Hélène Grimaud, triomphale  à Monte-Carlo 

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L'Auditorium Rainier III de Monte-Carlo est comble pour la venue de la superstar Hélène Grimaud. Sa présence en Europe coïncide avec la promotion de son ouvrage Renaître pour lequel la pianiste est omniprésente dans les médias. 

Pour ce concert monégasque, elle propose l’un de ses chevaux de bataille, le Concerto n°1 de Brahms, une partition qui l’accompagne depuis des années et dont elle connaît les moindres recoins à la perfection.  Sa lecture convoque la beauté, la perfection et le sublime. Les dissonances du piano sonnent comme des pleurs, comme un gémissement de ne pas avoir d'être cher. Son âme est ici exposée. Intense création musicale romantique d'une artiste unique aux multiples facettes, qui continue de repousser les frontières créatives. 

Hélène Grimaud est l'une des rares artistes à conquérir les dimensions monumentales de l'épopée pianistique. Ferme, ouvragé, sculpté avec un souci du détail qui ne sacrifie jamais la grande ligne. Impossible d'être plus fidèle à l'esprit de Brahms, et au génie de sa musique.  Elle excelle de bout en bout avec un engagement, un souffle et une technique sans faille qui ne heurte jamais le piano, ou ne l'effleure avec délicatesse et, aux passages exigeant la force, elle utilise suffisamment de puissance lâchée et déchaînée pour maintenir ses mélodies et ses harmonies dominantes.

Le chef d'orchestre chinois Lio Kuokman  accompagne Hélène Grimaud à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo avec une merveilleuse synchronicité et musicalité. Après plusieurs rappels triomphaux Hélène Grimaud nous offre en bis une Bagatelle du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov. Le rejet du modernisme par Silvestrov se rapproche de la simplicité atavique, de la sentimentalité pop et de l'esthétique New Age. On est proche des compositions d'Arvo Pärt et de John Taverner. La toujours redoutable Hélène Grimaud essore chaque goutte de cette Bagatelle, comme pour exprimer la tristesse du monde entier face à la guerre en Ukraine.

Le public monégasque a découvert le chef Lio Kuokman lors de la finale des World Masters, où il a remplacé au pied levé le chef d'orchestre souffrant. Il propose ici la Suite de ballet de Petrouchka de Stravinsky, une œuvre étourdissante. Kuokman tire de l'orchestre toutes les couleurs magiques et les rythmes effrénés. Chaque groupe des instruments de l'orchestre, les flûtes, les cors, le solo de trompette sont mirobolants. Lio Kuokman a une gestique élégante et efficace, il électrise le public.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 29 octobre 2023

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Emma Dantec

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