G.C. Wagenseil, réédition de florilèges concertants au crépuscule de la Vienne des Habsbourg

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Georg Christoph Wagenseil (1715-1777) : Concerto pour hautbois, basson, vents, cordes et basse continue en mi bémol majeur WV 345. Concerto pour harpe et cordes en fa majeur WV 281. Double Concerto pour pianoforte, violon et cordes en la majeur WV 325. Concerto pour flûte, cordes et basse continue en ré majeur WV 342. Echo du Danube, Alexander Weimann, pianoforte, clavecin, direction. Johann Seitz, harpe. Martin Sandhoff, flûte traversière. Susanne Regel, hautbois. Rainer Johannsen, basson. Florian Deuter, violon. Juillet 2007. // Concertos pour orgue no 2 en ut majeur, no 3 en fa majeur, no 5 en sol majeur, no 6 en la majeur WV 255, 302, 308, 330. Elisabeth Ullmann, orgue. Piccolo Concerto Wien, Roberto Sensi, violone, direction. Uli Engel, Johann Gamerith, violon. Peter Trefflinger, violoncelle. Hubert Hoffmann, archiluth. Petra Gamweger, basson. Johannes Bogner, clavecin. Septembre 2002 ; 2007 (réédition). Livret en anglais, français, allemand. Deux CDs 68’59’’ + 64’08’’. Accent ACC 24410

Né et mort à Vienne, Georg Christoph Wagenseil prit des leçons de clavier, d’orgue auprès de Matteo Palotta, de Gottlieb Muffat, étudia l’écriture musicale auprès du célèbre Kapellmeister Johann Joseph Fux. Preuve de la précocité de son talent, il se distingua comme compositeur et pédagogue à la cour impériale dès 1738, avant d’y être rétribué comme maître de piano en 1749. Sa virtuosité au clavecin fut vantée par ses contemporains. Outre son œuvre dramatique, fécondée par son séjour en Italie, outre son catalogue chambriste et soliste, on lui doit une abondante production orchestrale et instrumentale, dont une centaine de symphonies, et autant de concertos, essentiellement pour clavier. Même si elle ne relègue pas Wagenseil, la discographie est loin d’avoir tout exploré de cet important témoin d’une époque charnière, dans le cénacle de Marie-Thérèse de Habsbourg.

Dans le cadre de l’Empfindsamkeit se décline un creuset de vermischter Stil en transition vers le classicisme. Sens de la structure, précision et élégance du dessin délicatement ornementé dans le goût français, s’expriment avec une verve latine, mais aussi cantabile dans de riches mouvements lents. Ainsi le long Andante du WV 281, ici joué dans sa mouture pour harpe, finement ciselée par Johann Seitz : magnifique interprétation pour ce qui reste une des œuvres les plus enregistrées de l’auteur. Des alternatives instrumentales sont possibles, comme le WV 325 pour clavecin ou pianoforte, en duo avec le violon. D’autres opus mettent en valeur la flûte, instrument qui s’affirmait à l’heure galante.

Tandis que le WV 345, invitant cors et trompettes, peut s’entendre tantôt comme Sinfonia ou double concerto pour hautbois et basson : il avait déjà été enregistré par Michel Piguet et Walter Stiftner autour d’Eduard Melkus, dans un vinyle de la didactique série Westeuropa Zwischen Barock Und Rokoko (Archiv Produktion, 1970). Mené par Alexander Weimann, l’ensemble Echo du Danube fournissait là un parfait écrin aux impeccables contributions solistes, dans ce CD capté à Cologne et initialement sorti en 2007.

D’abord paru sous label Symphonia en 2002, le second disque du digipack rassemble quatre des six concertos « for the harpsichord or the organ » publiés à Londres au début des années 1760. Un recueil entre Rococo et préclassicisme, peu contrapuntique, où la main droite assure la veine mélodique, et où la danse est courtisée par le Tempo di Minuetto. En 1996, sous étiquette Ebs, Stefan Johannes Bleicher et le Kammerorchester Pforzheim s’étaient déjà penchés sur un panel de concertos annoncé comme premier enregistrement.

À la frontière hongroise, la petite cité viticole de Rust (reconnue Freistatdt en 1681 par Leopold Ier) prêta l’orgue de son église luthérienne pour ces sessions qui bénéficient d’une large acoustique et d’une perspective très ouverte. Elisabeth Ullmann façonne les humeurs avec tact et opulence, même si on la souhaiterait encore plus volubile et pétillante dans les Allegros. De son violone, Roberto Sensi articule un accompagnement clair : les deux violons et le continuo de son équipe viennoise exploitent un heureux contraste de textures avec les sonorités melliflues de la console. On dit que Mozart joua en public ces pages d’un compositeur qu’il affectionnait et dont le présent double-album offre un séduisant aperçu.

Christophe Steyne

Son : 9 – Livret : 8,5 – Répertoire : 8 à 9 – Interprétation : 9

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