Concerts de prestige au Festival International de Colmar
Pour sa troisième année à la direction artistique du Festival International de Colmar, Alain Altinoglu continue d’attirer les plus grands artistes et les ensembles les plus prestigieux. Lors de cette édition 2025 nous pouvons notamment citer Gautier Capuçon, Bertrand Chamayou et Yuja Wang, ou encore le Mahler Chamber Orchestra et les Belgian Brass. Comme on ne change pas une formule à succès, deux à trois concerts sont proposés chaque jour, faisant la part belle aux jeunes artistes, aux ensembles de musique de chambre installés et aux plus grandes stars internationales.
Ce 9 juillet, nous avons pu assister à deux magnifiques concerts. Le premier, à 18h, fut assuré par Anastasya Terenkova au piano et Georgi Anichenko au violoncelle. Ils nous ont proposé un programme retraçant l’évolution de l’écriture pour leur formation. Nous avons ainsi pu entendre la Sonate pour violoncelle et piano de Claude Debussy, la Fantasiestücke Op.73 de Robert Schumann, les Sept Variations sur le thème “Bei Männern, welche Liebe fühlen” de La flûte enchantée, en mi bémol majeur, WoO 46 de Beethoven ainsi que la Sonate pour violoncelle et piano en la mineur, Op.36 d’Edvard Grieg. Georgi Anichenko a livré une prestation exceptionnelle, usant de toutes les ressources de son instrument pour donner vie à ces magnifiques pièces. La finesse déployée dans son Beethoven, le déchirement ressenti dans son interprétation du premier mouvement de Grieg et l’énergie palpable tout au long du concert furent un véritable régal. Anastasya Terenkova a quant à elle livré une prestation légèrement plus contrastée. Nous avons parfois manqué de matière, notamment dans le Debussy, où elle a plus pris un rôle d’accompagnatrice que de chambriste. Malgré tout, la douceur de son jeu et sa palette de nuances piano furent le terreau de moments tout simplement magiques. En bis, nous avons pu entendre le mouvement lent d’une sonate de Jean-Sébastien Bach.
Pour clôturer cette journée, nous avons eu la chance d’entendre la soliste internationale Yuja Wang, accompagnée par le Mahler Chamber Orchestra. Devant initialement jouer le Concerto pour piano No.4 Op.56 de Nikolai Kapustin, la pianiste aurait été tellement inspirée par l'Église Saint-Matthieu de Colmar, où se déroule les concerts du soir, qu’elle aurait demandé un changement de programme pour interpréter le Concerto No.2 en fa mineur Op.21 de Chopin. Le reste du programme n’a pas subi de changement. Nous avons donc tout d’abord pu entendre Coriolan (Ouverture) de Beethoven. Le Mahler Chamber Orchestra, dirigé par son premier violon, nous a livré une prestation éblouissante de puissance et de précision. L’interprétation de l’orchestre donna vie à la tragédie d’Heinrich Joseph von Collin et nous plongea au beau milieu de l’intrigue. Lors de prestations d’une telle qualité, de minuscules détails peuvent parfois prendre beaucoup d’importance. Nous pouvons donc déplorer le choix des baguettes du timbalier par rapport à l’acoustique de l’église, créant parfois un manque de définition et de netteté dans l’ensemble. Le programme s’est donc poursuivi avec le Concerto No.2 de Chopin dans lequel Yuja Wang a brillé par sa virtuosité et sa puissance, mais aussi sa capacité à rendre des passages plus simples, exceptionnels, notamment dans le deuxième mouvement. Dans la deuxième partie, nous avons pu entendre une interprétation pleine d’esprit et tout en légèreté de l’Octuor pour instruments à vents d’Igor Stravinsky ainsi qu’une magnifique interprétation du Concerto pour piano No.1 en si bémol mineur, Op.23 de Tchaïkovski. En bis, Yuja Wang a interprété une œuvre de Sibelius ainsi qu’une Mélodie d’Orfeo ed Euridice de Gluck.
Festival International de Colmar, le 9 juillet 2025.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Crédits photographiques : FIC - Bertrand Schmitt