L'Allemagne défend son patrimoine à la perfection

par

Engelbert HUMPERDINCK (1854-1921)
Hänsel und Gretel
S.Shigeshima (Hänsel), E.Wimmer (Gretel), U.Schenker-Primus (Père), R.Teem (Mère), A.Günther (la Sorcière), C.Maier (le Marchand de sable), H.Park (la Fée-Rosée), Schola Cantorum Weimar, Staatskapelle Weimar, dir. : Martin HOFF
2014-2CD- DDD - 57'26 et 40' 56''- Textes de présentation en anglais, allemand et français- chanté en allemand-MDG 909 1837-6
Créé à Weimar en 1893 sous la direction de Richard Strauss, ce "conte de fée" a connu un succès immédiat, jamais démenti. Succès tout à fait compréhensible : intrigue connue et émouvante, musique accessible et raffinée, mélodies immédiates. Quintessence aussi d'un certain esprit germanique, peut-être jamais aussi bien défini.  Il n'est donc pas étonnant d'en trouver de nombreux enregistements signés des baguettes les plus brillantes, telles Cluytens, Karajan, Solti ou Colin Davis. L'oeuvre est charmante, il faut l'avouer, et il était bon d'en recevoir une nouvelle version. D'autant plus qu'elle recèle de nombreuses qualités musicales. La Staatskapelle Weimar a beau n'être pas la phalange allemande la plus illustre, elle livre ici un travail remarquable : le prélude de l'acte II ou la si touchante danse des anges à la fin du même acte en témoigne à suffisance. Voilà ce que la province allemande peut accomplir, avec art et sans suffisance, sous la direction d'un  chef qui pourrait rappeler un Wolfgang Sawallisch. Côté chanteurs, même sans aucun nom de stars, l'auditeur est comblé. Les frère et soeur de Sigheshima et de Wimmer sont adorables, et parfaits dans leurs personnages enfantins. La maman Gertrude est digne, et le père Peter est un baryton plus clair que d'habitude, et bien claironnant dans son amusant Tralalalala d'entrée. Les deux petits rôles du Marchand de sable et de la Fée rosée sont bien tenus, particulièrement ce dernier, par la soprano coréenne colorature Hyunjin Park, toute récente lauréate du Concours Reine Elisabeth. Il est à noter que le rôle capital de la Sorcière, pivot du troisième acte, est chanté par un ténor et non par une mezzo. Alexander Günther a été Donner et Günther, mais pourrait être un excellent Mime aussi. Sa sorcière est lyrique et bien chantante. Les choeurs se joignent à tous pour un finale bref mais exaltant. Une bien belle version d'un opéra qui ravira toujours.
Bruno Peeters
Son 9 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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