Quand on m'a posé la question, j'ai également été surpris. Ma collaboration avec le TSO a commencé il y a déjà 17 ans, nous sommes deux partenaires qui se connaissent déjà depuis un certain temps.

D'un point de vue géographique européen, nous ne connaissons pas très bien la scène orchestrale taïwanaise. Quelles sont les qualités de l'Orchestre symphonique de Taipei (TSO) ?

Taipei et le National Concert Hall sont depuis de nombreuses années un pôle important de la scène musicale classique. De grands solistes, ensembles et orchestres y ont fait de nombreuses tournées. Ces dernières années, les orchestres de Taïwan se sont installés au National Concert Hall, simplement parce que de nombreux jeunes musiciens ayant étudié à l'étranger sont revenus à Taïwan. De plus, le système éducatif accorde une grande importance à la musique, aux arts et à la culture sous toutes leurs formes. Les orchestres symphoniques sont devenus des institutions importantes grâce à la confiance retrouvée et à la saine ambition des musiciens taïwanais.

Quel sera votre projet artistique pour cet orchestre ?

Le TSO a un concept de programmation clair qui consiste à combiner le répertoire classique avec la musique nouvelle. À côté de cela, nous avons des projets d”opéras. J'ai beaucoup travaillé en Asie - nous devons inclure des artistes, des solistes et des compositeurs asiatiques de premier plan.

Vous êtes le directeur musical de l'orchestre symphonique de Valence en Espagne, une ville qui a été frappée par de terribles inondations. Comment un orchestre peut-il aider la population en ces temps difficiles ?

La ville et ses habitants sont encore sous le choc. La communauté valencienne a réagi de manière solidaire, et cette solidarité a été et est toujours très forte dans toute l'Espagne. La musique peut aider, tout comme le contact social. Je me sens très proche de nos musiciens, certains membres de notre orchestre ont perdu leur maison ou d'autres biens nécessaires. Je suis très touché par la forte empathie du peuple valencien.

Vous avez occupé le poste de directeur musical dans de nombreux pays (Pologne, Espagne, République tchèque, etc.) et maintenant en Asie. Vous décririez-vous comme un globe-trotter musical ?

Bien sûr, je voyage beaucoup, mais en réalité, je tourne en rond depuis 25 ans. L'Asie a toujours été en équilibre avec l'Europe. La Corée, le Japon, la Chine et Taïwan m'ont toujours beaucoup intéressé depuis mes études. L'Europe de l'Est, en raison de mes propres racines en Moravie, est également devenue un espace artistique important pour moi. Les États-Unis n'ont jamais suscité un intérêt plus grand... Je suppose qu'il y a des développements et des énergies naturelles et logiques.