Le Belgian National Orchestra au fil des temps

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Pour ce concert de dimanche après-midi, le Belgian National Orchestra, sous la direction de Roberto González-Monjas, l’un des chefs de son équipe artistique proposait un programme contrasté et inspirant qui a drainé un public novice et enthousiaste.

Le concert débutait par Ascension de la compositrice suédoise Andrea Tarrodi. Il s’agit d’un concerto pour orchestre créé en 2015. La partition remplit le cahier des charges de ce type d'œuvre en mettant en avant les pupitres : les atmosphères sont éthérées et la motorique se communique d’instruments en instruments, de glissandi en glissandi et de nuances en nuances. On relève particulièrement des climax houleux qui galvanisent les dynamiques. C’est assurément bien écrit et cela sonne agréablement : une partition parfaite pour une ouverture de concert.      

La présence du magistral Kirill Gerstein était l’un des arguments programmatiques de ce concert. Le virtuose proposait le plutôt rare Concerto pour piano n°3 de Béla Bartók, oeuvre fascinante par son étrangeté d’un ton presque mozartien d’une conversation en musique. Son second mouvement, très naturaliste avec son évocation de la nature dans une pureté digne d’un Bach, est l’un des plus grands moments de musique. Kirill Gerstein propose une lecture juste, aérée, limpide, translucide même parfois mais sans perdre de vue la pâte nécessaire pour faire ressortir la force impactante du dernier mouvement. Le toucher multiplie les couleurs et les angles avec un sens confondant des dynamiques. Le Belgian National Orchestra est au niveau de son pianiste avec une attention à la palette des tons, saluons la prestation des pupitres de vents (en particulier les hautbois et les clarinettes) sous la conduite attentive Roberto González-Monjas. Kirill Gerstein offre en bis l'Étude n°5 György Ligeti, comme irréelle d’un temps suspendu. 

En conclusion de ce concert, le tube des tubes : la Symphonie n°5 de Beethoven. Roberto González-Monjas en livre une interprétation énergique et conquérante mais jamais raide ou démonstrative. Sa battue souligne le dialogue des pupitres avec encore des vents très en verve (mention particulière pour les deux bassonistes). L'enthousiasme est communicatif et tous les pupitres du BNO fusionnent avec éclat dans un final porté par un souffle dramatique. On salue ici tant les individualités que la sonorité d’ensemble puissante et séduisante.

Un excellent concert, encore un, d’un Belgian National Orchestra en grande forme, superbement mené au fil de ces partitions par un Roberto González-Monjas avec qui l’entente est complète. 

Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 17 décembre 2023

Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : Marco Borggreve

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