Haydn, Ravel et Stravinsky par le quatuor Tesla

par

Maurice RAVEL (1875-1937) : Quatuor à cordes en fa majeur – Menuet sur le nom d’Haydn (trans. Ross Snyder) - Menuet antique (trans. Ross Snyder) - Menuet en do dièse mineur (trans. Ross Snyder) ; Joseph HAYDN (1732-1809) : Quatuor à cordes en do majeur op.54 no.2 ; Igor STRAVINSKY (1882-1971) : Concertino pour quatuor à cordes. Tesla Quartet. 2018-DDD-1h02’53’’-Texte de présentation en anglais-ORCHID CLASSICS-ORC100085

A l’occasion de son dixième anniversaire, le Tesla Quartet sortait, en septembre dernier, un premier album salué unanimement par la critique outre-Manche -et à juste titre ! Le Quatuor de Maurice Ravel, qui a valu à l’ensemble un deuxième prix (ainsi que plusieurs prix spéciaux) à la Banff International String Quartet Competition en 2016, donne le coup d’envoi d’un programme très bien construit. Dans ce chef d’œuvre d’un jeune Ravel de 27 ans, qui s’attaquait pour la première et unique fois à ce genre exigeant, les Tesla développent un phrasé souple et une belle mise en valeur des contre-chants. Dans le deuxième mouvement, le tempo assez retenu permet un caractère fier, espagnol, loin de la cavalcade mouvementée des Emerson (Deutsche Grammophon, 1990). L’attention portée à la qualité sonore qui se retrouve dans la rondeur des pizzicati, ne se dément ni dans le troisième mouvement au timbre transparent, ni dans la texture orchestrale du final.

Alors qu’au disque, le Quatuor de Ravel est presque toujours associé à son aîné de 10 ans, le Quatuor en sol mineur de Debussy, le Tesla Quartet met en évidence son esthétique néo-classique en le couplant avec le Quatuor op.54 no.2 de Josef Haydn. Ross Snyder, le premier violon, insuffle un vent de fraîcheur et de spontanéité dans ces longues élancées en arpèges brisés présentes tout au long du mouvement, parfois un rien carrées et rigides dans d’autres versions (voir le Julliard Quartet et le Pro Arte Quartet). Le moment le plus poignant de l’album est certainement l’étrange deuxième mouvement : une mélodie austère harmonisée à trois ou quatre voix sert de tapis sonore à des improvisations (écrites, bien sûr) lancinantes et douloureuses du premier violon. 

La troisième pièce maîtresse, le Concertino de Stravinsky, fut composée en 1920 sur une commande du quatuor Flonzaley. Dans une structure rappelant une forme sonate, deux parties plus rythmiques entourent une cadence en doubles cordes du premier violon.

Trois menuets, écrits par Ravel entre 1895 et 1909 pour piano et arrangés par Ross Snyder pour quatuor, servent de transitions entre les pièces majeures. Parmi eux, le Menuet sur le nom de Josef Haydn : la Revue musicale mensuelle de la Société Internationale de Musique, pour célébrer le centenaire de la mort d’Haydn, avait commandé à 6 compositeurs (Ravel, Debussy, D’Indy, …) une courte pièce comprenant la transcription musicale du nom HAYDN.

Parallèlement à des concerts qui le conduisent principalement en Europe et en Amérique du Nord, le Tesla Quartet mène des activités assez variées, allant de projets pédagogiques à la création contemporaine. Son prochain disque autour du quintette avec clarinette, en collaboration avec Alexander Fiterstein, sortira en octobre 2019 !

Aline Masset, reporter de l’IMEP

 

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