La Russie revendique "son" Rachmaninov

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Un différend international a surgi le mois dernier lorsque la Russie a annoncé son intention de récupérer la dépouille de Serge Rachmaninov d'un cimetière à Valhalla, NY. Le ministre de la culture russe, Vladimir Medinsky, a affirmé que les Américains avaient négligé la tombe du compositeur tout en essayant de «privatiser sans vergogne" son nom. Mais les descendants de Rachmaninov ont rechigné à l'idée de déplacer le corps, en soulignant qu'il est mort aux Etats-Unis après avoir passé des décennies en dehors de la Russie en exil politique auto-imposé.
Simon Morrison, professeur d'études de musique et slaves à l'Université de Princeton, a été approché par des responsables russes afin de trouver des preuves que le compositeur voulait être enterré dans son pays natal. "Rachmaninov n'a pas exprimé son désir d'être enterré où que ce soit, pour autant que je sache," dit Morrison. Tout ce qui pouvait trouver Morrison était un commentaire "désinvolte", cité dans une biographie, à propos de la de sa Villa Senar en Suisse. "Il a fait écrire une lettre à sa belle-sœur et son beau-frère dans laquelle il écrivait :« Si je dois mourir, alors ce ne serait pas un mauvais endroit pour être enterré » note Morrison.
Morrison dit qu'une délégation russe est venue aux États-Unis en 2014 afin d'obtenir une copie de la lettre de la Bibliothèque du Congrès. Cela a mené à une réunion entre les représentants de la Russie et le Département d'État des États-Unis à laquelle a assisté Morrison en tant que un témoin expert musicologique. En fin de compte, les pourparlers sont tombés à l'eau suite à l'intervention militaire russe en Crimée.
Welz Kauffman, président de la Fondation Serge Rachmaninov, dit que la question de la dépouille de Rachmaninov est étroitement liée aux efforts de la Russie pour l'achat de la Villa Senar. La Fondation soutient que toutes les décisions concernant la dépouille et les effets du compositeur doivent être faites en consultation avec tous les héritiers du compositeur (son arrière-arrière-petite-fille, Susan Sophia Volkonskaya-Wanamaker, a à plusieurs reprises rejeté l'idée d'inhumation).
En fin de compte, Morrison estime que l'affaire reflète un désir des politiciens russes de se réapproprier leur héritage culturel, qu'il relève de manuscrits dispersés ou de corps d'artistes morts depuis longtemps. Ceci, dit-il "fait partie d'un effort plus large visant à rétablir la culture impériale de retour en Russie."

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