Beethoven authentique

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n°1, op.21 – Symphonie n°2, op.36
Orchester Wiener Akademie, Martin Haselböck, direction
2015-DDD-56’44-textes de présentation en anglais, français et allemand-Alpha 470

Retourner dans les lieux de créations des neufs symphonies de Beethoven avec une approche plus authentique. Voilà le projet que se sont lancés l’Orchester Wiener Akademie et Martin Haselböck. C’est à Vienne et dans six endroits différents qu’ont été jouées pour la première les symphonies de Beethoven. Il n’en demeure aujourd’hui plus que quatre ainsi que huit autres salles et théâtres viennois où ont pu être joués ces sommets. A noter également le choix de jouer ces symphonies avec les effectifs dont disposait le maître à l’époque ainsi qu’un retour à une spatialisation parfois surprenante (le chœur devant l’orchestre dans la Symphonie n°9 par exemple). Ce sont les deux premières symphonies qui ouvrent le bal, celles dont Berlioz se plaignait de les entendre trop rarement. La première est terminée en 1800 et créée le 2 avril au National Hoftheater de Vienne sous la direction du compositeur. L’oeuvre affiche encore, malgré déjà une émancipation évidente, les traits et caractéristiques d’Haydn et Mozart. La Seconde Symphonie est créée trois ans plus tard au Theater an der Wien, tout comme le Concerto pour piano n°3 et l’oratorio Le Christ au mont des Oliviers, toujours sous la direction du compositeur. Malgré les problèmes personnels du compositeur durant l’année 1802, ce sont la joie de vivre et une énergie débordante qui caractérisent l’œuvre.
D’un point de vue interprétatif, nous ne pouvons que saluer le regard authentique porté par Martin Haselböck et son Orchester Wiener Akademie. Dans les deux symphonies proposées ici, le chef a le sens des tempi, parvient à les agencer en fonction des indications du compositeur, et offre ainsi à chaque mouvement le caractère adéquat. Dans des tempi relativement allants, Haselböck fait ce qu’il veut de son orchestre, du plus petit pizz aux tutti magistraux. Une énergie marquée par un élan dramatique ininterrompu fait place à des passages plus lyriques où le respect de la ligne mélodique prime sur le reste. Les attaques sont franches, efficaces et donnent à l’interprétation un caractère envolé. On est ici proche de l’opéra, et inévitablement des dernières symphonies de Mozart, apportant aux œuvres une sorte de fraîcheur et une sensation de gaieté permanente. Se démarquent, de la finesse et des respirations des mouvements lents aux menuet et scherzo, un dialogue efficace entre les vents (avec quelques attaques néanmoins brutales et parfois trop en avant) et les cordes, un discours dépoussiéré dans une approche nerveuse mais contrôlée et des conduites de phrases irréprochables. Le chef dispose d’une belle baguette qui fait transcender ici chaque motif. Avec un producteur, Stephan Reh, qui tente de restituer les particularités acoustiques des lieux et un chef qui cherche à reconsidérer les sonorités d’époque, voilà un premier enregistrement qui fera sans doute parler de lui, avec un Orchester Wiener Akademie en forme et efficace.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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