Kavakos,Wang et Brahms : une compréhension sans faille !

par

JOKERJohannes Brahms (1833-1897) : Scherzo en do mineur, WoO 2, intégrale des Sonates pour violon et piano, Wiegenlied op. 49 n°4
Leonidas Kavakos, violon – Yuja Wang, piano
2014-DDD-76’42’’-Texte de présentation en anglais, français et allemand-Decca-4786442DH
Leonidas Kavakos et Yuja Wang nous reviennent dans une intégrale des Sonates pour piano et violon de Brahms et quelques pièces annexes. Le mariage Wang et Kavakos nous laissait perplexe et pourtant, il livre ici une magnifique lecture de ces œuvres redoutables. Génie de la structure musicale et de son acheminement, Brahms écrit sa Première sonate (à l’image de ses Concerti pour pianos) près de 25 ans après la Sonate F.A.E. Il ne s’agit pas ici de simple virtuosité mais bien d’un parcours harmonique et formel complexe où se lient couleurs, images et émotion. Comment souvent, les œuvres de Brahms s’apparentent à d’autres : La Sonate n°1 avec la Symphonie n°2, la Sonate n°2 avec le lied « Komm bald »… Car les sonates de Brahms sont d’une envergure telle que leur compréhension mélodique ne suffit pas. A l’image du Premier concerto pour piano, la forme sonate est très souvent transformée au point de ne plus la reconnaître. Pourtant, ce langage nous paraît, à première vue, d’une simplicité limpide. Encore faut-il avoir conscience de la partition et de son architecture si complexe. En conclusion, les deux artistes proposent un arrangement de Lenehan du Wiegenlied, si populaire. L’œuvre de Brahms, contrairement à ce qu’il aurait pu croire, en a perturbé plus d’un et a surtout contribué à l’émergence de styles nouveaux. Le travail sur la tonalité, que des Strauss ou Wagner transformeront dans tous les sens, est déjà lancé. Dans la version Kavakos/Wang, la parfaite compréhension de l’œuvre nous étonne, on ne s’y attendait pas. Il s’y découle une parfaite entente entre les deux artistes, un dialogue permanent et un enregistrement idéal. La finesse et le caractère aérien du premier mouvement de la Sonate n°1 nous surprend : aucune virtuosité maladroite, plutôt des accents expressifs sur les harmonies importantes. Même chose pour le dernier mouvement où, curieusement, le tempo n’est pas si rapide permettant ainsi un caractère intimiste dans un caractère nerveux. Violon pur, sans exagération et vulgarité. Le vibrato sans complication convient parfaitement à l’accompagnement expressif et vivant de Yuja Wang. Belle énergie commune dans chaque œuvre, principalement dans la dernière sonate où le panache du troisième mouvement répond avec justesse à l’Allegro si affligé. Le Scherzo en do mineur affiche ici une belle entrée en matière, une introduction démontrant toutes les capacités des deux artistes. Voilà un Brahms compris, imagé dont le respect de la partition offre une musique exacte. A découvrir !
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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