Cyril Huvé, discours beethovénien et théâtre des notes 

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Fortepiano Sonatas. Sonates pour piano n°8 “Sonate pathétique” en ut mineur, Op.13 ; n°14 “Clair de Lune” en ut dièse mineur, Op.27, n°3 ; n°17 “Tempête” en ré mineur, Op.51 n°2 ; n°21 “Waldstein” en Ut majeur, Op.55 : n°23 “Appassionata” en fa mineur, Op.57. Cyril Huvé, pianoforte. 2020. Livret en allemand et anglais. 57’52 et 51’28. 1 coffret de 2 CD Calliope. CAL 2084. 

L’exigeant Cyril Huvé dont témoigne une discographie réfléchie et toujours riche en plus-values éditoriales, nous propose un album Beethoven qui se distingue dans le flot des parutions : une sélection de cinq des plus célèbres sonates de Beethoven.

La particularité de ce voyage musical à travers ces immenses chefs d’oeuvres du Grand sourd est qu’il se développe sur trois pianoforte différents, réalisés par trois facteurs différents : un Mathias Müller de 1810, un Conrad Graf de 1827 (qui sont issus de la collection d’Edwin Beunk) et un pianoforte de Johannes Schanz de 1818 propriété de Cyril Huvé. 

Dans l’interview qu’il nous accorde, le musicien nous précise sa démarche interprétative dont on retient l’importance du discours. Mais au fil de ce voyage, on note la hauteur de vue de Cyril Huvé qui crée un univers à la mesure des couleurs de ces instruments. L’artiste prend des tempi assez allants qui font briller les dynamiques et lui permettent de narrer des histoires profondes, saynètes suggestives qui composent un théâtre des notes se détachant de la puissance des partitions. On ne sent pas une volonté de démontrer à tout prix (défaut souvent rédhibitoires sous les doigts de pianofortistes qui veulent “urtetxtiser à outrance le discours), et les images d’univers évocateurs se succèdent à l’écoute de ces sonates. Beethoven peut ainsi être objectif et subjectif avec un imaginaire poétique. La superbe prise de son nous fait entrer au cœur de ce dialogue entre un artiste des instruments dont toutes les saveurs sont ainsi perceptibles : profondeur, richesse des timbres, éclat des dynamiques... 

De la discographie beethovenienne de l’artiste, on reécoutera attentivement l’intégrale des Sonates pour violon et piano en compagnie de Jorja Fleezanis pour nos compatriotes de Cyprès.

Un maître-disque auquel on reviendra ! 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10 

Pierre-Jean Tribot 

Cyril Huvé, à propos de Beethoven 

 

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