Christoph Eschenbach dirige Bruckner

Anton Bruckner (1824-1906) : Symphonie n°2 en ut mineur, WAB 102 (Version de 1877). Bamberger Symphoniker, Direction : Christoph Eschenbach. 2024. Livret en anglais, allemand et français. Accentus. ACC 30652.
Si on liste les grands brucknériens de notre époque, peu de commentateurs vont citer le nom de Christoph Eschenbach. Pourtant, tout au long de sa carrière, le vénérable maestro a toujours dirigé Bruckner avec assiduité, inspiration et probité. Cependant sa discographie reste numériquement faible et à part une Symphonie n°4 avec l’Orchestre de Paris (Ondine), son legs discographique se concentre uniquement sur les symphonies n°2 et n°6 dont il est un dévoué récidiviste. Il s’agit ici de son deuxième enregistrement de la Symphonie n°2 après celui au pupitre du Houston Symphony Orchestra (Koch).
Des symphonies de Bruckner, la n°2 n’est pas la plus programmée, ni la plus enregistrée en dehors d’intégrales, pourtant la partition présente de grandes qualités qui se magnifient sous la direction inspirée de Christoph Eschenbach. Le chef d’orchestre insiste sur l’originalité de l’écriture brucknérienne qu’il tire vers sa maturité. Il combine l’ampleur dynamique avec une fluidité parfaite. Les équilibres sonores sont soignés et le tempo, plutôt modéré, permet de sculpter la masse instrumentale sans jamais alourdir le propos. La cohésion de cette lecture en impose mais on apprécie encore plus la qualité des nuances d’un matériau musical soigné. A ce titre, le mouvement lent “Andante. Feierlich, etwas bewegt” est superbe.
Mais le triomphateur de cette lecture, c’est les Bamberger Symphoniker ! La phalange bavaroise présente une sonorité qui se distingue par le velouté et l'ombré de ses pupitres tant chez les cordes que chez les vents. Ce son moelleux convient parfaitement à cette musique et Christoph Eschenbach affine ce rendu plastique avec passion. Loin de la standardisation du son, ces pupitres ravissent l’oreille par cette singularité inspirante.
La prise de son est au rendez-vous pour faire de cet album un grand moment de musique orchestrale pour rendre justice à cette partition injustement sous-estimée dans l’art de son auteur.
Son : 10 Notice : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot