Horizons contemporains à Amsterdam

par

Horizon 10. Oeuvres de Detlev Glanert, Martijn Padding, Christiaan Richter, Blai Soler, Theo Verbey, Rick van Veldhuizen, Bram Kortekaas, Celia Swart, Nick Woud, Wolfgang Rihm, JabobTV, Ryan Wigglesworth, Rob Dirksen. Royal Concertgebouw Orchestra, Semyon Bychkov, Jaap van Zweden, George Benjamin, Santtu-Matias Rouvali, Gustavo Gimeno, Fabio Luisi, Antony Hermus, Alain Altinoglu, François-Xavier Roth, Ryan Wigglesworth, Alexei Ogrintchouk.   2017-2021. Livret en anglais, allemand, français et nerlandais. 171’3’’.  RCO 20002. 

L’orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam est un fidèle pilier de la création contemporaine qu’il documente avec célérité dans le cadre de la belle collection "Horizon" de son label. Ce volume n°10 nous propose un large panorama enregistré entre 2017 et 2021.

Cette fenêtre éditoriale est une véritable ouverture sur les horizons contemporains qu’ils soient purement symphoniques ou parfois chambristes. On retrouve des grands noms internationaux comme Wolfgang Rihm, Detlev Glanert et Ryan Wigglesworth, des compositeurs néerlandais reconnus comme Theo Verbey, Jacob TV (Jacob ter Veldhuis) et Martijn Padding et des jeunes talents Christiaan Richter, Bram Kortekaas, Rick van Veldhuizen  et Celia Swart. Sans oublier 2 invités internationaux : l'Anglais  Ryan Wigglesworth et l'Espagnol Blai Soler. 

Les différents styles de ces compositeurs montrent également la richesse de la scène actuelle partagée entre des aînés au style très caractéristique même si parfois nostalgique et une jeune génération qui se cherche parfois avec un talent inné mais parfois avec une forme de timidité, mais c’est le lot de la jeunesse. Dans tous les cas, il est admirable de voir qu'un orchestre de légende comme le Concertgebouw soutient la jeune génération nationale. 

Chez Celia Swart, on aime la beauté des textures et le ton méditatif de ses Reflections, une sorte de miroir instrumental aux timbres étincelants. Christian Richter séduit également avec son Wendingen, évocation musicale de l’architecture de l’école d’Amsterdam cernée avec un sens des couleurs instrumentales, une énergie communicative et une grande beauté des textures. Certes on sent parfois poindre la palette de Messiaen et la force de Xenakis, mais cette partition est ciselée dans ses moindres détails est une découverte majeure de ce coffret. Devant le succès de Wendingen,  Christian Richter a aussitôt reçu une nouvelle commande de l’orchestre. Son  2270 célèbre les 250 ans de la naissance de Beethoven. La partition reprend de courts extraits de Concerto pour piano n°4.  L'oreille retrouve cette finesse de trait et ce brio instrumental déjà remarqué avec  Wendingen. Christian Richter, un nom à suivre ! Le Sol de l’Espagnol Blai Soler est également une grande réussite par son sens d’une orchestration en parcimonie mais qui sait créer des alliages instrumentaux originaux. 

D’autres œuvres sont certes bien écrites, mais moins marquantes comme le Mais le corps est taché d’ombres de Rick van Veldhuizen,  bien troussée dans son instrumentation mais un peu en retrait ou le planant Softly Bouncing de Martijn Padding, un peu trop uniforme de ton. De son, côté Rob Dirksen dresse un portrait sombre dans Resilience sorte de danse tragique pour orchestre de chambre. 

Le regretté Theo Verbey, très lié au Concertgebouw, présente son Ariadne, créé ici à titre posthume en 2020. L'ondoiement des textures instrumentales impose une beauté froide et désenchantée.

Jacob TV (Jacob ter Veldhuis) livre un brillant Who, What, Where, When, Why? sorte de fantaisie dynamique sur les temps présents. La motorique est brillante et elle permet de faire miroiter les pupitres de l’orchestre dans un  tournoiement digne d’un John Adams. 

Ryan Wigglesworth fait preuve d’une formidable maîtrise d’écriture avec son Clocks from A Winter’s Tale, inspiré par son opéra A Winter’s Tale d’après Shakespeare. En trois parties, cette oeuvre aux teintes sombres déploie une enveloppe sonore puissante et évocatrice  d’un univers de noirceurs, c’est assez “brittenien” dans la beauté plastique et la tension dramatique. 

Du côté des grands aînés Detlev Glanert est à son meilleur  avec son Weites Land (Musik mir Brahms), dont la sève brahmsienne s’écoule dans les veines instrumentales avec une puissante écriture néo-romantique. Dans Sostenuto,  Wolfgang Rihm explore une veine également du passé avec un art imposant de la forme et de la maîtrise instrumentale, c’est l’une de ses meilleures partitions récentes. 

Tout au long de ces 3 disques, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam est évidemment magistral autant en tutti dans des les œuvres pour orchestre de chambre ou petit effectif instrumental. Les interprètes, parmi les meilleurs des meilleurs, sont au service de ces esthétiques multiples avec dévotion et attention.  

Un beau coffret qui ouvre les perspectives sur la musique de notre temps. Notons que contrairement de plus en plus d’éditeurs, le label amstellodamois propose ses plantureux booklets dans une traduction française, c’est toujours un petit plus hautement apprécié. 

Son : 10 - Livret : 10 - Répertoire : 9 - Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

  

 

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