Les 80 ans de Krzysztof Penderecki –3

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Le jubilaire à son poste d'observation © Bruno Fidrych

Mercredi soir, grande salle de la Philharmonie. La soirée débutait par le  Concerto pour flûte et orchestre (2012) avec le flûtiste Lukasz Dlugosz et Jesus Lopez-Cobos qui dirigeait l’excellent orchestre polonais Sinfonia Iuventus formé des meilleurs éléments des académies de musique de Pologne, tous âgés de moins de 30 ans.

C’est avec cet orchestre que Krzysztof Penderecki réalisa l’intégrale de ses symphonies chez Dux (lire le compte-rendu en nos pages). Le Concerto pour flûte, daté de 1995, débute par un solo entrant subtilement en dialogue avec le flûtiste de l’orchestre avant de rejoindre les autres vents, jusqu’aux plus graves, engendrant ainsi un univers de contrastes qui ne manque pas d’intérêt. Nous retrouvions ensuite le jeune chef Rafael Payare pour De Natura Sonoris III (2012) dont le premier volet date de 1966 et le second de 1971, tous deux écrits dans le langage radical qu’adoptait le compositeur à l’époque. La « nature sonore » de 2012 joue sur le timbre et la répartition des couleurs qui, pour l’occasion, mettent en valeur la qualité des premiers pupitres avec une partie médiane totalement consacrée aux multiples percussions, des plus petites aux plus abondantes. Suivait, dirigé par  Maximiano Valdés, le Largo pour violoncelle et orchestre, un long chant aux accents juifs entrant ensuite en dialogue avec le premier violoncelle de l’orchestre, une grande fresque lyrique qui se tend et se détend, une longue méditation, un chant d’amour, un chant d’adieu aussi puisque l’on sait que c’est la dernière pièce que joua Rostropovitch -pour qui elle fut écrite- avant sa mort.
Selon le schéma de la programmation devenu coutumier, la deuxième partie de la soirée était consacrée à une grande œuvre symphonique. Il s’agissait ici de la 8e Symphonie, « Chants de l’Ephémère », créée en neuf mouvements à Luxembourg en 2005 et comportant aujourd’hui douze mouvements. Cette grande œuvre est écrite pour soprano, mezzo, baryton, chœur mixte et orchestre et développe en son sein la réflexion intime du compositeur passionné par la nature et son arboretum qu'il cultive tout autant que la musique. L’œuvre est posée sur des textes de poètes allemands de la fin du 19e siècle et du début du 20e, tous poèmes prenant leur sève au creux des mystères de la nature, de l’arbre, métaphore de l’existence humaine, de la création musicale. On citera Rilke, Goethe, Eichendorff, von Arnim, Brecht, Kraus,… Un très grand orchestre, une très grande œuvre, d’excellents interprètes en la personne du chef d’orchestre Lukasz Borowicz et des solistes : la soprano Iwona Hossa remplaçant Michaela Kaune, la mezzo-soprano Agnieszka Rehlis, le baryton Mariusz Godlewski et le Chœur Philharmonique de Cracovie. Une parfaite fusion vocale, un parfait engagement. "Standing ovation bien sûr". Une très grande soirée.
Bernadette Beyne
Varsovie, le 20 novembre 2012  

Le violoncelliste Claudio Bohorquez dans le "Largo pour violoncelle et orchestre" © Bruno Fidrych
Le violoncelliste Claudio Bohorquez dans le "Largo pour violoncelle et orchestre" © Bruno Fidrych
Le jeune chef Rafael Payare dirigeant "De Natura Sonoris III". Un grand moment ! © Bruno Fidrych
Le jeune chef Rafael Payare dirigeant "De Natura Sonoris III". Un grand moment ! © Bruno Fidrych

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