Elisabeth Jacquet de La Guerre, 295 ans

par

La compositrice et claveciniste française de la période baroque Élisabeth Jacquet de La Guerre ou Élisabeth-Claude Jacquet de La Guerre est née Élisabeth Jacquet le 17 mars 1665 dans la paroisse Saint-Louis-en-l'Île de Paris et morte le 27 juin 1729 à Paris. Elle est la plus célèbre compositrice de l'Ancien Régime sous Louis XIV et Louis XV.

Elle est le second enfant du couple Claude Jacquet et Anne de la Touche. Son père appartient à une dynastie de musiciens bien connue aux ramifications multiples. C'est lui qui se charge de l'éducation musicale d'Élisabeth et de ses trois frères et sœurs, qu'il mène avec autorité et ambition, étant lui-même facteur de clavecins.
Enfant prodige, Élisabeth Jacquet de La Guerre inaugure sa carrière de virtuose en jouant du clavecin à cinq ans devant Louis XIV.

En 1684, elle épouse Marin de La Guerre (1658-1704), organiste de l'église Saint-Séverin, issu lui aussi du milieu musical. Elle associe à son nom de naissance le nom de son mari lui permettant ainsi de bénéficier de la renommée des deux familles et de tisser des liens dans la communauté musicale.

Elle est l'une des rares compositrices de cette époque.

Sur le plan musical, la compositrice fait preuve de modernité. Avide de découvertes, Élisabeth Jacquet de La Guerre se classe sans conteste au rang des novateurs et pionniers. Son écriture révèle un véritable génie, capable d'absorber les courants nouveaux de son entourage musical. Dans la virulente dispute autour de la suprématie de la musique française ou italienne, elle prend clairement parti contre les traditionalistes en défendant l'idée de la « réunion des goûts ».

Ses œuvres personnelles sont toutes, à des degrés divers, imprégnées d'influences italiennes. Elle s'essaie à tous les genres : musique religieuse ou profane, pièces de tradition française, « importations » italiennes.
À la fois claveciniste, organiste, virtuose, improvisatrice et compositrice hors pair, Élisabeth Claude Jacquet de La Guerre est l'une des personnalités les plus étonnantes de l'histoire de la musique.

En plus d'enseigner et de jouer en concert, Élisabeth Claude Jacquet de La Guerre compose plusieurs œuvres. Elle compose une tragédie lyrique, Céphale et Procris qui est interprétée à l'Académie royale de musique. C'est un échec. La question du lien possible entre la non-adhésion du public et son statut de femme se pose.

Par la suite, elle travaille parfois de pair avec Sébastien de Brossard.

En 1707, elle publie six sonates pour violon et pour le clavecin, ainsi que ses Pièces de clavecin. Les six Sonates pour le Viollon et pour le Clavecin sont jouées à la Cour au petit couvert du Roi. On rapporte qu'à la fin du dîner, « Sa Majesté parla à Mlle de la Guerre, d'une manière très-obligeante, & après avoir donné beaucoup de loüanges à ses Sonnates, elle luy dit qu'elles ne ressembloient à rien. On ne pouvoit mieux loüer Mlle de la Guerre, puisque ces paroles font connoistre que le Roy avait non seulement trouvé sa Musique très-belle ; mais qu'elle est originale, ce qui se trouve aujourd'huy fort rarement. »

Elle publie également deux collections de cantates françaises tirées de textes d'Antoine Houdar de La Motte. De ces cantates provient l'histoire de Judith. Sébastien de Brossard en donne également sa propre version et, comme l'explique Cabrini, le compositeur suit de près la narration en mettant l'accent sur les mouvements et l'action, plutôt que sur les personnages et leur développement au fil de la pièce. Jacquet de La Guerre, pour sa part, toujours d'après Cabrini, a préféré un accompagnement instrumental et symphonique afin de laisser de la place mélodique à Judith, quoique le texte minimise son rôle. Les dédicaces de ses œuvres sont adressées au roi Louis XIV.

Trois cantates françaises sont dédiées à l'Électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière, frère de la Dauphine, grand amateur de musique et lui-même joueur de viole de gambe : pour ce dernier, alors en séjour à Suresnes, elle compose La Musette ou les Bergers de Suresnes, qui fut joué devant lui.

Pratiquer un instrument de musique en tant qu'amatrice faisait partie de l'instruction que recevaient les femmes. En revanche, mener carrière indépendante en tant que musicienne est une chose exceptionnelle.

Élisabeth Jacquet de La Guerre est considérée comme l'une des premières femmes en France à avoir composé un opéra-ballet et elle est reconnue pour sa musique pour le clavecin. Novatrice encore, comme dans la cantate, Élisabeth Jacquet de La Guerre compte parmi les tout premiers compositeurs de sonates en France aux côtés de son contemporain François Couperin.

Les commentaires sont clos.